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samedi 11 mai 2024
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MALI : La mort programmée de l’Accord de Paix d’Alger

Dans son discours du nouvel an, le président de la Transition du Mali, Assimi Goïta, semble avoir définitivement scellé le sort de l’Accord d’Alger, qui avait mis fin au conflit entre Bamako et les groupes sécessionnistes du Nord. « J’ai pris l’option de privilégier l’appropriation nationale du processus de paix en donnant toutes ses chances au dialogue direct inter – maliens pour la paix et la réconciliation nationale afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires”, a déclaré le chef de la transition, dans son discours du nouvel an, le 31 décembre 2023. Cette annonce d’un dialogue inter-maliens qui pourrait se tenir les deux prochains mois, sonne le deuil de l’Accord de 2015 signé entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord du Mali à Alger, sous l’égide de l’Algérie et sous le regard de la communauté internationale.

L’idée du président Goïta irrite les groupes rebelles touaregs qui l’ont rejeté catégoriquement. Réagissant à l’AFP (Agence France Presse), Mohamed Elmaouloud Ramadane, un porte-parole de l’ex-rébellion touarègue, a laissé entendre que « cette proposition est une façon de prononcer la caducité définitive de l’Accord et de mettre la médiation internationale à la porte ». M. Ramadane a, par ailleurs, rejeté les nouveaux pourparlers annoncés par le colonel Goïta :« nous ne sommes pas prêts à prendre part à un processus de paix qui ne sera qu’un simulacre ».

Ces derniers mois, l’Accord avait suffisamment été mis à mal par le gouvernement malien de transition, à travers sa décision unilatérale de mettre fin à la présence de la communauté internationale et des forces militaires étrangères intervenant au Mali, dans le cadre du règlement du conflit avec les groupes armés séparatistes du Nord.  La volonté d’une « appropriation nationale du processus de paix et de réconciliation » du président Goïta intervient également dans un contexte de crise diplomatique ayant fait monter la tension d’un cran, ces derniers jours, entre Alger et Bamako, provoquant le rappel, de part et d’autre, de leurs ambassadeurs. 

L’Accord de Paix d’Alger avait notamment permis : la cessation des hostilités entre les forces régulières et les groupes séparatistes du nord du Mali ; l’affirmation de l’unicité et de l’intégrité territoriale du Mali ; le maintien du caractère laïc de l’Etat ; l’organisation d’élections en 2018, etc. La mise entre parenthèses évidente de l’Accord consacre, de fait, le retour à la case départ, avec la reprise des hostilités entre les parties. Et le choix de la confrontation voulu par les autorités maliennes, à travers l’attaque et la prise du bastion touareg qu’est Kidal, expose aux risques d’un nouveau conflit ainsi qu’à la dégradation dangereuse de la situation sécuritaire d’un pays déjà en proie aux nombreuses attaques terroristes.

En rappel, l’Etat malien et son armée avaient été « chassés » du nord-Mali en 2014 par les groupes rebelles qui s’y sont installés, coupant le pays en deux avec pour objectif de créer l’Etat de l’AZAWAD. La médiation de l’Algérie avait permis d’aboutir à la signature de l’Accord d’Alger au mois d’août 2015, et tous les partenaires internationaux dont les Nations Unies, l’UE, l’UA, la CEDEAO, l’OCI (Organisation de la Conférence Islamique) se sont impliqués, en soutenant cet Accord pour ramener la paix au Mali.

Rayan Bachir TOURÉ

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