L’Alliance des Etats du Sahel (AES), créée par les régimes putschistes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, le 16 septembre 2023, rêve d’avoir sa monnaie baptisée « Sahel », selon plusieurs médias.
Fin 2023, deux importantes réunions se sont tenues à Bamako, au Mali. Les ministres de l’Économie et des Finances de l’AES ont recommandé, le 25 novembre 2023, la mise en pace d’un comité chargé d’approfondir les réflexions sur les questions de l’union économique et monétaire et suggéré la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissements. Lesdites recommandations seront entérinées par leurs collègues des Affaires étrangères de l’AES, le 30 novembre 2023.
Mais l’aboutissement de ce projet relève encore du mythe car aucun acte pratique n’existe à ce jour, hormis les discours des autorités sahéliennes plus comparables à des professions de foi. Par ailleurs, de nombreux observateurs estiment que les Etats de l’AES n’ont pas la capacité de créer une monnaie crédible, après seulement 05 mois d’existence de l’alliance. Selon l’universitaire burkinabè, Pr. Mahamadou Diarra, du Centre d’étude et de recherche sur l’intégration économique en Afrique (CERIEA), « la création d’une monnaie unique à des pays ne se décrète pas. Cela nécessite plusieurs années pour que les conditions de sa viabilité soient réalisées avant sa création », (In Lefaso.net du 18 janvier 2024). La création d’une monnaie commune qui semble devenir la priorité des autorités de l’AES, pourrait, selon plusieurs observateurs, reléguer au second plan les principaux objectifs sécuritaires ayant motivé la formation de cette Alliance. L’article 2 de la charte dispose que : « l’objectif visé par la charte est d’établir une architecture de défense collective et une assistance mutuelle aux parties contractantes ». Et l’article 4 d’ajouter que « les parties contractantes s’engagent à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et la criminalité en bande organisée dans l’espace commun de l’alliance ».
Le projet de nouvelle monnaie est brandi comme la voie d’accès à la souveraineté et à l’indépendance politique et économique des pays de l’AES, alors que le Franc CFA est considéré par les dirigeants de l’Alliance du Sahel comme une devise inféodée à la France. Le débat sur la monnaie dans les Etats africains utilisateurs du franc CFA prend donc une nouvelle tournure avec ce projet de monnaie commune de l’AES. Les régimes militaires de l’AES sont hostiles à la France et leur ligne de conduite c’est de rompre avec l’ancienne métropole pour créer de nouveaux liens avec la Russie.
