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mardi 8 octobre 2024
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Education : le taux d’analphabètes estimé à 47%

Conseillère technique de la Ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation (MENA), Yvette Akissi, a indiqué le 3 août 2023, au Cerap, que le taux d’analphabètes en Côte d’Ivoire est estimé à 47%.

Selon la collaboratrice de la ministre Koné Mariatou, qui s’exprimait à l’atelier de pré-validation des textes règlementaires en matière d’Alphabétisation et d’Éducation Non Formelle (AENF), il urge de mettre en place un cadre de référence pour améliorer ce score et faire reculer l’analphabétisme en Côte d’Ivoire. Le gouvernement espère, dans un court délai, ramener ce taux de 47% à 30 %. 

L’alphabétisation figure au nombre des points clés de la phase 2 du Programme social du gouvernement (PsGouv) sur la période 2022-2024). L’objectif étant d’améliorer le niveau d’éducation des populations. Le PsGouv 2 a prévu le recrutement de 200 alphabétiseurs chaque année sur trois ans. Soit au total 600 alphabétiseurs. A charge pour ces derniers de mettre en place un programme d’alphabétisation de 18.000 adultes dont 6.000 chaque année de 2022 à 2024.

Des résultats encourageants

De fait, le taux d’analphabétisme général qui était de 51% en 2002 est passé à 43,8% en 2015, pour se situer à 43,70% en 2019. Une baisse qui s’explique, selon les observateurs, par la volonté du gouvernement ivoirien de faire de l’alphabétisation une priorité. Les initiatives dans ce sens sont nombreuses et se multiplient. Les collectivités locales, les organisations de la société civile mènent concomitamment des actions pour atteindre cet objectif. En 2021, le pays comptait 3.578 centres d’alphabétisation et 78.258 apprenants.

Les villes de l’intérieur ne sont pas en reste de la dynamique. En 2021, la région du Sud-Comoé comptait 77 centres d’alphabétisation. Bouaké, la capitale du centre, a réussi à intégrer le réseau mondial des villes apprenantes de l’UNESCO avec 86 promoteurs de centres d’alphabétisation et 164 centres. Pour l’année scolaire 2021-2022, ces centres ont accueilli 2091 apprenants dont 1270 femmes.

Deux approches phares

Sur le chemin de l’alphabétisation, deux approches principales sont retenues, à savoir l’alphabétisation classique et l’alphabétisation via le mobile. Ainsi sur les 6.000 personnes à alphabétiser chaque année (ainsi que le prévoit le PsGouv 2), 5.000 bénéficieront de l’approche classique et les 1.000 autres apprendront à lire, écrire et calculer grâce à l’approche numérique. Les localités concernées sont : Abengourou, Adzopé, Agboville, Bondoukou, Bouna, Bouaké, Boundiali, Daloa, Daoukro, Divo, Duékoué, Ferké, Gagnoa, Issia, Katiola, Korhogo, Man, Odienné, San-Pedro, Sassandra, Soubré et Touba.

Dans le cadre du projet pour l’Autonomisation des Femmes et le Dividende Démographique au Sahel (Sahel Women’s Empowerment and Demographic Dividend Project -SWEDD), 15.000 jeunes filles identifiées dans les espaces sûrs communautaires en vue de favoriser leur autonomisation, bénéficieront également de programme d’alphabétisation (5000 chaque année du PSGouv 2).

Des lauriers glanés à l’international

Une ONG ivoirienne a été récompensée pour son combat contre l’analphabétisme. Cette organisation, le Groupement des Alphabétiseurs par les Technologies de l’Information et de la Communication (GA-TIC) a remporté, en 2021, le Prix international d’alphabétisation, initié par l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) pour son projet d’alphabétisation fonctionnel des commerçants des marchés d’Abidjan, grâce à une application numérique d’alphabétisation sur téléphone portable. Le programme vise, non seulement à améliorer les compétences pour l’alphabétisation, mais également à acquérir des connaissances en matière de santé, de nutrition, de droits des femmes et d’entrepreneuriat, afin de leur permettre de mieux gérer leurs activités génératrices de revenus. Le projet de GA-TIC, au moment de cette distinction, avait déjà permis d’alphabétiser 1360 commerçantes sur les marchés d’Abidjan.

Les raisons de l’analphabétisme

« Le problème de l’analphabétisme chez un individu est le résultat de différentes causes qui sont généralement reliées entre elles. Ensemble, elles créent une série d’obstacles souvent insurmontables pour la personne concernée », explique Konan Boniface, Enseignant de Lettres modernes. « Par exemple, pour une personne qui naît en milieu défavorisé de parents faiblement scolarisés, le risque d’être analphabète ou de connaître de grandes difficultés d’apprentissage sera plus élevé. C’est ce que nous appelons la transmission intergénérationnelle de l’analphabétisme », ajoute-t-il. Avant de relever que les causes les plus fréquentes de l’analphabétisme chez un adulte sont une faible scolarisation des parents, l’échec et le décrochage scolaires (beaucoup n’ayant pas terminé leurs études secondaires), les conditions de vie difficiles, incluant la pauvreté, les troubles d’apprentissage (tels la dyslexie, la dysorthographie, etc.), la hausse des critères d’embauche et des technologies dans les milieux de travail. 

« Les adultes peu alphabétisés de 40 ans et plus ont la particularité d’appartenir aux générations pour qui les ouvertures en emploi étaient intéressantes malgré un niveau de scolarité moins élevé. Ils ont toujours travaillé au même endroit, ont fondé leur famille et n’ont donc pas ressenti le besoin de retourner en formation », fait remarquer l’enseignant. « Avec la fermeture de plusieurs entreprises au cours des dernières années, notamment dans les secteurs manufacturier et primaire, ces personnes se retrouvent sans emploi et sont souvent incapables d’en trouver un nouveau, parce quelles ont de la difficulté à lire et à écrire et n’ont pas les compétences nécessaires pour satisfaire aux exigences actuelles du marché », ajoute-t-il. 

Les conséquences de l’analphabétisme sont nombreuses et dommageables à plusieurs égards. En plus d’affecter les personnes analphabètes dans leur quotidien et leur avenir, ce fléau affecte la société de façon importante, tant sur le plan social que sur le plan économique, fait remarquer notre interlocuteur 

M’Bah Aboubakar

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