L’utilité des cours de renforcement jugés facultatifs dans les classes de Cours Préparatoires (Première et Deuxième Années) reste une équation difficile pour les parents d’élèves.
La rentrée des classes a débuté avec son corollaire d’achat de fournitures et d’organisation des cours de renforcement. S’il est important de renforcer les capacités des élèves en Cours Moyens (CM) et Cours Elémentaires (CE), le renforcement des capacités des apprenants en Cours Préparatoires (CP) reste un débat au niveau des parents d’élèves. Dame Kouassi Blanche a inscrit son enfant en classe de CP1, au programme de renforcement des capacités, dans un établissement privé de la place. À la demande du parent, la maîtresse l’enseigne trois fois dans la semaine, après les heures normales de cours. Pendant une heure de temps, l’enseignante revient sur les cours et ce forfait est facturé au prix de 10.000Fcfa. «Le CP1, c’est la base et il a besoin d’un suivi. La maîtresse connait son caractère, ses lacunes, elle peut mieux le recadrer et c’est une heure de temps. Quand il rentre, il est libre : il n’est pas obligé de m’attendre », explique cette mère de famille, soulignant qu’elle n’a pas le temps pour réviser avec son enfant. Dans sa prise de position, cette dame assure que la maîtresse reste «le meilleur maître de maison. Elle connaît tout ; elle connait le programme de l’année et les dates des compositions. Du coup, elle sait comment faire pour aider l’enfant ».
De son côté, Augustin Tah Bi n’est pas du même avis. Pour ce père dont le fils est en CP1, dans une autre école privée à Abatta, dans la commune de Cocody, il leur a été proposé des cours de renforcement de capacités. Selon ses dires, après les cours règlementaires, l’enfant doit rester en classe de 16h30 à 17h30, quatre jours sur cinq, dans la semaine. Ces prestations sont payées par mensualités, à partir de 5.000 FCFA, selon les classes. « Déjà même que je trouve que l’enfant a trop de livres pour son âge. On fuit les écoles publiques mais apparemment le privé aussi a bien ses caprices », se plaint-il, en soulignant que les écoles « auraient pu proposer des activités récréatives, au lieu des cours de renforcement ».
Les témoignages des parents d’élèves sont mitigés sur l’utilité du renforcement de capacités des petits enfants, en dehors des horaires règlementaires imposés par la tutelle. Néanmoins, pour des experts de l’éducation, les cours de renforcement pour les élèves en Cours Préparatoires ne sont pas nécessaires. Atté Sosty épouse Soro, consultante, formatrice petite enfance et spécialiste en trouble du langage et du comportement le relève. À travers une publication sur son compte Facebook, elle se dit attristée pour les petits enfants. Selon ses explications, l’apprentissage n’implique pas seulement la pédagogie, mais aussi l’environnement de l’enfant, son type d’intelligence, sa motivation et plusieurs autres choses. Pour cette experte de l’éducation, si les écoles continuent à donner des cours de renforcement aux enfants de cinq à sept ans, « certains s’en sortiront peut-être, mais d’autres non. Ça perturbe le développement de l’enfant ».
Poursuivant, la consultante appelle à la sensibilisation des éducateurs, des parents et des adultes sur les notions du jeu chez l’enfant, de l’apprentissage, du développement de l’enfant et sa psychologie.
« Dans nos écoles, dans nos quartiers, dans nos lieux de prière, dans nos associations de femme, il faut sensibiliser. Ça y va de l’intérêt de nos enfants », insiste-t-elle.
Pour un inspecteur pédagogique qui a requis l’anonymat, les renforcements doivent se faire pendant le cours règlementaires. « Les fiches de leçon en Côte d’Ivoire ont trois moments didactiques de la Maternelle à la Terminale. Ils sont : la présentation, le développement et l’évaluation. Le renforcement se fait pendant le cours dans le moment didactique évaluation. Tout bon enseignant doit faire les cours ainsi », argumente-t-il.
Sandra KOHET