27 années de présence sur la scène musicale ivoirienne lui ont permis d’imposer son reggae à la rythmique mandingue. Koné Ibrahima Kalilou alias Fadal Dey, l’artiste aux 150.000 exemplaires vendus en 1997 se confie…
La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2023 a révélé des artistes ivoiriens comme Tam Sir, l’auteur de «Coup du marteau». Comment le faiseur de reggae expérimenté, Fadal Dey, a-t-il «joué» sa CAN, sur le plan artistique?
Pendant la CAN, j’ai composé une chanson intitulée ‘’CAN ambiance Akwaba’’, qui a tourné pratiquement sur toutes les chaînes de radio et de télévision ivoiriennes. La chanson a été appréciée par les mélomanes. Je profite de votre journal pour leur dire merci ! Je pense avoir apporté ma contribution à la réussite de cette compétition sportive.
Comment le panafricaniste que vous êtes a-t-il vécu cette CAN qui a rassemblé des peuples d’Afrique?
Le football est un facteur de rassemblement des peuples. Mais, ce sport n’a rien de politique. Pour cette raison, je ne saurais accorder une dimension panafricaniste à ce sport roi. Hormis cet aspect politique, les peuples africains sont obligés de s’aimer, de se rencontrer et de se rassembler, s’ils veulent aller de l’avant.
Que pense Fadal Dey, petit fils du chansonnier traditionnel Gbêrêkôrô, natif d’Odienné, de la musique faite par la nouvelle génération d’artistes ivoiriens?
Je pense que chaque génération d’artistes fait la musique de son époque. Les anciens ont fait et continuent de faire la leur, nous faisons la nôtre.
Aujourd’hui, la nouvelle génération fait la musique de son époque où il y a moins de messages, mais assez de partitions réservées à la danse, dans les arrangements. Ce qui fait qu’à chaque sortie, il leur faut créer un concept de danse pour accompagner ce qu’ils ont produit en studio.
Est-ce que vous vous définissez comme un artiste engagé?
Pour moi, l’engagement d’un artiste se reconnaît par le fait qu’il a une conviction, des idées, qu’il défend constamment. Je ne suis ni un artiste propagandiste, ni un artiste opportuniste. J’assume et je défends des causes qui correspondent à mes convictions. Je suis donc engagé.
Quelle est la particularité du reggae fait par Fadal Dey?
Mon reggae est baptisé ‘’Mandé Roots Culture’’. Ce qui veut dire, en anglais, «Racine de la culture mandé». Cette forme de reggae s’inspire essentiellement des rythmes de mon terroir, c’est-à-dire d’Odienné, comme le Vôri, le Yagba, le Zolo, le Bourou, le Tidadi, le N’gôdi. Ce sont des danses traditionnelles desquelles je m’inspire pour moderniser ma musique. C’est parce que mon reggae se nourrit de toutes ces influences musicales qu’il est particulier. Lorsque vous entendez du Bob Marley, du Lucky Dube, du Alpha Blondy, dès les premières sonorités, vous les reconnaissez. C’est la même chose avec Fadal Dey qui a son identité musicale.
À quoi doivent s’attendre les mélomanes, dans votre prochain album présentement en préparation?
Mon album en préparation va véhiculer des messages d’amour, de pardon, de cohésion sociale, de stabilité et de réconciliation, notamment. Dans une chanson intitulée «Panafriconnisme», je fustige le comportement de certains ‘’frères’’ africains manifestant de la haine contre leurs propres ‘’frères’’ africains. Lorsque je vois un Africain qui rejette un autre Africain, sous le prétexte qu’il est d’une autre nationalité du continent, et qu’il est de ce fait un étranger dans un pays d’Afrique, et après se réclame panafricain, j’appelle cela du « panafriconnisme ». L’album en préparation est une galette colorée, avec des messages forts et du rythme qui, je l’espère, sera bien accueilli par mon public
Entretien réalisé par Firmin YOHA
