Le malaise d’Evan Ndicka, en plein match de championnat d’Italie, a finalement fait plus de peur que de mal. Mais il ne reste pas moins que beaucoup s’interrogent sur ces brusques pertes de connaissance qui ont déjà coûté la vie à plus de 100 footballeurs à travers le monde.
Le match comptant pour la 32e journée du championnat d’Italie entre l’As Roma et Udinese n’est pas allé à son terme, le dimanche 14 avril dernier. Et pour cause : le défenseur de l’As Roma, l’Ivoirien Evan Ndicka s’est effondré à la 70e minute. Un malaise qui a fait frissonner le monde du football. Si le joueur s’en est remis, il n’en demeure pas moins que ce malaise a fait ressurgir les vieux et dramatiques souvenirs qui ont endeuillé le football : Marc Vivien Foé le 26 juin 2003, Cheick Ismaël Tioté, le 5 juin 2017 et Moustapha Sylla du Racing Club d’Abidjan le dimanche 5 mars 2023.
Pour tenter de comprendre ces malaises, nous avons échangé avec docteur Osman Cherif, Médecin Urgentiste, Réanimateur, mais surtout Médecin du football. Selon notre interlocuteur, « plusieurs causes peuvent expliquer ces malaises. On peut citer la grosse activité de surcharge cardiaque. Si certains footballeurs peuvent supporter l’intensité dans l’effort, d’autres craquent ».
Certains joueurs « ont des anomalies cardiaques depuis leur naissance qu’on ne peut pas détecter par les examens médicaux, explique encore notre interlocuteur. Ça a été le cas de Marc Vivien Foé qui avait une hypertrophie cardiaque avec une partie du cœur qui était plus grosse que l’autre ».
À en croire le spécialiste, c’est ce cas qui a emmené la Fédération internationale de football association (FIFA) à exiger une analyse cardiaque. Car jusque-là, ce n’était que l’électrocardiogramme (ECG), un examen non- approfondi, qui était recommandé. Le médecin du football révèle qu’il y a d’autres facteurs : « Il y a la déshydratation sévère due à un trop-plein d’effort. Aussi, il y a la surchauffe du corps. Des footballeurs qui quittent un climat froid pour un autre plus chaud ne sont pas à l’abri d’une dangereuse surchauffe du corps ». S’exprimant sur le malaise d’Evan Ndicka, Dr Osman Chérif a donné une piste : « Quand on regarde la façon dont il s’est tenu le thorax avant de s’effondrer, il pourrait s’agir d’une trop grande intensité dans l’effort. Le corps est comme une machine qui peut tomber en panne. Le footballeur Ndicka s’est effondré à la 70e minute. Une période de jeu souvent difficile pour les footballeurs ».
A la question de savoir comment prévenir de tels malaises chez les footballeurs, le médecin conseille de « faire des examens médicaux réguliers en début de saison, à mi-saison et en fin de saison. Le surentraînement est l’une des principales causes de malaises cardiaques. Il y a donc la surveillance à faire à ce niveau. Comme moyens de prévention, il faudrait surveiller que les joueurs ne consomment pas les substances interdites (Ndlr : les drogues et autres produits dopants)». Pour le spécialiste, il revient aux staffs de ces équipes de football de veiller sur l’alimentation de leurs joueurs. Le médecin-réanimateur conseille aux joueurs des échauffements et étirements appropriés, avant le match, pour éviter des chocs thermiques qui pourraient entraîner un malaise chez le footballeur. Pour terminer, Dr. Cherif Osman rappelle qu’il y a « malheureusement une partie qu’on ne peut pas prévenir. Cela est dû à l’aspect génétique ». Le spécialiste révèle l’existence « de maladies qu’on ne peut pas détecter pendant des examens et qui surviennent brutalement sans qu’on n’ait pu les prévenir. Ça a été le cas du footballeur Cheick Tioté ».
Rappelons que de 1990 à nos jours, ce sont 110 footballeurs dans le monde qui ont perdu la vie, en plein match de football. Ce sombre tableau présente 23 Africains dont trois Ivoiriens que sont Cheick Ismaël Tioté, Jaber Khalil David et Moustapha Sylla.
