27 C
Abidjan
lundi 13 mai 2024
AccueilINTERSahel : Ces artistes « engagés » qui soutiennent les putschistes.

Sahel : Ces artistes « engagés » qui soutiennent les putschistes.

Les présidents de transition-Assimi Goïta et Ibrahim Traoré-ont vu les couloirs de leurs palais présidentiels de Koulouba à Bamako et de Kosyam à Ouagadougou, arpentés par les artistes « engagés » que sont le Malien Salif Keita et le reggae-maker ivoirien,Tiken Jah Fakoly.

Salif Keita, qui a été reçu le 9 décembre 2023 par le chef de la junte burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a été nommé par le président Goïta comme son conseiller spécial à la présidence malienne.

Salif Keïta avait été très critique du régime du président Ibrahim Boubacar Keïta, notamment pour sa gestion de la crise sécuritaire dans son pays. Dans l’une de ses vidéos, postée sur Facebook en novembre 2019, la star malienne invitait même IBK à la démission : « si tu ne peux pas gérer ce pays, quitte le pouvoir… ». Plus tard, Salif Keïta appellera publiquement les Maliens à se joindre à la manifestation du 10 juillet 2020, organisée par le Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), pour réclamer la démission du président IBK.

Salif Keita passe pour un soutien inconditionnel des régimes putschistes

De son côté, Tiken Jah Fakoly a félicité le capitaine Ibrahim Traoré le 22 décembre 2023 au palais présidentiel de Ouagadougou, lors d’une audience que ce dernier lui a accordée. « Le combat du président Traoré, c’est un combat pour l’Afrique. On ne peut que le féliciter et lui souhaiter beaucoup de courage », a déclaré l’artiste, à sa sortie d’audience. Dans son pays, Tiken Jah est connu pour avoir dénoncé, à travers plusieurs chansons, les dérives autocratiques des pouvoirs des présidents Bédié, Guéï, puis Gbagbo. Il fut contraint à plus d’une décennie d’exil, sous Laurent Gbagbo.

Tiken Jah avec le Capitaine Traoré en décembre au palais présidentiel burkinabé

Les deux stars africaines et internationales sont connues pour avoir dénoncé l’arbitraire et les injustices commises par les dirigeants en place dans leurs pays et aussi dans d’autres pays sur le continent. Leurs prises de positions dans un passé récent contre les pouvoirs qui se complaisaient dans la mauvaise gouvernance et les atteintes aux principes démocratiques en ont fait des combattants des causes justes aux yeux de l’opinion publique.

Les observateurs restent donc dubitatifs sur l’engagement de ces artistes pour les régimes putschistes du Mali et du Burkina Faso, sous lesquels de graves violations des droits de l’homme sont commises, comme en témoignent les nombreux rapports d’organisations nationales et internationales des droits humains.

Invité de l’émission le « Fauteuil blanc » de la télévision privée burkinabé BF1, Tiken Jah avait toutefois évoqué les arrestations de leaders d’opinion et les atteintes portées contre la liberté d’expression au Mali, au Niger et au Burkina, les trois pays dirigés par des juntes militaires ; des brimades qu’il a affirmé « condamner ».

Au Burkina Faso comme au Mali, de nombreux leaders d’opinion, des hommes politiques, des journalistes et des activistes sont arrêtés et emprisonnés pour leurs opinions. Au Mali par exemple, l’animateur radio et militant associatif Ras Bath est détenu depuis des mois pour « association de malfaiteurs », « atteinte au crédit de l’État » et « crime à caractère raciste et religieux ». Les activistes Clément Dembélé, Adama Diarra dit « Ben le cerveau », Rokia Doumbia surnommée « Tata vie chère », de même que plusieurs imams sont actuellement emprisonnés pour des délits d’opinion.

Au Burkina Faso, plusieurs citoyens jugés critiques à l’égard du régime de transition sont réquisitionnés ou enlevés de force par des militaires ou des policiers. Ces personnes sont ensuite enrôlées de force comme Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) et envoyées combattre au front. Douze personnes, dont des journalistes, des syndicalistes, des leaders associatifs, des responsables politiques et autres, avaient été réquisitionnées par l’Etat-major général de l’armée pour 4 mois, du 07 novembre au 06 février 2024. Dr Ablassé Ouédraogo, ex-chef de la diplomatie burkinabè, et ancien directeur adjoint de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) fait partie des cas qui interpellent. Le responsable politique de 70 ans a été interpellé le 24 décembre 2023 dans la capitale burkinabé, à son domicile, dans le quartier Ouaga 2000. Selon plusieurs sources concordantes, il séjournerait au camp militaire de la ville de Kaya, à 100 kilomètres de la capitale, Ouagadougou, dans la région du Centre-Nord.

Bachir Rayan TOURE

Articles Similaires
spot_img

Articles Populaires

commentaires recents