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samedi 11 mai 2024
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Gestion du pouvoir : Venance Konan interpelle les dirigeants africains

La démocratie est-elle en péril en Afrique ? C’est la question que de nombreuses personnes se posent, depuis la résurgence des coups d’Etat en Afrique. Dans ce texte publié sur sa page Facebook, le journaliste Venance Konan interpelle les dirigeants africains sur la gestion de leurs Etats.

Je crois que la vraie question que l’on doit se poser est de savoir si ce qui se pratiquait dans ces pays où les coups d’Etat ont eu lieu peut être appelé démocratie. Et si c’est le cas, qu’est-ce que cette démocratie a apporté aux populations ?

Si l’on répond correctement à ces questions, l’on pourrait savoir où auront lieu les prochains coups d’Etat sans grand risque de se tromper. Je crois que dans nos pays, surtout d’Afrique francophone, la démocratie a été réduite à la simple élection que l’on qualifie de démocratique, quelles que soient les conditions dans lesquelles elle s’est déroulée. Et une fois cette élection dite démocratique acquise, la façon dont le pouvoir dit démocratique qui en est issu est exercé ne compte plus. Tant que ce président démocratiquement élu ne dérange pas certains intérêts et ne franchit pas certaines limites dans les abus des droits de l’Homme, tout lui est pardonné. « On ne regarde pas dans la bouche du grilleur d’arachides », avait dit un grand sage de notre continent. Ainsi, Ali Bongo Ondimba venait d’être proclamé démocratiquement réélu lorsqu’il fut renversé quelques minutes plus tard. N’avait-il pas déjà été élu tout aussi démocratiquement à deux reprises ? Personne n’était dupe, mais nous étions tous hypocrites. Cette fois-ci, ce n’est pas passé, et étonnamment, peu de personne, y compris lui-même, n’insiste pour son retour au pouvoir. Aurait-il compris qu’il avait poussé le bouchon un peu trop loin, compte tenu de son état de santé ? Ou plutôt, a-t-il compris que l’on se servait de lui, que l’on commettait un abus de faiblesse sur lui comme certains l’avaient fait en Algérie avec le président Bouteflika ? (…)

Que demandent les populations ? Que l’on améliore leurs conditions de vie, pas seulement au profit d’un  seul clan, qu’elles vivent dans une relative sécurité, que l’on construise leurs pays, que leurs Etats ne soient pas leurs ennemis à travers toutes sortes de brimades, frustrations et privations, à travers tous les rackets qu’elles subissent de la part des fonctionnaires ou agents des forces de l’ordre, qu’elles puissent s’exprimer sans courir le risque de se retrouver en prison ou, pire, au cimetière.

A la limite, lorsque tout cela leur est assuré, les populations se préoccupent peu de la façon dont les pouvoirs s’installent. N’est-ce pas ce qui explique que les populations acclament des putschistes dont elles ne savent absolument rien, mais dont elles savent au moins qu’ils viennent de balayer un pouvoir honni, même s’il a été élu « démocratiquement » ?

Venance Konan, Journaliste  

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