27 C
Abidjan
samedi 2 novembre 2024
AccueilÉconomieTransport en commun: Le business florissant des tricycles "Saloni"

Transport en commun: Le business florissant des tricycles « Saloni »

Selon les chiffres du ministère des Transports, en 2020, 250.000 engins à deux et à trois roues commis au transport des personnes circulaient sur l’étendue du territoire. Parmi ces engins, ceux communément appelés les Saloni réalisent des chiffres d’affaires considérables.

450 000 à 750 000 Ivoiriens sont transportés par les tricycles Saloni en Côte d’Ivoire tous les mois. Ces chiffres ont été donnés par le ministère du Transport. Une immersion dans ce secteur informel de plus en plus porteur, dans les quartiers de Bingerville, Yopougon Gesco, Koumassi Campement et Port-Bouët Gonzague, nous a permis de constater que les jeunes qui tiennent les guidons de ces engins réalisent des recettes journalières comprises entre 7 000 et 10 000 francs CFA. Sur la base de ce gain journalier, la pratique de l’activité permet à chaque motocycliste de réaliser mensuellement entre 210 000 francs CFA et 300 000 francs CFA. C’est visiblement sur cette base que l’étude réalisée et publiée dans la revue internationale du chercheur en 2022 par Kobenan Appoh Charlesbor, enseignant-chercheur de l’Institut de géographie tropicale (IGT), à l’Université Félix Houphouët-Boigny  d’Abidjan, a estimé que ce sont en moyenne entre 52,5 milliards et 75 milliards de francs CFA que génère ce secteur par mois. Du moins, si l’on rapporte cette recette aux 250.000 engins qui circulent en Côte d’Ivoire. 

Conducteurs et propriétaires s’en tirent à bon compte!

Jeudi 15 août 2024, nous voilà à Yopougon, dans le sous-quartier de Gesco Manutention. Nous rencontrons Adama Koné, conducteur de tricycle depuis quelques années. Il nous confie ceci : « Je travaille pour quelqu’un à qui je dois verser 8.000 francs CFA du lundi au samedi. » La recette du dimanche me revient. C’est mon salaire. Si cela semble dérisoire, le conducteur lui sait comment équilibrer ses revenus. En réalité, par jour, il peut s’en sortir avec 10.000 francs CFA. Allant donc au-delà de la recette exigée, il empoche la différence. En l’y ajoutant à la recette du dimanche, ce jeune âgé d’à peine 19 ans s’offre 88.000 francs le mois. Quant au propriétaire, il encaisse un peu plus de 190.000 francs par mois. Konaté Sékou, propriétaire de tricycle à Gonzague Terre Rouge, se félicite de son investissement : « J’ai acheté le tricycle à 1.200.000 francs FCFA. En dix mois, j’ai amorti mon investissement. Aujourd’hui, je suis sur le point d’acheter mon troisième engin ». 

Syndicats et mairies ne sont pas en reste

Les syndicalistes et agents de la mairie n’ont pas attendu longtemps pour se signaler. Ceux qu’on appelle abusivement ‘’les syndicats’’ s’autorisent à réclamer aux conducteurs de tricycles entre 1000 et 1500 francs CFA par engin, tous les jours. Et cela, sous le prétexte de les protéger en cas de mésentente avec les forces de l’ordre ou en cas d’accident de la circulation. À Koumassi Campement, où nous avons dénombré sur place 102 tricycles stationnés, ce samedi 17 août 2024, les syndicalistes venaient d’empocher au moins 102.000 francs. Et dire que ce conducteur de Saloni nous a soufflé qu’un peu plus de 150 tricycles desservent une dizaine de sous-quartiers dans ce secteur ! L’information est d’ailleurs confirmée par plusieurs conducteurs de tricycles trouvés sur place. Les agents de ces syndicats encaisseraient donc 4.500.000 francs CFA par mois, soit 54 millions de francs CFA par an. À Yopougon, dans le quartier de Gesco, le groupe de syndicats qui y règne en maître impose le paiement de la somme de 1500 francs par jour aux tricycles. Les agents des mairies, quant à eux, imposent des patentes à ces engins à qui il est fait obligation de s’acquitter annuellement de la somme de 30.000 francs CFA. En rapportant cette patente aux 250.000 engins à trois roues en circulation, ce sont au total 7.5 milliards qui vont dans les caisses des mairies chaque année. Avec ces revenus que mobilise ce secteur du transport, n’est-il pas temps de mieux l’organiser? Surtout qu’au cours d’un séminaire de réflexion organisé, il y a quelques années, pour évoquer la problématique des tricycles et les nombreux accidents auxquels ils sont mêlés, le conseiller technique du ministère des Transports, Kumassi Jean Dominique, a relevé que, selon des statistiques annuelles 2018, sur 300 000 engins qui s’acquittent de la vignette, seulement 38 718 sont immatriculés.

Coll: & Sara DIOMANDE (stg)

Articles Similaires
spot_img

Articles Populaires

commentaires recents