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samedi 11 mai 2024
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AVC en Côte d’Ivoire: 10.000 morts par an

L’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) constitue un véritable problème de santé publique en Côte d’Ivoire. Les données sur la maladie indiquent des taux de morbidité et de mortalité alarmants. Les stratégies de lutte déployées sur le terrain pour circonscrire le mal peinent à inverser la tendance des statistiques dans les hôpitaux. 

Les chiffres donnent froid dans le dos : 10.000 malades de l’AVC décèdent chaque année en Côte d’Ivoire, révèle au Tam-tam Parleur le professeur Kouamé-Assouan Ange-Eric, président de la Société Ivoirienne de Neurologie (SIN). 

« Les données des instituts de statistiques internationaux indiquent qu’on aurait autour de 10.000 décès par AVC en Côte d’Ivoire, chaque année »», note-t-il. Ces chiffres, qui datent de 2016, sont obtenus à partir des données rapportées dans les hôpitaux. On aurait également « entre 12.000 et 15.000 nouveaux cas d’AVC par an. Ça reste à peu près la même chose chaque année », alerte le professeur de neurologie, à l’Université de Bouaké. Plusieurs causes favorisent la survenue d’une attaque cérébrale. 

Les facteurs de risque  

Le professeur Kouamé-Assouan, responsable du service neurologie du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Bouaké, énonce une palette de causes qui provoquent cette maladie neurologique. En tête, le médecin cite l’hypertension artérielle comme l’un des principaux facteurs de risque. « Une personne qui a cette maladie a quatre à cinq fois plus de risques de faire un AVC, comparée à une personne qui n’a pas l’hypertension artérielle », fait-il observer. Près de 50% des AVC, soit la moitié des cas d’attaques cérébrales répertoriés, seraient dus à l’hypertension artérielle, pointe le praticien. Le professeur de neurologie relève d’autres causes connues de l’AVC. Il s’agit notamment du diabète, de l’hypercholestérolémie ou augmentation du taux de cholestérol dans le sang, du tabagisme, de l’alcoolisme chronique, de la sédentarité, de l’alimentation pauvre en fruits et légumes. Il ajoute à cette liste non exhaustive, une cause relativement récente, à savoir le stress.  

Le président du SIN explique que l’AVC touche toutes les couches sociales. Ainsi, les personnes de conditions modestes ne sont pas à l’abri de cette maladie. Cette catégorie sociale, argumente-t-il, n’a pas une bonne hygiène de vie, et des moyens pour une bonne prise en charge médicale, en cas de maladies chroniques comme l’hypertension artérielle. Quant aux classes moyennes et aisées, elles contractent l’AVC, en grande partie, à cause de leur sédentarité.  Si l’AVC touche 30% d’adultes en Côte d’Ivoire, selon les statistiques officielles, le moment critique est toujours précédé de plusieurs signes annonciateurs.  

Ces signes qui alertent 

L’Accident Vasculaire Cérébral se manifeste par des signes ou symptômes bien connus. La faiblesse d’un côté du corps, l’engourdissement ou le fourmillement au niveau du visage, dans les bras ou dans les jambes, sont à prendre au sérieux. D’autres manifestations comme la difficulté à parler ou à comprendre ce que disent les autres, les troubles de la vue, la vision double, l’incapacité de voir, surtout d’un œil, sont des alertes. Enfin, les étourdissements, la perte de l’équilibre sont autant de signes alarmants. Ces symptômes avant-coureurs peuvent apparaître soudainement et disparaître, pendant plusieurs jours. En tout état de cause, un patient dont le visage est affaissé, qui a une incapacité à lever les deux bras normalement ou qui a des troubles d’élocution est un cas d’urgence. Lorsque ces signes sont identifiés rapidement et le sujet référé aux urgences, au plus vite, il peut être sauvé.  

Les différentes formes du mal 

L’Accident Vasculaire Cérébral survient lorsque la circulation du sang vers le cerveau est interrompue par l’obstruction d’un vaisseau sanguin (le cas le plus fréquent) ou par la rupture d’un vaisseau. On distingue deux types d’AVC. Ce sont les infarctus cérébraux et les hémorragies cérébrales. Les infarctus cérébraux constituent 80% des AVC. Ils résultent souvent de l’obstruction d’une artère cérébrale par un caillot de sang. On les désigne également par le terme thrombose ou embolie cérébrale, ou encore AVC ischémiques. Pour ce qui est des hémorragies cérébrales (saignement à l’intérieur ou autour du cerveau), elles représentent 20% de cas d’AVC. 

La stratégie de riposte 

Un plan de riposte, face à la menace sanitaire de l’AVC, est organisé par le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique. Cette stratégie se décline en deux volets : la prévention de la maladie et la prise en charge des patients. Le Programme National de Prévention des Maladies Non Transmissibles (PNPMNT) sous la tutelle du ministère, s’inscrit dans cette perspective. 

Des campagnes sont organisées, annuellement, au cours desquelles les populations sont sensibilisées sur les risques de l’AVC. L’ONG AVC Espoir mène de front des actions, sous la supervision du ministère de la Santé, à l’intention d’un large public. Selon la présidente de ladite ONG, Chantal Gnahouo, les Journées nationales de lutte contre les Accidents Vasculaires Cérébraux, organisées du 27 au 28 octobre 2023, ont été l’occasion pour sensibiliser la population. « Lors de la 3è édition des Journées nationales de lutte contre l’AVC, en 2022, nous avons organisé des séances de contrôle de glycémie et du poids », s’est félicitée la présidente de AVC Espoir

Dans le cadre de la prise en charge des patients de l’AVC, le professeur de neurologie, Kouamé-Assouan, note que depuis l’année 2022, la Couverture Maladie Universelle (CMU) prend en compte les patients de maladies chroniques, telles que l’hypertension artérielle et le diabète. Par ailleurs, L’ONG AVC Espoir a offert, cette année 2023, des bons de prise en charge en kinésithérapie pour une centaine de malades, selon sa première responsable. 

Cependant, estiment des observateurs, des efforts restent à fournir pour une prise en charge efficiente des malades de l’AVC. Ces derniers notent le manque d’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) et de scanner dans beaucoup d’établissements sanitaires, des outils pourtant indispensables pour une meilleure prise en charge des AVC. Le coût des soins reste également prohibitif pour les patients de l’AVC de condition modeste. Il faut compter deux cent trente mille (230.000 FCFA) pour une IRM et le scanner se négocie à cent-cinquante mille (150.000 FCFA), dans le privé. Dans le public, c’est environ la moitié des prix pratiqués dans le privé. Il faut ajouter à cela les frais d’hospitalisation et des séances de kinésithérapie pour la rééducation. 

Les experts du domaine relèvent enfin la problématique du personnel qualifié, insuffisant dans les services d’urgence

Firmin YOHA

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