Dans son numéro du 28 septembre 2023, le magazine français 60 millions de consommateurs, s’intéresse aux protections hygiéniques. Après avoir analysé 24 protections hygiéniques, dont 9 serviettes, 9 tampons avec applicateur et 6 protège-slips, le magazine relève à nouveau plusieurs défauts de composition susceptibles d’impacter la vie quotidienne des femmes.
Glyphosate, phtalates, dioxines… des contaminants suspectés – ou coupables – d’être cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques (pouvant altérer la fertilité) ou encore perturbateurs endocriniens, selon le magazine français 60 millions de consommateurs. Le périodique, – édité par l’Institut national de la consommation – a ciblé et analysé 24 protections menstruelles jetables – tampons, serviettes, protège-slips – dans lesquelles neuf substances toxiques ont été recherchées : le glyphosate et son résidu l’Ampa, les dioxines, les composés organiques halogénés absorbables (AOX), les allergènes, les phtalates, les triclosan, les métaux lourds, les formaldéhydes, l’argent.
Selon les résultats publiés dans le numéro d’octobre du mensuel français, la plupart des contaminants recherchés n’ont pas été retrouvés dans des quantités alarmantes. Des valeurs que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estime « ne pas présenter de risque majeur pour la santé ». Mais pour le magazine, la seule présence de ces substances, même en quantité résiduelle, n’est pas acceptable. « C’est pourquoi, dans les résultats de notre comparatif, nous pénalisons les produits qui en contiennent, même à l’état de traces », écrivent nos confrères.
Dans le détail, parmi les labellisés, des AOX ont été retrouvés chez Nana, Love&Green et Tampax, des dioxines dans les tampons Tadam, Carrefour Soft, Saforelle et les serviettes Joone, du glyphosate ou de l’Ampa dans les tampons Tadam, Saforelle, Natracare, les Petites Choses et les serviettes Joone.
Parmi les protections périodiques jetables, les tampons sont les moins bons élèves. Pourtant, indique le mensuel, ce sont eux qui sont le plus en contact avec les muqueuses. Le magazine de défense des consommateurs appelle ainsi à garantir l’absence de glyphosates et dioxines dans les tampons et à renforcer le cahier des charges des labels notamment concernant la santé humaine.
Questions légitimes
Comment ces substances toxiques peuvent-elles se retrouver dans des protections intimes ? «Ce peut être des résidus de pesticides dans le coton utilisé – ce qui pose question sur les matières premières – ou des indésirables apparus au moment de la fabrication», explique Sylvie Metzelard, rédactrice en chef de 60 millions de consommateurs, dans l’éditorial du numéro qui traite de la question. «Les niveaux détectés sont faibles, certes, et dans les clous de la réglementation mais nos connaissances actuelles sont encore bien parcellaires, quant à l’exposition des muqueuses à ce type de contaminants », ajoute-t-elle.
Si la plupart des marques incriminées ont souligné que la présence des substances toxiques détectées n’était pas « préoccupante », Adélaïde Robert, en charge de la Santé à 60 millions de consommateurs, souligne que l’exposition de ces produits aux muqueuses demeure toutefois un sujet de préoccupation, si bien qu’il « semble raisonnable de demander aux industriels de viser l’absence de résidus ».
Plusieurs éléments sont évoqués pour expliquer la présence récurrente de ces substances. Les « conditions de culture du coton », tout d’abord, avec la « présence de pesticides ou de leurs résidus tels que le glyphosate », mais aussi les processus de fabrication, via en particulier le blanchiment au chlore. Certains composants sont par ailleurs « utilisés au cours de la fabrication », comme les « phtalates utilisés pour assouplir les matières plastiques », à en croire les spécialistes.
Un label vert n’est pas une garantie
En s’intéressant aux différents labels environnementaux mis en avant sur les protections hygiéniques, le magazine a été surpris de constater qu’ils n’exonéraient pas d’une présence récurrente de substances dangereuses. Le glyphosate ou son résidu sont notamment retrouvés dans des produits qui sont réalisés avec du coton bio. Et pour cause : si le coton respecte les engagements liés à une production bio, « les autres fibres végétales contenues dans le produit ne sont pas concernées ».
De manière générale, les cahiers des charges des différents labels sont respectés par les produits qui les affichent. Il convient toutefois de signaler, comme le fait 60 millions de consommateurs, que les engagements des marques portent avant tout sur la conformité avec des objectifs environnementaux ou sociaux.
Ce n’est pas nouveau
Le débat soulevé par le magazine de l’Institut national de la consommation n’est pas nouveau. Déjà en 2016, un rapport de l’Anses, dressait la liste des composés chimiques « préoccupants » identifiés dans les protections externes ainsi que dans les tampons.
Autant de substances aux effets cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR) démontrées, ou considérées comme des perturbateurs endocriniens, des agents chimiques capables d’interférer dans le système hormonal d’un organisme
M’Bah Aboubakar