Nous apprenons l’intention de la junte d’arrêter deux très hauts magistrats maliens qui s’opposeraient, selon eux-mêmes, à la volonté des cinq colonels de réduire le pouvoir judiciaire en simple instrument au service des nouveaux maîtres.
Dans un communiqué signé de ce jour, 30 mai 2023, reçu à la rédaction de Le Tamtam Parleur, l’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants (AMPP) et la Référence Syndicale des Magistrats (REFSYMA) affirment que « des rumeurs persistantes font état des velléités des responsables de la cour suprême d’inculper et de placer sous mandat de dépôt, d’ici la semaine prochaine, Dramane DIARRA et Cheick Mohamed Chérif KONE dans une procédure imaginaire de déstabilisation ».
Ancien Procureur Général près la Cour Suprême, Cheick Mohamed Chérif KONE préside ces deux organisations de magistrats. Il est perçu actuellement par tous les observateurs comme l’un des magistrats les plus indépendants du Mali. Il s’est récemment prononcé contre le projet de révision de la constitution – dont il a dénoncé dans un communiqué – « l’inconstitutionnalité et l’illégalité » et affirmé que
ce projet de nouvelle constitution « met fondamentalement en cause l’indépendance de la magistrature dont la défense incombe à chaque magistrat ».
Le responsable du syndicat des magistrats demande plutôt aux militaires au pouvoir « de tenir leur engagement d’organiser l’élection présidentielle devant mettre fin à la transition d’ici quelques huit mois, pour éviterd’autres difficultés » au pays « déjà très éprouvé ».
Alors que le Mali, de l’avis de nombreux analystes, glisse progressivement et de manière irréversible vers une dictature militaire, Cheick Mohamed Chérif KONE est devenu une sorte de sentinelle qui se bat encore, pour préserver l’indépendance du pouvoir judiciaire.
D’après plusieurs sources diplomatiques à Bamako, avec lesquelles nous sommes entretenu, l’arrestation de ces magistrats constituerait un casus belli qui engendrerait de sérieuses conséquences pour le Mali de la part de ses partenaires internationaux.
M’bah Aboubakar
