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mardi 8 octobre 2024
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Pollution de l’air: Plus dangereuse que le tabac et l’alcool

La pollution atmosphérique présente un plus grand risque pour la santé mondiale que le tabagisme ou la consommation d’alcool. Un danger exacerbé dans certaines régions du monde comme en Asie et en Afrique, selon une étude publiée, le 29 août 2023.

Le rapport rédigé par les chercheurs de l’Energy Policy Institute at the University of Chicago (EPIC, en français Institut de politique énergétique de l’université de Chicago) sur la qualité de l’air mondiale, indique que la pollution aux particules fines – émises par les véhicules motorisés, l’industrie et les incendies – représente « la plus grande menace externe pour la santé publique » mondiale. Mais malgré ce constat, les fonds alloués à la lutte contre la pollution de l’air ne représentent qu’une fraction infime de ceux par exemple dédiés aux maladies infectieuses. », fait remarquer le rapport.

Les chercheurs de l’EPIC indiquent, en outre, que « la pollution aux particules fines augmente le risque de développement de maladies pulmonaires, cardiaques, d’AVC ou de cancers ». Un respect permanent du seuil d’exposition aux particules fines fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) permettrait d’augmenter l’espérance de vie mondiale de 2,3 ans, estime l’EPIC, sur les bases de données collectées en 2021.En comparaison, fait remarquer l’EPIC, la consommation de tabac réduit en moyenne l’espérance de vie mondiale de 2,2 ans, et la malnutrition infantile et maternelle de 1,6 année.

Grandes inégalités entre Etats

Face à cette pollution, les inégalités sont grandes. « Les trois quarts de l’impact de la pollution atmosphérique sur l’espérance de vie dans le monde se produisent dans six pays seulement; le Bangladesh, l’Inde, le Pakistan, la Chine, le Nigéria et l’Indonésie, où les gens perdent une à plus de six années de leur vie, à cause de l’air qu’ils respirent », souligne Michael Greenstone, professeur émérite d’économie à Milton Friedman et co-fondateur de l’EPIC. Ainsi, l’Asie du Sud abrite les quatre pays les plus pollués du monde. Si rien n’est fait, au Bangladesh, en Inde, au Pakistan et au Népal, les habitants continueront de perdre en moyenne 5 années de vie.

« Il y a un profond décalage entre les endroits où l’air est le plus pollué et ceux où sont déployées collectivement et mondialement le plus de ressources pour résoudre ce problème », explique Christa Hasenkopf, directrice des programmes sur la qualité de l’air de l’EPIC. Si des dispositifs internationaux existent pour lutter contre le VIH, le paludisme ou la tuberculose – à l’image du Global Fund qui déploie 4 milliards de dollars par an dans la lutte contre ces maladies –  aucun équivalent n’existe pour la pollution atmosphérique. « Et pourtant, la pollution de l’air réduit davantage l’espérance de vie moyenne d’une personne en RDC (République démocratique du Congo) et au Cameroun que le VIH, le paludisme et autres », souligne le rapport.

La Chine, la plus grande pollueuse 

Avec des chiffres six fois supérieurs aux recommandations de l’OMS, la Chine est responsable d’une pollution atmosphérique considérable. Toutefois, le rapport note qu’elle est parvenue à la réduire de 42,3 % en 10 ans, soit un gain de 2,2 années de vie par habitant.

En Afrique, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, le Burundi et la République du Congo figurent parmi les dix pays les plus pollués au monde. On y trouve localement des chiffres de pollution stratosphérique, parfois 12 fois supérieurs aux recommandations de l’OMS, faisant perdre plus de 5 années de vie en moyenne aux habitants, tout comme le VIH ou le paludisme, très présents dans cette région du monde.

En Europe, 98,4 % du territoire ne respecte toujours pas les directives de l’OMS. En 2022, l’UE s’est engagée à abaisser sa norme de 25 µg/m³ à 10 µg/m³ d’ici 2030. Si cette mesure est respectée, cela pourrait faire gagner 80,3 millions d’années de vie au total.

Mieux informer les populations

Les auteurs du rapport regrettent que les pays les plus pollués du monde soient ceux qui ne disposent pas de normes de qualité de l’air. Seulement 6,8 % et 3,67 % des gouvernements en Asie et en Afrique fournissent à leur population des données sur la qualité de l’air. Quant aux infrastructures, ce n’est pas non plus dans ces régions qu’elles se trouvent. Pour exemple, l’Afrique reçoit 300.000 dollars par an de dons pour lutter contre la pollution, tandis que l’Europe, les Etats-Unis et le Canada reçoivent 34 millions de dollars, souligne le rapport. Les chercheurs de l’EPIC plaident pour une meilleure information sur la qualité de l’air auprès des gouvernements et des citoyens.

En 2019, l’OMS estimait que 4,2 millions de décès prématurés dans le monde étaient provoqués par la pollution de l’air extérieur. Des décès dus majoritairement à « des cardiopathies ischémiques et à des accidents vasculaires cérébraux, 18 % à des bronchopneumopathies chroniques obstructives, 23 % à des infections aiguës des voies respiratoires inférieures, et 11 % à des cancers des voies respiratoires », précise l’organisation onusienne

M’Bah Aboubakar

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