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dimanche 12 mai 2024
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Menace : La Côte d’Ivoire face à une nouvelle épidémie de dengue

La Côte d’Ivoire est frappée, depuis le mois de juillet, par une épidémie de dengue, la sixième depuis 2009. Selon les autorités en charge de la santé, 73 cas ont été confirmés, dont 2 décès. La majorité des cas sont enregistrés dans le grand Abidjan, en particulier dans le district sanitaire de Cocody Bingerville.

Maladie humaine sévissant en zone tropicale et subtropicale, la dengue est de retour en Côte d’Ivoire. Le ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle annonce une épidémie de la maladie dans le pays – avec 73 cas confirmés dont deux décès – invitant, par la même occasion, les populations à la vigilance. Selon l’Institut National d’Hygiène Publique (INHP), la Côte d’Ivoire a enregistré 380 cas de dengue, dont 3 décès à fin septembre 2022, contre 291 cas en 2019.

Ce qu’il faut savoir

Due à un virus transmis par une piqûre de moustique, la dengue revêt plusieurs formes : la forme courante est bénigne et la forme grave – la dengue hémorragique – qui peut déboucher sur un état de choc souvent mortel. Le virus se transmet à l’homme par la piqûre de moustiques infectés. Il s’agit de moustiques zébrés – de couleurs noir blanc – communément appelés « moustiques tigres ». C’est un insecte qui pique pendant la journée, surtout entre 16 heures et 18 heures.

« Cette maladie se manifeste par plusieurs signes. À savoir une fièvre associée ou non à des maux de ventre, des maux de tête, des vomissements persistants, des douleurs aux articulations, une fatigue intense. Dans certains cas, le malade peut saigner et en mourir », a détaillé Prof Joseph Bénié Bi Vro, le Directeur Général de l’Institut National d’Hygiène Publique (INHP).

Lorsqu’un moustique s’est nourri du sang d’une personne infectée par le virus de la dengue, le virus se réplique dans son intestin moyen avant de se propager aux tissus secondaires, y compris les glandes salivaires. Le délai qui s’écoule entre l’ingestion du virus et la transmission à un nouvel hôte est appelé « période d’incubation extrinsèque » (PEI). La PEI dure environ 8 à 12 jours, lorsque la température ambiante est comprise entre 25 °C et 28 °C. Les variations de la PEI ne dépendent pas seulement de la température ambiante, plusieurs facteurs, tels que l’ampleur des fluctuations quotidiennes de température, le génotype du virus et la concentration virale initiale, peuvent également modifier le délai nécessaire pour qu’un moustique transmette le virus. Une fois qu’il est infectieux, un moustique peut transmettre le virus jusqu’à sa mort, indique le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) sur son site internet. 

Facteurs de risque

L’urbanisation (en particulier lorsqu’elle n’est pas planifiée) joue un rôle dans la transmission de la dengue, en fonction de plusieurs facteurs sociaux et environnementaux : densité de population, mobilité humaine, accès à des sources d’eau fiables, pratiques de stockage de l’eau, etc. pour le PNLP, le risque de dengue dans une communauté dépend également des connaissances, de l’attitude et des pratiques de la population vis-à-vis de la dengue, ainsi que de la mise en œuvre d’activités systématiques et durables de lutte antivectorielle au sein de la communauté. Par conséquent, les risques de dengue peuvent évoluer avec les changements climatiques dans les zones tropicales et subtropicales, et les vecteurs sont susceptibles de s’adapter à un nouvel environnement et à un nouveau climat.

Prévention et lutte

Les moustiques qui propagent la dengue sont actifs pendant la journée. Les médecins conseillent de réduire le risque de contracter la dengue en se protégeant des piqûres de moustiques à l’aide de vêtements qui couvrent autant que possible le corps, de moustiquaires idéalement imprégnées de répulsif (si l’on dort pendant la journée), d’écrans anti-insectes sur les fenêtres,…

Dès la survenue de l’épidémie, le ministère de la Santé a invité les populations à suivre des mesures. Il s’agit notamment de « vider les retenues d’eau après chaque pluie, assécher les eaux stagnantes, éviter de garder non couverts les récipients contenant de l’eau, se débarrasser des objets usagés qui favorisent la présence et la reproduction des moustiques, notamment les casseroles, les canaris, les vieux pneus, changer tous les deux à trois jours l’eau des pots de fleur, désherber les alentours des maisons, surtout éviter les plantations de bananiers en agglomération ou tout autre arbre à feuilles engainantes comme l’arbre du voyageur, mettre des grilles anti-moustiques aux portes et fenêtres des maisons, porter des vêtements qui couvrent le corps, dormir le jour comme la nuit sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide », a fait savoir le ministère.

Si, malgré ces précautions, la dengue survient, il est conseillé de se reposer, de boire beaucoup de liquides, d’utiliser de l’acétaminophène (du paracétamol) pour soulager la douleur, d’éviter les anti-inflammatoires non stéroïdiens, comme l’ibuprofène et l’aspirine et de surveiller les symptômes graves. Il faut surtout consulter un médecin, dès que possible, si les différents symptômes apparaissent. 

À ce jour, un vaccin (le Dengvaxia) a été approuvé et homologué dans certains pays. Cependant, seules les personnes présentant des signes d’infection antérieure par la dengue peuvent être protégées par ce vaccin. Plusieurs autres vaccins candidats contre la dengue  sont en cours d’évaluation.

Des chiffres qui interpellent

Environ la moitié de la population mondiale est aujourd’hui exposée au risque de dengue, quelque 100 à 400 millions d’infections survenant chaque année. Au cours des 20 dernières années, l’incidence de la dengue a progressé de manière spectaculaire dans le monde entier. Les cas signalés à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sont passés de 505.430 en 2000 à 5,2 millions en 2019. Une grande majorité des cas sont asymptomatiques ou bénins et le patient peut se soigner lui-même. Cela se traduit, selon les analystes de l’OMS, par une sous-notification du nombre réel de cas de dengue. En outre, comme pour d’autres affections fébriles, de nombreux cas sont mal diagnostiqués. Selon des estimations issues d’une modélisation, 390 millions d’infections par le virus de la dengue se produisent chaque année, dont 96 millions se manifestent cliniquement. Selon une autre étude sur la prévalence de la dengue, 3,9 milliards de personnes sont exposées à un risque d’infection par le virus de la dengue.

La maladie est aujourd’hui endémique dans plus de 100 pays dans les Régions OMS de l’Afrique, des Amériques, de la Méditerranée orientale, de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental. Les Régions des Amériques, de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental sont les plus gravement touchées, l’Asie concentrant environ 70 % de la charge de morbidité mondiale

M’Bah Aboubakar

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