Fréquente chez la femme en âge de procréer, l’endométriose, maladie se manifestant par des douleurs pelviennes atroces, peut conduire à l’infertilité.
Maladie gynécologique qui touche une femme sur dix dans le monde, l’endométriose reste à ce jour mal connue en Côte d’Ivoire « Les statistiques concernant cette maladie ne sont pas encore connues parce qu’elle a longtemps été ignorée », fait observer Dr Doli Rodolphe, gynécologue. « On dénombre des milliers de femmes atteintes de l’endométriose à travers le pays», indique, pour sa part, Mme Adjehi Olive, présidente de l’ONG Endo Woman Afrik, elle-même touchée par la maladie. « Malheureusement, cela reste tabou. Il est même difficile pour les femmes d’aborder le sujet» dénonce-t-elle, peinée.
Une maladie « mystérieuse »
L’endométriose est une maladie de l’endomètre (le revêtement interne de l’utérus). Quand la maladie s’installe, les cellules qui le composent migrent hors de la cavité utérine, en passant par les trompes de Fallope et colonisent d’autres organes de l’abdomen. Elles saignent donc hors de l’utérus, mais ce sang ne peut être évacué naturellement comme les règles. Cela provoque, aux endroits où le tissu se trouve, des lésions, nodules ou kystes, ainsi que des réactions inflammatoires qui sont extrêmement douloureuses.
Les symptômes
Une femme atteinte d’endométriose a de fortes douleurs et saigne abondamment, durant la période des menstrues. Elle a des douleurs pendant et après les rapports sexuels, des douleurs pelviennes – au bas ventre – fréquentes, une défécation douloureuse, des difficultés à uriner, des traces de sang dans les urines, des vomissements, des douleurs abdominales dans 40% des cas, elle est infertile. Ces symptômes diffèrent d’une femme à une autre, en fonction du type d’endométriose qu’elle présente.
Maladie aux conséquences désastreuses
Vivre avec l’endométriose est un véritable calvaire pour les femmes atteintes par ce mal, car il engendre des douleurs extrêmes. « Depuis très jeune je vis avec cette douleur insoutenable due à l’endométriose », témoigne Mme Adjehi Olive. Emeline K souffre également de cette douloureuse affection, depuis l’âge de treize ans. « Cette douleur ne s’explique pas, c’est comme si j’avais du feu dans mon utérus. C’est insupportable » décrit-elle. « Les douleurs étaient tellement fortes au point de vouloir m’arracher les entrailles », explique Odile D, aujourd’hui ménopausée.
L’endométriose a un impact considérable sur la qualité de vie des femmes malades. Leur quotidien est bouleversé et cela se remarque particulièrement à deux niveaux. Premièrement, dans le domaine professionnel. « J’ai dû démissionner de mon poste de chef d’agence de banque, en partie à cause de l’endométriose, pour m’installer à mon propre compte », nous confie Mme Adjehi Olive. « Je devais m’absenter chaque mois, pendant trois à sept jours, à cause des douleurs et c’était très difficile à gérer avec la hiérarchie», se remémore cette dame. « Chaque mois, je dois m’absenter pendant quelques jours, et cela a un impact sur mon rendement au travail », témoigne, de son côté, Emeline K.
Deuxièmement, dans le domaine familial, cette maladie provoque des bouleversements. « Les douleurs pendant les rapports sexuels m’empêchent d’avoir une vie sexuelle épanouie avec mon conjoint », raconte Eden O. Et d’ajouter avec regret : « cette situation est à la base de mes ruptures amoureuses ». « J’ai vécu les conséquences de l’endométriose. L’infertilité, les tensions dans le couple et même les divorces », s’indigne Juliette Bah.
En plus d’avoir des conséquences physiques, l’endométriose engendre un traumatisme psychologique chez les femmes touchées. « Une femme atteinte d’endométriose vit constamment avec la peur. Nous sommes obligées d’emporter des antalgiques partout où nous allons car les douleurs peuvent survenir à tout moment », prévient Mme Adjehi. Des propos confirmés par Emeline K. « À l’approche des règles, je suis stressée. Quand j’imagine la douleur, je n’arrive pas à dormir », ajoute-t-elle. « J’ai failli me suicider un jour car je ne pouvais plus supporter cette maladie », avoue Mme Kouassi 39 ans, souffrant de cette maladie depuis la classe de CM2.
Le problème avec cette maladie est qu’elle n’est pas diagnostiquée tôt. Les femmes qui en souffrent doivent attendre de nombreuses années, avant d’être situées sur l’origine de leur mal. Pourtant, la douleur s’intensifie et les médicaments sont très coûteux. De plus, il n’existe pas encore de traitement pour venir à bout de cette maladie. A ce jour, il n’existe que des médicaments pour apaiser les douleurs dont la morphine. Dans certains cas, une intervention chirurgicale est requise pour enlever les lésions.
L’avis du médecin
Selon Dr Doli Rodolphe, gynécologue « l’endométriose peut se guérir si elle est vite prise en charge ». Il ajoute : « une fois l’apparition de kystes ou fibromes constatée, il sera difficile pour la patiente d’en guérir, sauf si on recourt à une hystérectomie ». L’hystérectomie consiste en l’ablation chirurgicale de l’utérus. Dr Doli conseille vivement que les femmes se rendent immédiatement à l’hôpital, lorsqu’elles constatent des douleurs inhabituelles, pendant la période des menstrues.
Madjara GNAMBA
