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lundi 13 mai 2024
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Pêche maritime : La production baisse de 38%

En Côte d’Ivoire, l’exécutif a décidé, le 19 avril en Conseil des ministres, d’instaurer des périodes de repos biologique pour les poissons dans la pêche maritime. Ce, en réponse à la baisse de la production qui est passée de de 69.769 tonnes en 2003 à 42.738 en 2020.

C’est une baisse qui interpelle. En Côte d’Ivoire, la production de la pêche maritime a chuté de 69.769 tonnes en 2003 à 42 738 en 2020, soit une baisse de 38,75 %. En donnant cette information à la presse, le jeudi 25 mai 2023, le ministre des Ressources Animales et Halieutiques, Sidi Tiémoko Touré interpellait les acteurs du secteur sur la menace que constitue la baisse continue des ressources halieutiques marines. Ainsi a-t-il informé que le gouvernement a pris l’initiative d’instaurer un repos biologique annuel dans les eaux marines. Une décision prise en Conseil des ministres, le 19 avril 2023.  Pour Sidi Tiémoko Touré, cette mesure de fermeture des pêches maritimes en Côte d’Ivoire, en plus des avis scientifiques, intègre les recommandations du Comité International pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT). Il précisera, dans la foulée, que le repos biologique devant être mis en œuvre cette année connaîtra deux phases, selon le type de pêche. La phase 1 part du 1er au 31 juillet 2023 et concerne les unités de pêches artisanales et semi-industrielles. Quant à la phase 2, elle s’étendra du 1erjuillet au 31 août 2023 et elle est appliquée aux unités semi-industrielles et industrielles.

Action concertée

Avec les défis que représentent la surpêche et les pratiques de pêche illégale, la gestion durable des ressources halieutiques est plus que jamais à l’ordre du jour. Conduite en collaboration avec d’autres départements ministériels – Défense, Transports, Environnement et Commerce notamment – la mise en œuvre de la fermeture saisonnière annuelle de 2023 sera ponctuée par la prise d’un arrêté pour institutionnaliser la fermeture saisonnière annuelle des pêches maritimes, la mise en place d’un comité de suivi de la fermeture saisonnière et d’évaluation des impacts, l’organisation de patrouilles en liaison avec la marine nationale et le Centre de Surveillance Satellitaire des activités couvrant toute la Zone Economique Exclusive (ZEE) de la Côte d’Ivoire.Il s’agit d’une bande de mer ou d’océan située entre les eaux territoriales et les eaux internationales, sur laquelle un État riverain (parfois plusieurs États dans le cas d’accords de gestion partagée) dispose de l’exclusivité d’exploitation des ressources.

Pour le gouvernement, la fermeture saisonnière des pêches vise la préservation et la reconstitution des stocks de poissons, l’augmentation des captures, l’exploitation durable des ressources, l’amélioration des revenus des acteurs de la chaîne de valeur, ainsi que la préservation des emplois.« Le non-respect des dispositions relatives au repos biologique constitue une infraction conformément à l’article 105 de la loi sur la pêche qui prévoit un emprisonnement allant d’un à cinq ans et le paiement d’une amende de 50 à 300 millions de FCFA ou l’une de ces deux peines », a tenu à préciser Sidi Tiémoko Touré.

La piraterie maritime : le mal

En 2010, Prof Céline Yolande Koffie-Bikpo, géographe, tirait la sonnette d’alarme. Dans son article intitulé « La pêche maritime en Côte d’Ivoire face à la piraterie halieutique » publié dans « Les Cahiers d’Outre-mer Revue de Géographie de Bordeaux » de juillet-septembre 2010, écrivait que « les pratiques de pirateries   halieutiques détruisent l’écosystème, déstabilisent le socio-système mis en place par les pêcheurs, et portent parfois atteinte à la vie des pêcheurs ou des autorités chargées de la surveillance des côtes ». Une situation imputable, à en croire l’universitaire, à des « navires étrangers battant pavillon de complaisance, mais également de navires de pêche industrielle battant pavillon ivoirien ». « Si une solution n’est pas rapidement trouvée à ce fléau, cela pourrait porter une grave atteinte au développement durable de l’activité de pêche et avoir de ce fait un impact négatif sur la sécurité alimentaire des Ivoiriens », avertissait Prof Céline Yolande Koffie-Bikpo.

Manque à gagner

Selon l’ONG internationale Greenpeace, «la pêche Illégale, Non-déclarée et Non-réglementée (INN) est en train de gangrener les océans du monde et l’Afrique de l’Ouest fait partie des zones qui paient le plus lourd tribut ». L’organisation, qui s’appuie sur des données de la Banque Mondiale, indique en sus, que cette région du monde perd chaque année 1,3 milliard de dollars, en raison de la pêche INN. De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), note que la pêche INN est responsable de la prise annuelle de 11 à 26 millions de tonnes de poisson, privant ainsi l’économie mondiale de 10 à 23 milliards de dollars. De plus, ajoute l’organe onusien, près de 10% de la population mondiale dépend directement de la pêche et dans plusieurs pays en développement, le poisson est la denrée alimentaire la plus commercialisée.

Mutualiser les forces

Problématique parce qu’elle empêche les pays de bien gérer leurs stocks de produits de la mer et ainsi d’avoir une industrie durable de la pêche, la pêche INN ne peut être combattue par les pays isolément. Parce que soumis aux mêmes pressions, ils ont pris la mesure du danger et ont décidé d’engager le combat contre les pirates, par la mutualisation des moyens opérationnels d’une part et par l’échange de renseignements stratégiques d’autre part.

C’est dans cette dynamique qu’en septembre 2019, la Côte d’Ivoire a ratifié l’Accord de 2009 de la Fao relatif aux mesures du ressort de l’État du port (Amrep) visant à prévenir, contrecarrer et éliminer la pêche INN. Le pays s’est ainsi doté d’un Centre de Surveillance des Pêches, d’une valeur de 827 millions de FCFA, avec l’appui de l’Union Européenne, afin de renforcer le suivi, le contrôle et la surveillance des activités dans la Zone Economique Exclusive qui s’étend sur 200.000 km².   

M’Bah Aboubakar

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