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dimanche 12 mai 2024
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Transport aérien : Les ambitions d’Air Côte d’Ivoire

Avec la signature, le mardi 25 octobre 2022, à Toulouse, d’une convention pour l’acquisition de deux A330-900, la compagnie aérienne nationale Air Côte d’Ivoire affiche clairement ses ambitions : être le leader du ciel africain, avec des vues sur les continents européen et américain.

Le 25 octobre 2022, Air Côte d’Ivoire a posé un autre pas vers son ambition : celle de relier la Côte d’Ivoire à l’Europe et aux Etats-Unis. La compagnie aérienne a, dans cette optique, officiellement passé commande, ce jour-là, de deux Airbus A330.Des  appareils qui seront livrés respectivement au 4e trimestre 2024 pour le premier et au second trimestre 2025 pour l’autre. Ils sont configurés en quatre cabines avec 240 sièges : 4 sièges Première classe, 21 sièges en Premium, 40 sièges en Business et 175 sièges en classe économique. Jugés plus adaptés pour le long courrier, ces  avions de ligne à réaction gros-porteur restent, selon les spécialistes de l’aéronautique, plus modernes et économes en carburant. De l’avis des responsables d’Air Côte d’Ivoire, ces nouveaux avions devront porter la compagnie vers l’Europe, les Etats-Unis et le Moyen-Orient. « Le plan de développement de la compagnie indique qu’il faut que nous allions sur les routes long courrier pour être rentable », a expliqué en marge de la signature du contrat, le ministre des Transports Koné Amadou, qui conduisait la délégation du transporteur à Toulouse et qui avait à ses côtés le général Abdoulaye Coulibaly, président du conseil d’administration de la compagnie, Laurent Loukou, son directeur général et Philippe Mhun, directeur des programmes et services de l’avionneur européen, Airbus.

Concrètement, l’arrivée de ces deux avions – d’autres sont attendus – permettra à Air Côte d’Ivoire de desservir Paris et Beyrouth en 2024 avec deux A330-900, Londres et Genève en 2025 avec deux A331-XLR puis New York et Washington en 2026 avec un A330-900. A terme, il s’agira pour la compagnie dirigée par le Directeur général Loukou Laurent, d’atteindre la rentabilité 4 à 5 ans après le lancement du long courrier. Une visée qui justifie, à bon droit, un investissement aussi important, la compagnie ivoirienne ayant obtenu ses aéronefs au prix unitaire de 110 millions de dollars – 220 millions de dollars les deux – soit environ 72 milliards 156 millions F.CFA les deux appareils.

En clair, Air Côte d’Ivoire ambitionne de passer de monocouloirs destinés à du transport régional de passagers à des gros porteurs capables de desservir  d’une part les grandes villes européennes et d’offrir d’autre part plus de capacités en soute à certains des vols actuels de la compagnie, comme Johannesburg, inauguré le 30 juin, ou le Maroc, qu’Air Côte d’Ivoire compte proposer à partir de 2023.

L’Europe pour commencer

Une chose est sue, dès la réception de la première commande, c’est l’Europe – notamment la France – qui accueillera les vols long courrier d’Air Côte d’Ivoire. La  ligne Abidjan – Paris reste très animée avec « 3 à 4 vols au quotidien » pour un trafic estimé à plus de 300.000 passagers par an, uniquement pour les liaisons directes, a souligné Laurent Loukou. Cette desserte sera exécutée en complémentarité avec Air France, qui est par ailleurs partenaire dans le projet Air Côte d’Ivoire. Selon une note de compagnie, « l’Europe est la destination privilégiée de l’Afrique sur le segment long courrier. En 2019, la destination long courrier en direction de l’Europe représentait 61% des voyages au départ du continent africain ».

La mise en service des A330-900 d’Air Côte d’Ivoire, prévue courant dernier trimestre 2024 pour le premier, et en 2025 pour le second, va apporter de grands bouleversements, à la fois sur la compagnie aérienne elle-même, mais également sur la plateforme aéroportuaire d’Abidjan. Elle permettra dans le même temps à Air Côte d’Ivoire de densifier son réseau dès 2024 avec 7 vols hebdomadaires sur Paris, à raison d’un vol par jour. Beyrouth suivra avec trois ou quatre vols par semaine. S’ajouteront, à partir du 2e semestre 2025, d’autres capitales européennes et les Etats-Unis. En 2025, la compagnie aérienne passera de 700 mille passagers transportés, à 1 million, pour un chiffre d’affaires qui passera de 100 milliards en 2021, à 200 milliards F.CFA.

Le DG Loukou Laurent (à droite) a paraphé pour Air Côte d’Ivoire la convention d’achat des deux avions gros porteur

Soutien constant de l’Etat

Dès le début de cette aventure, en 2012, Air Côte d’Ivoire a bénéficié du soutien constant de l’Etat. Et pour cette acquisition, le transporteur n’était pas orphelin. Dans cette opération, l’Etat a apporté sa caution à trois agences ayant pignon sur rue, pour mobiliser 85% des fonds nécessaires à l’achat des appareils. Selon le site d’investigationwww.lenqueteurdetermine.net, la levée de fonds, pour cette opération a été conduite par Euler Hermes, une filiale du groupe allemand Allianz spécialisée dans l’assurance-crédit aux entreprises et la délivrance des cautions et garanties. Aux côtés de l’allemande, ont siégé BPI-France, la banque publique française d’investissement, puis UK Finance, qui rassemble plusieurs centaines de fonds et d’établissements financiers du Royaume-Uni. Ces géants de la finance internationale apporteront donc environ 61 milliards de F.CFA de prêt à taux concessionnels, autrement dit nettement inférieurs à ceux du marché. « Selon un avocat d’affaires coutumier du monde de la haute finance, ne sont éligibles au mécanisme de financement qui permet à Air Côte d’Ivoire de mobiliser une somme aussi importante que « des entreprises présentant un Business Plan fiable, des résultats financiers excellents, avec des perspectives prometteuses. Air Côte d’Ivoire coche toutes les cases », révèle le site d’investigation. Par ailleurs, un analyste financier indique que la somme ainsi mobilisée représente 85% du coût des avions. « La solvabilité de l’Etat ivoirien, considéré comme un partenaire de choix dans les milieux de la haute finance, a été un atout de taille pour Air Côte d’Ivoire », assure-t-il. Selon des sources gouvernementales ivoiriennes, les 15% restants seront recherchés auprès des actionnaires de la compagnie. Mais en attendant que ceux-ci se manifestent, l’Etat, premier actionnaire qui accorde sa totale confiance à Air Côte d’Ivoire, s’est déjà engagé à avancer, en cas de besoin, la totalité des 11 milliards F.CFA. « Comme vous le constatez, a assuré le ministre des Transports Amadou Koné, au cours de la signature de convention, l’Etat ivoirien est résolument engagé aux côtés de la compagnie nationale pour la réussite de ce projet et entend tout mettre en œuvre pour un accompagnement soutenu ».

M’Bah Aboubakar

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