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dimanche 27 octobre 2024
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Epuisement professionnel : Les conseils pour prévenir le burn out

Le burn-out, mal-être au travail ou épuisement professionnel, est considéré depuis 2019, par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), comme une maladie. Quels sont les symptômes de ce mal pernicieux et comment le prévenir?  Notre article y apporte des réponses.

Au départ, fait remarquer Ulrich Djè, administrateur principal du travail et des lois sociales, le burn-out était considéré comme un coup de fatigue passagère. « Avec le temps, des études, notamment celles faites par la psychologue Cristina Maslach, ont démontré la complexité du mal. Bien au-delà d’un coup de fatigue, il s’insinue et se manifeste à différents niveaux. Notamment des émotions au physique, en passant par les facultés cognitives ou encore le comportement. Le travailleur ressent un état d’épuisement physique, émotionnel et mental. Tout cela résulte d’une exposition à des situations de travail émotionnellement exigeantes », explique-t-il. 

Aujourd’hui, l’organisation du travail doit être rentable et le travailleur soumis aux exigences de compétitivité dans son organisation. Ainsi les salariés qui ont des tendances au perfectionnisme, à l’hyper-implication, à la nécessité de tout contrôler, y sont exposés. Ceux qui ne savent pas déléguer les tâches sont particulièrement des sujets à risque. « Se croyant indispensables, ils s’usent à la tâche en travaillant de jour comme de nuit, jours ouvrables et week-ends compris. Le salarié se donne entièrement à sa vie professionnelle. Il se met constamment la pression pour faire plus et mieux, il ne fixe aucune limite…. Si son supérieur hiérarchique ne fixe pas clairement cette limite, la chute et la dépression sont à l’horizon » prévient Ulrich Djè.

Comment se manifeste le burn-out

Le syndrome d’épuisement professionnel se présente sous plusieurs formes, si subtiles qu’il est souvent difficile à diagnostiquer. Certains l’assimilent, à tort, au surmenage. Les symptômes de l’épuisement professionnel se ressentent tant au niveau physique qu’au niveau moral et émotionnel. Les symptômes liés à l’épuisement physique sont généralement une perte d’appétit ou au contraire une prise de poids, la perte du sommeil, des douleurs musculaires, des maux de tête, une fatigue intense, une baisse de l’immunité entraînant de fréquentes infections. Quant aux symptômes liés à un épuisement moral et émotionnel, il s’agit d’un sentiment d’impuissance entamant la confiance en soi, d’une irritabilité couplée à de l’anxiété, d’un sentiment d’échec permanent, d’une perte de motivation pour les activités plaisantes en temps normal, d’une incapacité à visualiser un avenir positif, … « Ces symptômes – qui ne sont pas exhaustifs – peuvent induire des comportements de fuite. Notamment, une position de retrait par rapport aux autres, allant jusqu’à l’évitement des responsabilités professionnelles. Il existe quelquefois la prise excessive d’alcool ou la prise de drogues pour y faire face. Ou à l’inverse des comportements d’agressivité envers l’entourage », fait noter Ulrich Djè. Il ajoute : « Si l’épuisement professionnel est maintenant très fréquent dans nos sociétés, ce n’est pas un hasard. Les valeurs de performance et de productivité ainsi que la quête du profit sont omniprésentes. Sur le plan individuel, il est important de rechercher l’équilibre entre la vie professionnelle, la vie familiale et la vie personnelle. Cette démarche appartient à chaque travailleur, même si les problèmes d’organisation du travail sont une responsabilité partagée avec l’employeur et les collègues ».

Prévenir le mal

Si la législation du travail prévoit une durée hebdomadaire de travail de 40 heures pour le secteur moderne, ce n’est pas fortuit. Cette durée va jusqu’à 56 heures pour le gardiennage et le travail domestique. Ce qu’il convient de retenir est le principe de la limitation de la durée hebdomadaire de travail partout dans le monde. Il est par ailleurs impératif d’avoir un repos hebdomadaire d’au moins vingt-quatre heures. Bien plus, notre législation prévoit des congés annuels. « Tous ces aménagements ne sont pas des libéralités mais des droits sur lesquels le travailleur ne saurait transiger. Ce temps permet de se reposer et se déconnecter du travail afin de gérer sa vie familiale et personnelle », assure l’administrateur principal du travail. « De grâce, que les heures excessives de travail, des semaines, des mois et des années sans repos, ne soient pas la norme. Il est vrai qu’avec internet et les réseaux sociaux, on travaille partout mais il faut quand même mettre des limites », conseille-t-il.

Changer ses habitudes

En outre, les spécialistes du travail et les psychologues recommandent de bien s’entourer et discuter avec ses proches des difficultés vécues au travail afin de se sentir soutenu. Le soutien social serait le meilleur tampon contre le stress chronique. « Il importe d’être à l’écoute des symptômes physiques et psychologiques liés au burn-out, d’engager des discussions avec ses collègues et son supérieur sur l’organisation du travail et de tenter de trouver des changements profitables pour tous », conseille Ulrich Djè. Il importe également, ajoute-t-il, de faire l’examen de ses habitudes de vie. Certaines peuvent contribuer au stress, comme une grande consommation d’excitants, notamment le café, le thé, le sucre, l’alcool, le chocolat, les boissons gazeuses, … « L’exercice physique, quant à lui, peut donner un bon coup de main pour prévenir ou réduire le stress, tout en facilitant le sommeil. Les experts recommandent trente minutes d’exercice physique, cinq fois par semaine. Se maintenir en bonne santé physique a un effet positif sur la santé psychologique », assure-t-il.

Une fois que surviennent ces symptômes, la consultation d’un psychologue du travail ou d’un psychothérapeute dûment formé peut être d’une aide précieuse. Il s’agit de découvrir ce qui cause du stress et de trouver des solutions pour s’y attaquer. « Comme pour la plupart des maladies, mieux vaut prévenir que guérir, surtout que notre corps médical n’est pas encore parfaitement préparé à soigner le burn-out. Chacun doit par conséquent suivre les quelques conseils de prévention que nous avons découverts pour vous à travers nos lectures », préconise Ulrich Djè. Il appelle à la prise en compte du burn-out par la législation du travail et souhaite que les Inspecteurs du Travail et des Lois Sociales, les managers, les dirigeants d’entreprises ainsi que le personnel médical des entreprises et les représentants du personnel anticipent pour faire face à ce mal.

M’Bah Aboubakar

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