30 C
Abidjan
lundi 13 mai 2024
AccueilSociétéPrévention du diabète : De bonnes nouvelles pour les malades

Prévention du diabète : De bonnes nouvelles pour les malades

Dans le diabète de type 1, une maladie auto-immune, le corps attaque ses propres cellules productrices d’insuline. Après des décennies de recherche, la première immunothérapie, le téplizumab, a démontré sa capacité à retarder de plusieurs années la dépendance à l’insuline. Les résultats de l’étude PROTECT viennent d’être dévoilés. C’est un succès chez des enfants à risque.

C’est le Pr Lucienne Chatenoud, cheffe du service d’Immunologie biologique de l’hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP) de Paris, qui est à l’origine de la découverte du mécanisme immunologique qui a conduit à la création du médicament téplizumab – un anticorps monoclonal – il y a plus de vingt ans. Elle se réjouit de cette avancée majeure dans la perspective de prévenir la maladie : « Cette toute première immunothérapie au monde dans le diabète de type 1 est en mesure de restaurer la tolérance du « soi », et éviter ainsi l’autodestruction des cellules productrices d’insuline. » Le principe est expliqué par la spécialiste : d’une part, cibler les lymphocytes T (c’est-à-dire les « soldats du système immunitaire qui combattent les infections et les cellules cancéreuses) en les rendant insensibles à leur stimulation antigénique (la stimulation qui les informe de la cible à détruire). D’autre part, le téplizumab active les lymphocytes T protecteurs ».

Le téplizumab pour moduler la progression du diabète de type 1

Selon les données publiées en 2021, un traitement unique de 14 jours à base de téplizumab retarde l’apparition de la maladie, jusqu’à quatre ans avant que l’insuline ne soit nécessaire. Certains patients peuvent même se passer de l’insuline, pendant sept à huit ans. Sur cette base, l’anticorps monoclonal téplizumab a récemment obtenu l’approbation pour son utilisation dans la prévention du diabète de type 1, chez les enfants de plus de huit ans aux États-Unis.

À ce jour, l’Agence Européenne du Médicament n’a pas encore statué. Cependant, les résultats de l’essai PROTECT, auquel le Pr Chatenoud a bien entendu contribué, présentés lors du 49e Congrès annuel de la Société internationale du diabète de l’enfant et de l’adolescent qui s’est récemment tenu à Rotterdam aux Pays-Bas, devraient accélérer ce processus.

L’essai PROTECT (Prostate Testing for Cancer and Treatment) démontre en effet le potentiel du téplizumab pour ralentir l’installation d’un diabète de type 1 clinique chez les enfants et adolescents nouvellement diagnostiqués. Pour entrer dans les détails, deux cures de douze jours de l’immunothérapie au téplizumab, administrées par voie intraveineuse, ont ralenti la perte de cellules bêta et préservé leur fonction chez des enfants et des adolescents âgés de 8 à 17 ans, chez qui un diabète de type 1 auto-immune (de stade 3) avait été diagnostiqué, au cours des six semaines précédentes.

Défi de taille

Reste un défi de taille, celui de proposer ce traitement au plus grand nombre. Il s’agit, selon les spécialistes, de mettre en place un dépistage au sein des familles, où les individus présentant simultanément un taux de sucre dans le sang anormal (dysglycémie) et au moins deux types d’autoanticorps sont déjà éligibles à un traitement au téplizumab. À plus long terme, un dépistage pour l’ensemble de la population sera envisagé. En effet, 85 % des personnes qui développent un diabète de type 1 n’ont aucun lien de parenté avec une personne diabétique.

En cas de diabète de type 1, l’organisme ne peut pas utiliser efficacement le sucre (glucose) provenant de la nourriture pour produire de l’énergie. En cause : le système immunitaire attaque et détruit certaines cellules du pancréas, appelées cellules bêta, qui sécrètent l’insuline. Cette hormone-clé permet au glucose d’entrer dans les cellules. Si une personne atteinte de diabète de type 1 ne s’injecte pas d’insuline, le glucose s’accumule dans le sang, ce qui entraîne une augmentation du taux de sucre (glycémie), pouvant à terme causer des dommages aux organes vitaux.

La progression de cette maladie se déroule en plusieurs étapes, allant de l’apparition initiale d’auto-anticorps (qui se fixent aux cellules pour les détruire) à une altération sévère de la fonction des cellules bêta, conduisant au diagnostic clinique de diabète de type 1.

Selon les chiffres de la Fédération  internationale du diabète, en 2013, la Côte d’Ivoire comptait 201.600 malades du diabète. 11.880 sont décédées à cause de cette maladie. La prévalence au niveau mondial est estimée à 8,5%, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En 2014, plus de 422 millions d’adultes étaient diabétiques. Le nombre de personnes vivant avec le diabète  ainsi que sa prévalence sont en  constante augmentation dans toutes les régions du monde. Ce qui fait de cette maladie un problème de santé publique majeur.

« Malheureusement, la majorité des diabétiques ne savent pas qu’ils sont atteints de diabète, et ne  recherchent donc pas des traitements, ni des soins. Or, un diabète qui n’est pas traité, contrôlé et pris en charge de manière appropriée peut entraîner de graves complications comme l’infarctus du myocarde, l’insuffisance rénale, l’accident vasculaire cérébral, l’amputation des membres inférieurs, des troubles visuels et la cécité », selon l’un des responsables de l’organisation onusienne en Côte d’Ivoire. « Le surpoids ou l’obésité sont fortement liés à l’augmentation des cas de diabète, ainsi que la croissance  démographique et le vieillissement. En 2014, près d’un adulte sur quatre, âgés de plus de 18 ans, était en  surpoids et plus d’un sur dix étaient obèses », a indiqué un diabétologue

M’Bah Aboubakar

Articles Similaires
spot_img

Articles Populaires

commentaires recents