Le carême chrétien et le jeûne musulman sont des périodes de privation alimentaire qui procurent de nombreuses vertus sur les plans physique et spirituel. Dans quel état de santé doit-on jeûner ? Comment se nourrir, selon quel tranche d’âge, pendant cette période de pénitence? Pour répondre à ces questions, Le Tamtam Parleur s’est entretenu avec Dr Jules Kouassi, spécialiste en santé publique et nutrition, le 4 mars 2025, au quartier Djorobité dans la commune de Cocody.
Le jeûne apporte beaucoup de bienfaits à l’organisme, confie Dr Jules Kouassi. Selon lui, en remontant dans la préhistoire, les Romains et les Egyptiens utilisaient le jeûne pour se soigner, pour garder un état hygiénique au niveau de l’organisme. Puis, il ajoute que normalement, un être humain doit pouvoir jeûner une fois par semaine car, selon lui, le jeûne élimine tous les ennuis de santé, les problèmes cardiaques, l’hypertension artérielle, la montée du mauvais cholestérol et le diabète.
D’après notre spécialiste, le jeûne est une occasion de purifier le corps, les organes vitaux, c’est-à-dire le foie, le cerveau, les poumons, le cœur et tout ce qui est digestif. Si l’on arrive à les entretenir correctement, alors beaucoup de maladies peuvent être évitées, faut-il observer. Cependant, nuance Dr Kouassi, pour des cas de maladies métaboliques telles que le diabète, l’hypertension artérielle, il est recommandé de ne pas faire de carême ou de jeûne.
Quelles sont les personnes aptes à jeûner ?
Les jeunes adultes et les adultes, c’est-à-dire de la tranche d’âge de 18 ans à 60 ans, en bonne santé, sont des personnes aptes à observer cette période de privation alimentaire, explique Dr Kouassi, précisant toutefois qu’une attention particulière doit être portée à l’hydratation et à la qualité des aliments consommés, lors des repas de rupture du jeûne ou carême.
Mais, selon le nutritionniste, les adultes du troisième âge et les enfants sont invités à s’abstenir du jeûne ou du carême. Pour les enfants et les adolescents, le jeûne peut entraîner des répercussions négatives sur la croissance et le développement. Dans le cas où un enfant observe le carême ou le jeûne musulman, des ajustements sont nécessaires pour garantir qu’il reçoive tous les nutriments nécessaires à son bien-être.
Quant aux personnes âgées, le jeûne peut entraîner des risques de déshydratation et de faiblesse, particulièrement chez celles souffrant de maladies chroniques. Il est conseillé de limiter la durée des périodes de jeûne et de veiller à une alimentation saine, riche en calcium, en vitamines et en protéines pour préserver leur santé, fait comprendre le spécialiste. Par ailleurs, notre médecin suggère d’aider, par le partage, les personnes démunies dont le revenu est faible d’autant elles ont besoin d’une assistance sur le plan nutritionnel, afin d’être en bonne santé, pendant cette période de pénitence.
Comment éviter d’avoir faim
Selon le nutritionniste, à la rupture du jeûne, il faut éviter d’être rassasié. En effet, il explique, c’est le fait d’être rassasié la veille qui fait que le jour suivant, à la mi-journée, certains ne tiennent plus, parce que la faim revient intensément.
Il conseille aussi d’éviter de consommer le sucré, mais de boire suffisamment de l’eau à la température ambiante, à la rupture. Le praticien recommande de consommer des semi-liquides tels qu’une bouillie de céréales (mil, mais, riz, sorgho), suivie de légumes. Et de prendre comme repas de résistance, le riz sauce ou le foutou avec de la viande blanche, mais en petite quantité le soir, car plus l’on est rassasié, assure le spécialiste en nutrition, plus le jeûne devient beaucoup plus difficile. C’est ce qu’on appelle une faim douloureuse.
Le jeûne ne fait pas maigrir
Certains disent qu’ils profitent du jeûne pour maigrir. Cela est faux, martèle Dr Jules Kouassi. Selon lui, le jeûne ne fait pas maigrir. «En fait, vous perdez, pendant la période, quelques kilo, mais vous les rattrapez en triple, après le moment de carême ou jeûne. C’est pourquoi il faut être bien suivi après le carême ou le jeûne », détaille-t-il.
Après le jeûne ou le carême
Lorsque l’on finit le carême ou le jeûne, il faut manger étape par étape, en introduisant certains aliments qu’on a éliminé pendant la période de privation, pour ne pas rentrer dans un système maladif ou pour éviter de prendre du poids, recommande le médecin. Il assure qu’observer ces mesures préservent la bonne santé et la pleine forme chez le jeûneur. Ce qui permettrait d’éviter de tomber dans le cercle vicieux des maladies chroniques. Il faut surtout s’hydrater suffisamment car l’eau permet d’éviter la faim, conclut Dr Jules Kouassi.