La Côte d’Ivoire a enregistré 5000 décès dus au Tabac en 2022 contre 9100 décès en 2018, révèle le rapport biennal 2022-2023 de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Derrière ces chiffres, se trouvent d’anciens fumeurs qui abandonnent la cigarette pour des motifs personnels, et l’accompagnement du gouvernement et des ONG. D’anciens fumeurs partagent leur expérience difficile ainsi que leur seconde vie sans tabac à Le Tamtam Parleur.
Akpa Jonas, diplômé en statistique-économie appliquée, est malvoyant à cause de son addiction à la cigarette. « La cigarette a affaibli mes nerfs optiques », se lamente-t-il à Le Tamtam Parleur. « Aujourd’hui, je suis malvoyant à cause du tabac », poursuit Akpa.
L’addict à la cigarette confie qu’il fumait trente cigarettes par jour pendant 39 ans. Actuellement, il est sans emploi et bénéficie d’un suivi psychologique grâce à une ONG. Akpa Jonas fume présentement 1 cigarette par jour, mais il affirme que ce résultat a été un parcours du combattant.
La « punition » de l’influenceur Hassan Hayek
« Fumer pour moi était devenu comme une punition au lieu d’un plaisir », nous confie Hassan Hayek alias « le vagabond de la charité ». « J’étais fatigué et lorsque je rentre chaque soir, mes enfants me disent Papa tes habits sentent la cigarette, arrête de fumer », témoigne encore le célèbre web-activiste. C’est donc l’interpellation constante de ses enfants qui lui a fait, au fil du temps, prendre conscience. Et depuis le 02 mai 2025, le vagabond de la charité s’est mis au sevrage tabagique. C’est d’ailleurs une décision personnelle qui se mène au mental, selon Hassan Hayek sur sa page Facebook.
Affichant en outre sa satisfaction : « je respire mieux, je suis à mon 11e jour sans cigarette, je sens le goût des différents aliments, réveil sans courbature, peau lisse, couleur de visage devient claire, bref j’encourage tout le monde en espérant tenir encore ».
Au 6e jour sans cigarette, Hassan Hayek a pu, selon lui, économiser 18000 FCFA équivalant au prix de 18 paquets de sa marque de cigarette.
La foi religieuse, l’antidote de Pascaline
Pascaline Kouamé (nous avons changé son patronyme pour respecter son choix de l’anonymat), a fumé pendant huit ans. Influencée par son entourage de fumeurs, elle a eu du mal à arrêter. Elle nous confie que c’est après une épreuve difficile (gardée secrète) et la participation à un camp de prière qu’elle a pris la décision de changer de vie.
Soutenue par un homme de Dieu, elle a trouvé le courage d’arrêter définitivement ; surtout après avoir souffert d’une toux chronique qu’elle pensait être la tuberculose. Aujourd’hui, Pascaline ne fume plus, se porte en bonne santé et déclare qu’elle est libérée du tabac. Néanmoins, Pascaline suit des traitements médicaux afin de pouvoir procréer.
Selon cette ancienne fumeuse, c’est probable que cette incapacité à concevoir un enfant soit liée aux effets du tabac sur son appareil génital.
« Grâce à la maladie, j’ai arrêté la cigarette »
Yéo Djakaridja, agent immobilier, était accro à la cigarette pendant quatorze années. Il déclare avoir lutté pour éviter de recommencer à fumer. « Suite à une consultation due à une forte douleur à la poitrine, le médecin m’a demandé de choisir entre la cigarette ou la vie », confie-t-il. Et de poursuivre : « j’ai compris que mes poumons étaient en danger ».
Yéo explique que pour y arriver, il a commencé par diminuer le nombre de cigarettes journalières.
« Après vingt mois, la cigarette et moi, c’est fini », se réjouit l’ex-fumeur. Et de conclure : « je me porte mieux ».
Cependant, Yéo aura mené une lutte avec la nicotine avant d’y arriver. Il avoue avoir rechuté deux fois dans la cigarette. Mais notre interlocuteur a désormais son petit secret.
« J’arrive à surmonter les moments de stress et de colère avec du lait ou de l’eau, tel que j’ai vu sur Internet ».
Les substituts nicotiniques, l’alternative ?
Selon Ettien Marcel, chargé de programmes et communication à l’ong Clucod, les bonbons, le chewing-gum ou patchs constituent des substituts nicotiniques. La consommation de beaucoup d’eau est proposée dans le suivi, en séance de sevrage des usagers de la cigarette. « Dire que ces substituts permettent vraiment d’arrêter de fumer, c’est discutable : tout dépend de la volonté. Les patchs et autres aides ne suffisent pas toujours à produire l’effet attendu », souligne Hassan Hayek.
En revanche, Jonas Akpa, malvoyant, assure avoir 150 bonbons en poche par jour pour arriver à ne pas fumer plus d’une cigarette. Quant au pneumologue, Docteur Diaw Aliow, il fera savoir qu’en réalité « il n’y a pas de substitution sans motivation personnelle ». Précisant qu’en fonction de la dépendance au tabac, une stratégie de sevrage est prescrite de manière à ce que le fumeur puisse y adhérer.
Les multiples effets négatifs du tabac à long terme …
Selon notre spécialiste en pneumonie, les effets négatifs de la nicotine sur l’organisme d’un fumeur peuvent affecter plusieurs organes, entre autres, les poumons, les narines, la gorge, etc. Et, au pire des cas, ce sont le cancer, des infections liées à la tuberculose et des maladies inflammatoires des voies respiratoires. Chez le fumeur masculin, les effets négatifs peuvent entraîner une prostate à long terme. Alors que chez la femme, les affections touchent les voies génitales.
Toujours d’après le spécialiste, les organes les plus affectés sont ceux en contact direct avec la cigarette : le poumon, le nez et la gorge qui peuvent être atteints d’un cancer. Dr Diaw préconise donc d’anticiper par la sensibilisation des jeunes pour une vie sans tabac au lieu de corriger une habitude tabagiste.
24 milliards de FCFA pour soigner les pathologies
Le plaidoyer de l’OMS a abouti, en janvier 2022, à l’adoption des décrets portant sur le conditionnement et l’étiquetage des produits du tabac et sur le suivi, la traçabilité ainsi que la vérification fiscale des produits du tabac en Côte d’Ivoire, révèle le rapport biennal 2022-2023 de l’organisme.
Selon Ettien Marcel, ces mesures sont prises pour réduire l’offre et la demande, surtout décourager les fumeurs en Côte d’Ivoire. A cela, s’ajoute le conditionnement neutre sur les paquets du tabac avec des images choquantes pour interpeller le fumeur sur les effets du tabac sur l’organisme ; sans oublier l’interdiction de la vente au détail de la cigarette qui est en vue.
L’Etat de Côte d’Ivoire investit annuellement 24 milliards de Fcfa pour la prise en charge des pathologies liées au tabac (OMS).