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lundi 13 mai 2024
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Investissement:  94 milliards FCFA pour reboiser 20.000 hectares de forêts

Confrontée, ces dernières années, aux problématiques liées à la gestion de ses forêts, la Côte d’Ivoire a lancé la deuxième phase du Projet d’Investissement Forestier (PIF) pour sauver 19 forêts classées et 4 parcs nationaux et réserves.  

Cette deuxième phase du Projet d’Investissement Forestier (PIF) coûtera 148 millions de dollars – soit 94 milliards de FCFA – et sera exécutée sur la période 2022-2029. « De 16 millions d’hectares de forêts en 1900, nous sommes aujourd’hui à 2,97 millions d’hectares, soit moins de 10% du territoire national. Le gouvernement a pris l’engagement de porter la couverture forestière du pays à 6,5 millions d’hectares d’ici à 2030 soit 20% du territoire national », a indiqué Laurent Tchagba, le ministre des Eaux et Forêts, mercredi, 23 novembre 2022, au lancement du PIF2. Pour atteindre cet objectif, a-t-il embrayé, le gouvernement a pris des mesures fortes, dont la mise en œuvre d’un programme de reboisement intensif portant sur 20.000 hectares de forêts, sur une période de sept ans. Une initiative financée par la Banque mondiale et qui vise, à l’en croire, à la restauration du couvert forestier national. 

Pour le ministre des Eaux et Forêts, le PIF2, financé par le groupe de la Banque mondiale, s’exécutera sur sept ans. Il matérialise l’engagement du gouvernement à préserver et à réhabiliter les forêts ivoiriennes. Ce programme, selon le ministre Laurent Tchagba, permettra d’une part de conserver et d’augmenter le stock forestier, grâce au programme d’agroforesterie portant sur 300.000 hectares de forêts classées dégradées du sud-ouest du pays et dans des forêts classées de la zone des savanes. Il renforcera en outre la conservation de la biodiversité dans quatre parcs nationaux dont le Parc National de Tai, deuxième forêt primaire d’Afrique, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO comme réserve de biosphère.

Rapide déforestation

Dans le document présentant la Stratégie de Restauration des Moyens de Subsistance des Personnes Affectées par le PIF2 – Forêts classées de Haute Dodo, Rapides Grah et Scio, produit par les analystes du ministère des Eaux et Forêts- l’on apprend que la déforestation en Côte d’Ivoire s’est produite à un rythme rapide, depuis les années 60. « Le pays a perdu environ 13 millions d’hectares de couverture forestière, réduisant sa surface d’environ 46% en 2000 à environ 11% aujourd’hui. De 1990 à 2015, la Côte d’Ivoire a enregistré le taux de déforestation le plus élevé au monde, perdant en moyenne 4,3% de sa superficie totale par an », indiquent les analystes, citant une étude du Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD), datant de 2016. « Selon la Société de Développement des Forêts (SODEFOR), l’empiètement sur les forêts classées de l’État est passé de 18% (1996) à environ 50% (2014). De 2017 à 2018, le pourcentage d’augmentation des forêts perdues en Côte d’Ivoire était le deuxième plus élevé au monde », notent les spécialistes. 

Facteurs de déforestation

La déforestation et la dégradation des forêts sont dues, de l’avis des spécialistes, à   l’expansion de l’agriculture extensive sur brûlis et l’exploitation incontrôlée des forêts pour le bois d’œuvre et le bois-énergie. Ce chiffre, estimé actuellement à 20 millions de mètres cubes par an, continue d’augmenter en raison de la faible protection des forêts classées (une situation causée par des lacunes importantes dans la gestion et la gouvernance des ressources forestières). Les spécialistes citent également les feux de brousse (accidentels ou intentionnels, souvent pour l’agriculture ou la chasse) et l’exploitation minière, notamment l’orpaillage artisanal illégal comme des causes de la destruction des forêts.  

« Des études récentes indiquent que si rien n’est fait pour inverser cette tendance, la perte de couvert forestier, et donc des services écosystémiques nécessaires à l’agriculture, pourrait entraîner à moyen terme la perte de plus de 90% des terres propices à la culture du cacao », mettent en garde les analystes. « Le cacao étant principalement cultivé dans de petites exploitations familiales, dont plus de la moitié vivent déjà en dessous du seuil de pauvreté, cette perspective souligne la nécessité d’établir rapidement le juste équilibre entre la préservation des paysages forestiers pour les générations futures et la création de moyens de subsistance durables pour les communautés forestières qui dépendent de l’agriculture pour leur survie », font-ils remarquer. 

Du PIF 1 au PIF 2

Pour la Côte d’Ivoire, le Projet d’Investissement Forestier Phase 2 s’inscrit dans la dynamique générale de promotion de la conservation et de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone forestier. Le PIF 2 s’appuie sur la première phase du projet, le PIF 1 (d’un coût global de 15 millions de dollars, soit environ 7,5 milliards FCFA, financé par la Banque Mondiale) dont les objectifs principaux étaient d’améliorer la gouvernance des forêts à travers l’établissement de plans d’aménagement participatifs des forêts classées ciblées et de mener des activités de reboisement dans le centre et le sud-ouest du pays. Le PIF 1 visait également au renforcement de la surveillance du Parc National de Taï

Le PIF2, quant à lui, vise à soutenir la mise en œuvre de l’Initiative Cacao et Forêts (ICF) 2018, incluse dans la Stratégie de Préservation, de Réhabilitation et d’Extension des Forêts (SPREF) en synergie avec le Projet de Développement Intégré de la Chaîne de Valeur du Cacao. Il vise surtout à faire prendre conscience de l’importance de l’agroforesterie-cacao, sachant que le cacao est responsable de 60% de la déforestation de la Côte d’Ivoire, dont 40% du cacao provient des forêts classées et des aires protégées. 

C’est pour cette raison que le projet sera, en partie, mis en œuvre dans les forêts classées qui sont actuellement envahies à grande échelle par des occupants informels, « dont beaucoup sont des étrangers des pays voisins, comme cela a été relevé, lors des études socio-économiques menées pour l’élaboration des Plans d’Aménagement Participatif des Forêts (PAPF) de l’ouest du pays (Haute Dodo, Rapides Grah, Scio) », selon le document de la Stratégie de Restauration des Moyens de Subsistance des Personnes Affectées par le PIF-2 

M’Bah Aboubakar

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