Après la ferveur soulevée par la mise en œuvre du permis de conduire à points et de la vidéo verbalisation, dans le cadre du déploiement de la Stratégie Nationale pour la Sécurité Routière 2021-2025, les usagers continuent de payer un lourd tribut aux accidents de la circulation.
165 permis de conduire ont été retirés aux chauffeurs indélicats sur 183 dossiers traités, au premier trimestre 2023. C’est, du moins, ce qu’a indiqué la Commission technique spéciale de suspension et de retrait de permis de conduire, au sortir de sa session du jeudi 30 mars 2023. Au cours de la même séance, 135 chauffeurs ont été sanctionnés de manière ferme, avec 17 permis retirés, pour une durée allant au-delà de dix ans.
Le bilan de cette commission, chapeautée par le directeur de la Coordination des Transports terrestres et des Relations extérieures de la Direction Générale des Transports Terrestres et de la Circulation (DGTTC) au ministère des Transports, Etienne Kouakou, fait noter, en sus, que la ville d’Abidjan est la localité en tête des accidents avec 126 sur 183 accidents enregistrés. Concernant les voitures impliquées dans les accidents, les véhicules personnels occupent la première place, avec 22% contre 15%, respectivement pour les taxis-compteurs et les taxis-ville et 13% pour les mini-bus encore appelés « gbakas ».En ce qui concerne les causes des accidents, le bilan fait ressortir que 21 % de ces sinistres survenus sont dus à un défaut de maîtrise des véhicules, quand 20% sont dus aux excès de vitesse et 15% à l’imprudence des conducteurs. Des chiffres qui donnent froid dans le dos.
« Après les avoir entendus sur les circonstances des accidents et en s’appuyant sur le procès-verbal du constat, la commission a délibéré sur la responsabilité de chaque conducteur. Ainsi, les permis de conduire de 28 ont été sanctionnés de manière ferme, 08 ont vu leur permis sanctionné avec sursis et un permis a été restitué », a déclaré Kouakou Etienne. « Il est reproché aux chauffeurs la conduite imprudente, le non-respect de la distance de sécurité, la vitesse excessive, le changement de voie sans précaution, le non-respect du panneau stop, le dépassement dangereux et la conduite en état d’ivresse. Au vu de ces infractions, les sanctions qui s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre l’incivisme routier sont, pour les membres de la commission, un moyen d’éducation et de sensibilisation », a-t-il ajouté. Non sans inviter les chauffeurs et conducteurs routiers à la prudence et au respect des règles de la circulation sur les voies publiques.
Accidents en hausse
Le mois de mars s’est achevé, selon le Groupement des Sapeurs-Pompiers Militaires (GSPM), cité par nos confrères du « Journal d’Abidjan » avec 3.371 interventions au total, soit une moyenne journalière de 108 interventions. Les compagnies d’Abidjan ont fait respectivement 1328 interventions pour la 1re basée à l’Indenié, 621 pour la 4e (située à Yopougon) et 444 pour la 2e (sise en Zone 4). La compagnie de Bingerville a réalisé de son côté 216 interventions.
A l’intérieur du pays, la compagnie de Bouaké a exécuté 293 interventions, quand celle de Korhogo en enregistrait 221 interventions. Les compagnies de Yamoussoukro et N’Zianouan, sur la même période, faisaient respectivement état de 188 et 60 interventions. Toujours au chapitre des statistiques, les éléments du GSPM font remarquer que ce sont les communes d’Abobo et de Cocody qui enregistrent le plus grand nombre d’interventions. « Comparativement au mois de mars 2022 où 2669 interventions ont été faites, une hausse de 26,30% a été constatée. Les principales causes des interventions restent les accidents de la circulation qui constituent à eux seuls 78,32% des sorties. Déjà pour ce mois d’avril, le GSPM enregistre une centaine d’interventions avec le week-end pascal et au lendemain de la célébration de la nuit du destin, avec deux graves accidents qui se sont produits, le mardi 18 avril 2023, occasionnant 7 morts et 125 personnes blessées », indique le service de communication des soldats du feu.
Inverser (rapidement) la tendance
Ces chiffres traduisent de façon éloquente l’ampleur de la situation, quelques mois seulement après l’entrée en vigueur du permis à points et de la vidéo verbalisation – éléments névralgiques de la Stratégie Nationale pour la Sécurité Routière – censés faire changer les comportements des automobilistes sur les routes. Pour le gouvernement qui veut réduire le nombre de tués sur les routes de 25% à l’horizon 2025 et de 50% à l’horizon 2030, il urge de changer son fusil d’épaule pour atteindre ses objectifs.
Cela passe certes par une application stricte des dispositions de la Stratégie Nationale pour la Sécurité Routière 2021-2025 mais aussi et surtout par l’adhésion des usagers de la route qu’il faudra davantage sensibiliser sur le bien-fondé de ces mesures.
« La Stratégie Nationale de la Sécurité Routière 2021-2025 va aider à la réduction des accidents dont la plupart sont dus à l’incivisme et à l’indiscipline des conducteurs. Les actions combinées de sensibilisation et de répression régulières sont sans nul doute les véritables moyens d’éradiquer les comportements inciviques sur nos routes et d’atteindre les objectifs », avait relevé en début d’année le directeur de la Coordination des Transports terrestres et des Relations Extérieures de la Direction Générale des Transports Terrestres et de la Circulation au ministère des Transports, Étienne Kouakou.
M’Bah Aboubakar