La consommation de gaz butane en Côte d’Ivoire est estimée en 2023, à 657 337 tonnes métriques (TM) dont 521 093 TM conditionnées dans les bouteilles B6, rapporte le site du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie. La bouteille B6 appelée communément “Faitout”, qui représente 79,2 % de la consommation totale de gaz butane, est le format le plus populaire auprès des ménages. Cependant, ces dernières années, des incendies domestiques causés par une mauvaise manipulation ou un mauvais entretien des bouteilles de gaz B6 sont légion. Ce qui soulève la question de la dangerosité de cette bouteille.
Sur 3500 interventions effectuées par le Groupement des Sapeurs-Pompiers Militaires (GSPM) en cours d’année 2025, 1400 sont liées aux incendies de gaz, rapporte la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), dans une publication du 21 mai 2025 sur sa page Facebook. En effet, 80 % des victimes enregistrées au Centre des grands brûlés d’Abidjan sont des cas de blessures liées à la bouteille de gaz butane B6, confie à Le Tamtam Parleur Aka Rose, dit Rose de Souza, présidente de l’Association des grands brûlés d’Abidjan. A l’en croire, la cause des incendies est liée au manque de savoir-faire dans l’utilisation de la bouteille de gaz butane B6. Selon Rose de Souza, la plupart des bouteilles de gaz disponibles sur le marché sont vendues sans avis d’utilisation, comparées aux paquets de cigarettes qui portent l’avertissement « Abus est dangereux pour la santé ». Elle explique que cette absence d’instructions peut entraîner des risques, car les utilisateurs ne sont pas correctement informés sur la manipulation sécurisée de ces produits. Elle soutient que bien que les accidents surviennent en cas d’erreur humaine, il est prudent de supprimer la bouteille de gaz B6 pour limiter les dégâts.
Les brûleurs pointés du doigt
“Les explosions se produisent, lorsque les patients tentent d’installer le brûleur de gaz butane B6”, a fait savoir Rose de Souza. Dans le même sens, trois responsables de Sara Petroleum, entreprise de distribution d’hydrocarbures, dont le directeur commercial, ont également remis en cause la qualité des brûleurs. Selon eux, la tige utilisée pour ouvrir la bouteille de gaz butane B6 reste bloquée dans son support, ce qui explique pourquoi certains utilisateurs ouvrent d’abord la bouteille avant d’allumer une allumette.
Le transvasement interdit
Pour sa part, Marius Comoé, président du Conseil national des consommateurs de Côte d’Ivoire (CNO-CI) déclare que le transvasement des bouteilles de gaz butane est interdit en Côte d’Ivoire. Cependant cela est pratiqué en cachette par des commerçants véreux. Il ajoute que les pouvoirs publics doivent interdire les boutiques stockant de nombreuses bouteilles de gaz dans des environnements chauds, car la chaleur favorise les explosions. Le transvasement illégal de gaz butane qui est interdit par la loi ivoirienne (loi n°92-469 du 30 juillet 1992), expose les ménages aux fuites dues à des bouteilles sous-remplies ou mal requalifiées susceptibles de provoquer des incendies graves, avertit Marius Comoé. Néanmoins, la persistance de cette pratique, souvent motivée par des gains financiers, montre les limites de la sensibilisation et de l’application des sanctions, relève-t-il.
La suppression de bouteille B6 divise
Pour la présidente des grands brûlés, supprimer la bouteille de gaz butane B6 serait une bonne idée car cette bouteille n’est pas totalement un produit fini. L’idée, selon elle, est qu’il vaut mieux privilégier un gaz coûteux mais sûr, comme la bouteille de gaz butane B12, plutôt que d’utiliser la bouteille B6 moins chère, qui expose aux risques d’explosion. Quant aux responsables de Sara Petroleum, ils estiment que la bouteille de gaz butane B6 ne pose aucun problème. Et Kanté Drissa, directeur commercial de Sara Petroleum d’alerter sur l’urgence de réguler le marché des brûleurs. Selon lui, cette décision va réduire les cas d’incendie. Ce faisant, l’Etat se doit de faire des campagnes de sensibilisation à l’endroit des populations sur comment utiliser les bonbonnes de gaz butane B6.
« Supprimer la bouteille de gaz butane B6 nuirait à de nombreux usagers et ménages ivoiriens qui en dépendent », plaide Marius Comoé. Et d’ajouter que malgré les risques d’incendies liés à la bouteille B6, il ne faut pas ignorer son accessibilité et sa praticité. « Plutôt que de la retirer du marché, il est préférable d’exiger des fabricants qu’ils repensent sa conception pour la rendre plus sûre », conclut le défenseur des consommateurs de Côte d’Ivoire. Par ailleurs, l’on note des initiatives de sensibilisation sur les sites de la Direction Générale des Hydrocarbures de Côte d’Ivoire et de l’Office National de la Protection Civile (ONPC). Le Tamtam Parleur a adressé une demande à l’ONPC pour obtenir des informations sur les incidents liés à l’utilisation des bouteilles de gaz butane B6, mais cette requête est malheureusement restée sans suite.
Le circuit des bouteilles de gaz
Les techniciens de Sara Petroleum, expliquent que les bouteilles de gaz butane vides sont fournies par des partenaires extérieurs. Mais la fourniture du gaz butane aux distributeurs agréés est faite par la société ivoirienne Petroci. Lesdits distributeurs procèdent ensuite au remplissage des bouteilles dans les centres emplisseurs leur appartenant. Nos experts précisent que le processus suit un procédé mis en place qui n’autorise que des bouteilles soumises aux normes et au standard international.
Les prévisions pour 2025 de la consommation de gaz butane s’élèvent à 786 689 tonnes métriques (TM), indique le rapport de la présentation écologie, énergies renouvelables du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie.