Georges Momboye est une personnalité incontournable dans les grands événements culturels à travers le monde. En témoigne sa direction artistique du concert historique du rappeur ivoirien Didi B, le 3 mai 2025 au stade Felix Houphouët-Boigny. Il est directeur général du ballet national de Côte d’Ivoire et chorégraphe du ballet national de Guinée. Le Tamtam Parleur l’a rencontré.
Le Tamtam Parleur : Quelle est votre vision artistique ?
Georges Momboye : Ma mission s’inscrit dans une vision de renouveau artistique, portée par une écriture chorégraphique contemporaine enracinée dans nos traditions. Surtout mettre en lumière la richesse patrimoniale de nos cultures, tout en formant une nouvelle génération de danseurs, conscients de leur héritage et ouverts à l’innovation.
Quel message transmettiez-vous à travers la mise en scène artistique lors de l’ouverture de la CAN 2023 ?
Ce spectacle était avant tout un hymne à l’unité africaine, à la jeunesse et à la paix. Mon objectif était de magnifier notre identité plurielle, de traduire en images, en sons et en mouvements : l’hospitalité, la résilience et la créativité de notre peuple.
Qu’est-ce qui fait la force et la singularité de votre signature artistique pour le concert de Didi B ?
C’est sans doute ma capacité à marier les univers : allier le sacré au spectaculaire, le contemporain au traditionnel, le populaire à l’érudit.
Comment réussissez-vous à conjuguer les danses traditionnelles africaines et l’expression chorégraphique contemporaine dans vos créations ?
Ma démarche consiste à écouter les racines pour mieux projeter l’arbre, à puiser dans les gestes anciens les outils d’une expression actuelle. Cela implique aussi un travail de recherche, de codification, et une grande exigence pédagogique auprès des interprètes. C’est un dialogue permanent entre les temps.
Quel a été le plus grand défi de votre parcours artistique dans la valorisation de la culture africaine à l’échelle internationale ?
Le plus grand défi a été de faire entendre la voix de l’Afrique sans clichés ni réductions, de prouver que nos danses, nos récits, nos esthétiques ont toute leur place sur les grandes scènes du monde. Aujourd’hui, je suis fier de voir des créations africaines ovationnées à Paris, Tokyo ou Bamako.
Pensez-vous que les artistes noirs rencontrent encore des obstacles pour s’imposer dans la chorégraphie ?
Oui, les obstacles existent toujours. Il y a encore des plafonds invisibles, des stéréotypes, des exclusions plus ou moins conscientes. Mais je crois aussi qu’une nouvelle génération est en train de les briser avec audace. L’enjeu est désormais de créer nos propres scènes, nos propres narrations, de ne pas attendre la validation d’un système extérieur, mais d’affirmer notre place, avec excellence et authenticité. Le monde change, et nos danses sont des forces de proposition, des espaces de reconquête et de fierté.