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lundi 20 mai 2024
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Monnaie : 250 francs, une pièce à problèmes

Refusée par presque tous les usagers, la pièce de 250 francs CFA a toujours cours légal. Malgré les assurances de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), cette pièce est toujours boudée par les usagers, au point d’être presque introuvable aujourd’hui.   

Le constat est clair. La plupart des commerces refusent de prendre la pièce de 250 F CFA depuis quelques années. Une pièce devenue presque invisible, à telle enseigne que l’on entend dire ici et là  qu’elle a été retirée de la circulation par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Commerçants, boutiquiers, gérants de cabines téléphoniques, chauffeurs de taxis ou de minicars, clients, pour des raisons qu’ils expliquent difficilement, ont la phobie de cette pièce. « Personne n’accepte la pièce de 250 F CFA. Moi non plus, je ne l’accepte pas », indique Aminata, vendeuse de jus dans la commune de Cocody. Manu, gérant d’une cabine téléphonique dans la même commune, affirme également refuser cette pièce de monnaie. « Je ne prends plus la pièce de 250 francs CFA. Simplement parce que les clients aussi la refusent parce qu’elle est très souvent lisse », argumente-t-il. Et d’ajouter : « quand je la prends, je me retrouve après avec plusieurs de ces pièces que je n’arrive pas à dépenser parce que personne ne veut les prendre ».

La pièce étant devenue difficile à dépenser parce que refusée par tous, les usagers s’en méfient logiquement. Beatrice, commerçante de médicaments traditionnels à Treichville témoigne : « Avant, je prenais cette pièce. Mais plus maintenant. Parce que c’est difficile à utiliser. Quand on les donne aux clients, ils les refusent. J’ai beaucoup de pièces à la maison et je ne sais quoi en faire ». De son côté, Moussa, chauffeur de taxi communal à Cocody ne veut pas entendre parler de cette pièce. « Faut laisser affaire de 250 francs-là », lâche-t-il, en colère.

Il n’y a pas que les petits commerçants qui refusent la pièce de 250 FCFA. Les supermarchés, pharmacies et stations-service en font de même. « Nous avons reçu l’instruction de la direction de ne pas accepter cette pièce car les clients ne veulent pas la prendre », révèle une caissière du supermarché Hyper U des Deux Plateaux. Une autre, au supermarché Carrefour, à « Las Palmas », toujours aux Deux Plateaux, invoque la même raison. A la pharmacie des Halles, sise au sein du supermarché Hyper U, la réponse est invariable : « Non, nous n’acceptons pas cette pièce ici ».

Le refus de la fameuse pièce de monnaie a très souvent provoqué des altercations entre commerçants, chauffeurs et clients.

Les vaines assurances de la BCEAO

Le 20 septembre 2016, à Dakar, Chalouho Coulibaly, alors directeur national de la BCEAO pour la Côte d’Ivoire, faisait la précision suivante : « la pièce de 250 FCFA a cours légal et pouvoir libératoire. Lorsque la BCEAO met en circulation une nouvelle pièce ou doit la retirer de la circulation, elle en fait une large diffusion pour informer les usagers, à travers des communiqués. Or, nous n’avons jamais publié de communiqué interdisant l’utilisation des pièces de 250 FCFA dans les échanges. Elle reste toujours valable ». Il avait alors demandé aux usagers de continuer d’utiliser cette monnaie tout comme les pièces de 5F, 10F, 25F, 50F, 100F, 200F…

Sept ans après avoir donne cette assurance, la pièce à problèmes continue d’être dédaignée dans les échanges. Commerçants, transporteurs, clients, personne n’en veut.

Une source au siège national de la Banque Centrale réitère les dires de Chalouho Coulibaly. « Il n’existe pas, à ma connaissance, une décision relative à une opération de démonétisation de la pièce de 250 francs CFA », rassure notre interlocuteur. Il explique qu’une opération de démonétisation consiste à retirer de la circulation un billet de banque ou une pièce de monnaie qui n’a plus cours légal. En revanche, une autre source, toujours au siège de la BCEAO, à Abidjan, avance un avis contraire. « Ce n’est rien d’officiel. Ce sont des choses qui se racontent ici et là, mais vous comprendrez qu’en l’absence d’une décision officielle, personne ne peut se risquer à dire que cette pièce n’a pas cours légal », croit-elle savoir.

Madjara GNAMBA

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