La pinasse est un moyen de transport artisanal utilisé par de nombreux Abidjanais pour leur mobilité. Selon un rapport de la Banque Mondiale publié en 2017, ces embarcations transportent 55% des passagers contre 45% des usagers de la Sotra et des autres compagnies, sur la lagune. Cette tendance est loin de s’inverser.
L’État ivoirien a signé une convention de concession avec deux compagnies dans le trafic lagunaire : la Compagnie Ivoirienne de Transports Lagunaires (Citrans) dont la marque commerciale est Aqualines, depuis 2015, et la Société de Transport Lagunaire (STL), en 2017. Ainsi, l’Etat casse le monopole de la Société des Transports Abidjanais (SOTRA), qui détenait l’exclusivité du trafic lagunaire, depuis 1980. La STL est créditée de 17.000 passagers par jour, selon l’Autorité de la Mobilité Urbaine du Grand Abidjan (Amuga). Pour ce qui est de la compagnie Citrans, elle transporte 12.000 voyageurs, contre 35.000 pour la Sotra.
Pour sa part, la direction de la Société Coopérative de l’Union des Transports Lagunaires de Côte d’Ivoire avec Conseil d’Administration (Scoop Utlci-Ca) avance plus de 100.000 passagers transportés au quotidien par ses 110 pinasses régulièrement enregistrées. «Nos pinasses sont organisées en 6 secteurs et 24 destinations qu’elles desservent chaque jour, notamment Koumassi, Cocody, Port-Bouët, Vridi, Abobo-Doumé, Lokodjro », précise Vital Konan. Lui emboîtant le pas, Monni Aka, le PCA de Scoop Utlci-Ca, ajoute que l’avantage avec les pinasses privées, c’est que la marchandise de la clientèle n’y est pas facturée. Sur la ligne Koumassi 32 à destination de M’Pouto, dans la commune de Cocody, les passagers des pinasses ne manquent pas d’arguments pour justifier leur choix. Ballet Pépé Laurent soutient qu’il opte pour la pinasse parce que la tarification de 100f le trajet est à portée de sa bourse, contrairement à l’entreprise concurrente qui facture le même tronçon à 300 FCFA. Quant à Inès Yacé, étudiante en deuxième année de Logistique à Cours Loko, à Marcory, elle invoque la rapidité des pinasses. Ce qui la met à l’abri de nombreux embouteillages qui perturbent le trafic urbain à Abidjan. Sery Jean-Hervé, conducteur de pinasse sur cette ligne, fait observer que les pinasses sont empruntées par toutes les couches sociales: élèves, étudiants, fonctionnaires, ouvriers, commerçantes… Le PCA Monni Aka donne d’autres indications: « Nos pinasses réalisent au total 15 millions de francs CFA de chiffres d’affaires par jour. Mais nous mettons 8 à 9 millions de nos gains journaliers dans l’achat du carburant». La direction de la Soop Utlci-Ca projette d’améliorer ses prestations en construisant ses pinasses désormais en polyester et les dotant de gilets de sauvetage. Elle fait savoir que les propriétaires de pinasses privées sont en concertation avec Amuga en vue de sécuriser et moderniser leurs bateaux voire les aider à intégrer l’écosystème des transports.
