La juriste et écrivaine Fatimé Raymonne Habré, ex-Première dame du Tchad, a accordé un entretien à Le Tamtam Parleur en marge du SILA 2025, à Abidjan. Elle évoque ses activités et projets littéraires.
Le Tamtam Parleur : Racontez-nous vos œuvres « Afrique Debout » et « Symbil et le décret royal ».
« Afrique Debout » est constituée de nombreuses chroniques politiques sur le terrorisme, Winnie Mandela, Kadhafi, l’affaire Hissein Habré, etc. « Symbil et le décret royal » retrace le vécu d’une jeune Africaine enlevée et vendue dans un harem sultanien pendant la traite arabe. On la suit dans le harem qui est décrypté pour montrer une institution importante qui perpétue le pouvoir monarchique en étant la matrice de la monarchie. C’est une histoire émouvante mais aussi un devoir de mémoire par rapport à toutes les souffrances que nos populations ont vécues. Ce livre a obtenu, en 2024, le Prix Ken Bugul du livre féminin.
Est-ce que l’affaire Hissein Habré influence votre engagement littéraire ?
Oui, à travers les épreuves subies et l’injustice endurée.
Allez-vous écrire un jour sur cette affaire Habré ?
Oui bien sûr. Pour le moment, c’est difficile pour moi.
Qu’est-ce qui vous a motivée à participer au SILA ?
J’ai créé à Dakar un espace culturel composé d’une librairie indépendante, une maison d’édition, une galerie d’arts et une salle des savoirs. Le SILA est un rendez-vous majeur et incontournable, donc nous sommes venus participer, faire des rencontres, et apprendre aussi dans les ateliers professionnels. Ce fut une expérience très enrichissante.
Quels sont les défis de la littérature africaine aujourd’hui ?
À l’ère du numérique et de la séduction de l’image et des vidéos, il nous faut nous battre pour que notre jeunesse lise, s’instruise. Et nous devons, en tant que parents, lire pour que nos enfants lisent aussi.
Que pensez-vous de la cause de la femme africaine ?
Les femmes ont besoin d’un environnement positif, du soutien de leur famille, de leur conjoint et de leurs enfants, car elles gèrent la charge mentale du foyer et doivent allier vie privée et vie professionnelle pour le bien-être de tous. Elles constituent 52 % de la population dans de nombreux pays, c’est un important poids électoral. Elles doivent s’organiser en réseaux, constituer une plate-forme de revendications et obtenir la réalisation de leurs objectifs.
En tant qu’ex-Première dame et intellectuelle engagée, rencontrez-vous des difficultés dans votre action ?
Non, actuellement, je n’ai aucun problème. Je m’occupe de mon espace culturel, de mes enfants et des livres que j’écris.
Quels sont vos projets littéraires ?
J’ai le Tome 2 d’Afrique Debout ; des chroniques politiques ; la suite du roman Symbil, c’est-à-dire l’histoire de son fils ; et je voudrais lancer une édition de livres pour enfants.