Selon les données du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH 2021), le District Autonome d’Abidjan compte 6,3 millions d’habitants. Ce chiffre représente 21,5% de la population totale ivoirienne, contre moins de 5% pour les 30 autres régions. Cette pression démographique favorisée par l’urbanisation accélérée accentue les défis du logement, dans la capitale économique ivoirienne.
Ces six dernières années, le coût du loyer est en hausse dans plusieurs communes d’Abidjan. Le constat est fait par Koffi Jonas, expert immobilier. Il invite les ménages économiquement faibles à opter pour des communes comme Port-Bouët ou Abobo qu’il présente comme étant moins chères. « Dans des quartiers de Port-Bouët comme Jean-Folly et Anani, indique-t-il, le studio se négocie à 35.000F voire 40.000 F. par mois et les appartements de trois pièces sont compris entre 70.000F et 100.000F par mois. Ces coûts sont multipliés par deux ou trois, dans les communes voisines de Koumassi et Marcory». Koffi conseille également aux personnes en quête d’un logement locatif de s’orienter vers les anciens quartiers tels que Camp militaire ou Sicogi, dans la commune de Yopougon. A la Sicogi, note-t-il, une chambre, dans un appartement, peut être louée mensuellement à 30.000F. « Les propriétaires des logements, dans ces anciens quartiers, sont souvent des personnes à la retraite. Elles préfèrent les mettre à la location à des coûts bas car c’est en fonction du revenu que les impôts qu’elles reversent sont calculés », explique-t-il.
Privilégier la banlieue abidjanaise
Il assure que dans la commune d’Abobo, des quartiers comme N’dotré, Avocatier ou Abobo-Baoulé sont privilégiés par les populations défavorisées, en raison des coûts du loyer relativement bas. « Nous proposons des appartements et des villas dans les villes situées à la périphérie du Grand Abidjan voire au-delà. J’ai des locataires jusqu’à Adiaké, qui louent nos logements à 70.000F ou 80.000F, les trois pièces», fait observer Jonas Koffi. Marc Fernand Tappa, responsable de l’Agence Central Park immobilier, constate la volatilité du coût des loyers à Koumassi, municipalité soumise à une pression démographique, comme tout le District autonome d’Abidjan qui s’étend sur une superficie de 2119 kilomètres. « Depuis le bitumage des principales artères de cette cité, sous le maire Bacongo, les maisons ont acquis de la valeur. Néanmoins, certains quartiers sont encore moins prisés. C’est le cas de Soweto, Campement, Divo, Bia Sud », énumère-t-il. Dans ces quartiers, les studios se négocient à 40.000F le mois et les trois pièces à 70.000F. Il précise que ces quartiers ne sont pas viabilisés; ce qui justifierait ces petits prix. Tappa ajoute que, dans la même commune, des quartiers comme Agouti, Sopim, 147 logements, Prodomo Abri 2000 proposent des offres plus élevées de 250.000F à 300.000F pour les appartements de trois pièces. Les tarifs sont plafonnés à 400.000F par mois et même 600.000F, respectivement, pour les appartements ayant des commodités et pour les villas de quatre voire cinq pièces.
F. Irié a vécu durant une trentaine d’années en Europe. De retour en Côte d’Ivoire où il s’est installé depuis quelques années, il louait une villa de deux pièces à 800.000F à la Riviera Bonoumin. « J’ai préféré acheter un terrain de 600 mètres carrés à Aboisso sur lequel j’ai construit une villa. C’est plus économique pour moi et je profite du paysage», se console le septuagénaire. Cet ancien camionneur à la retraite s’explique difficilement la volatilité du coût de l’immobilier dans un pays où le Salaire minimum Interprofessionnel Garanti (Smig) est fixé à 75.000F. « Dans la banlieue parisienne, je louais un appartement avec le chauffe-eau, le chauffage et un garage à 600 Euros (environ 395.000F)», se souvient ce retraité. N’Goran Kouadio, agent de gestion immobilière à Yopougon, dénonce la cupidité de certains courtiers des agences immobilières exigeant sept à huit mois de frais locatifs aux clients. « La législation en vigueur demande d’encaisser deux mois de caution et deux mois d’avance», souligne-t-il.
L’alternative Djorobité 1 et 2
Pour bénéficier des loyers de coût plus bas, il recommande que les personnes en quête de logement aient de l’argent disponible. Ce qui leur donne le temps de négocier avec le bailleur et prévenir les pièges des courtiers véreux.
Saadatou Kaboré est la gérante de Point Focal Business and Co, une entreprise offrant, entre autres services, la location immobilière. Elle engage les clients à se loger moins cher dans certains quartiers de la commune de Cocody tels que Djorobité 1 et 2, à Cocody Angré, où le tarif de l’immobilier est moyen.
« Dans les environs du Chu d’Angré et à Djorobité 1 et 2, les deux pièces coûtent à partir de 200.000F ; les trois pièces à partir de 280.000F et les quatre pièces à partir de 350.000F », détaille la responsable d’agence. Elle précise que le quartier Djorobité a les tarifs les plus faibles, en raison de la voirie non bitumée.
Les données fournies par le RGPH 2021 indiquent que le District Autonome d’Abidjan affiche une densité de la population de 2944 habitants/ km², alors que la moyenne requise est de 100 à 200 habitants/km².