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lundi 20 mai 2024
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Tricycles, le gouvernement met de l’ordre

Le nombre croissant d’accidents de la circulation impliquant les tricycles dans le district d’Abidjan a amené le gouvernement à leur interdire l’accès à certains axes routiers. Quel est l’état des lieux, depuis la prise de cette décision ? 

De janvier à mars 2021, 6.838 accidents de la circulation ont été enregistrés dans le district d’Abidjan, occasionnant 2.574 blessés et 59 décès. Dans la commune de Bingerville, 274 accidents ont été enregistrés. Et sur ces accidents, les taxi-compteurs en ont occasionné 75, les minicars appelés gbakas 97, les motos 108, les camions 98 et les tricycles 34. Le tout pour 8 décès relevés. Ce sombre bilan, dressé par le chef du district de police de Cocody, le commissaire principal Allali Kouassi, devant les transporteurs de Bingerville, le 15 juin 2021, montre ce que peuvent produire l’indiscipline et les violations du code de la route. Ramenés à l’échelle du district d’Abidjan, les chiffres de l’implication des motos et tricycles dans les accidents, font froid dans le dos. Surtout que ces engins ont fini par coloniser toutes les communes de la capitale économique, sinon toutes les communes du pays. Selon les chiffres fournis par l’Office de Sécurité Routière (OSER), ce sont environ 4 à 5 accidents de la circulation que les motos et tricycles provoquent au quotidien, dans le district d’Abidjan.

A Abobo, précisément dans le sous-quartier Bokabo, plus de 50 tricycles circulent. Ils se comptent par dizaines également,  dans les quartiers : Banco, Anonkoua Kouté, Anador et Sodeci. Le constat est le même, dans la quasi-totalité des communes d’Abidjan. En même temps qu’ils désenclavent les zones qu’ils desservent, en transportant passagers et marchandises, les tricycles causent beaucoup de désagréments  aux usagers de la route.

Le ras-le-bol des populations

Plusieurs passagers qui utilisent ces moyens de déplacement ont exposé leurs griefs.  Célestine Sansan, professeure au Collège moderne Guédé, près de la nouvelle gare d’Abobo, ne décolère pas. « Les taxis n’ont pas le droit de charger ici (au quartier Bokabo). Ce qui nous oblige à emprunter ces tricycles. Force est de dire qu’ils conduisent très mal d’une part et que les conducteurs sont très malpolis d’autre part. Quelquefois, avec des passagers à bord, ils font des courses de vitesse et occasionnent des accidents. Il faut que leur secteur soit réglementé ou que les autorités suspendent leurs activités sur nos routes afin de sauver des vies humaines», clame l’enseignante. François Koné, président de l’Association pour la Défense des Droits et Devoirs du Chauffeur (ADDC) enfonce le clou, fustigeant des « pilotes » de tricycles indélicats. «Ces conducteurs de tricycles roulent très mal et créent souvent la désolation, dans les familles. Ils ne respectent pas le code de la route et roulent très souvent en sens inverse. On doit les recadrer ou les enlever du système des transporteurs », recommande-t-il.

Les mesures du gouvernement

Conscient de l’ampleur du phénomène, le gouvernement a mis en œuvre l’opération « Répression des usagers des engins à 2 ou 3 roues pour non port de casque », dans le district d’Abidjan, sur la période du 27 avril au 29 août 2021. Cette opération a permis la saisie de 32.967 engins, ainsi que la délivrance de 176.390 amendes forfaitaires, pour un recouvrement estimé à 271.045.500 F CFA. Dans la même veine, le gouvernement, à travers le ministère des Transports, a planché sur un plan de circulation des motos et tricycles dans le district d’Abidjan, au cours d’un atelier, le mercredi 18 août 2021. Adopté en Conseil des ministres, le mercredi 8 septembre 2021, ce plan interdit aux tricycles toutes les voies du réseau structurant de la ville d’Abidjan, c’est-à-dire toutes les routes nationales,  les routes en 2X2 voies et en 2×3 voies reliant les communes,  les boulevards, les rues principales et avenues, qui jouent un rôle majeur dans le transit urbain. En ce qui concerne les usagers de motos, le conducteur, et toute personne transportée, sont tenus de porter le casque. De plus, le conducteur a l’obligation de détenir un permis de conduire de catégorie A et les motos doivent être équipées de plaque d’immatriculation lisible. En outre, le rétroviseur doit être convenablement déployé et les feux clignotants en bon état de marche. « L’objectif général de ce plan de circulation est de fluidifier le trafic urbain dans le Grand Abidjan et de contribuer, de façon substantielle, à l’amélioration de la sécurité routière, sur les itinéraires définis », a expliqué le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly. Malgré ce dispositif réglementaire, les tricycles continuent de circuler impunément sur les routes, causant toujours des accidents. Sollicitée pour avoir l’avis du ministère des Transports sur cette problématique, la Direction de la Communication et des Relations publiques a ignoré nos appels et relances.

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