Transport maritime : Le Port d’Abidjan dans la cour des grands

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La mise en service du 2e terminal à conteneur propulse le port d’Abidjan parmi les plus compétitifs du continent.

Le deuxième terminal à conteneurs double la capacité de traitement du Port autonome d’Abidjan, l’un des principaux d’Afrique. La plate-forme portuaire se hisse ainsi au rang de « hub sous-régional » et affiche ses ambitions.

Avec la mise en service de son deuxième Terminal à conteneurs (TC2) matérialisée par la réception le 2 novembre 2022 du premier navire commercial – le mastodonte CMA CGM ROSSINI, d’une longueur de 267 m, de 40 m de largeur et d’une capacité de 5770 conteneurs EPV – le Port autonome d’Abidjan entre dans une nouvelle dimension. Les infrastructures portuaires peuvent accueillir, depuis cette date, des navires de 15.000 conteneurs contre 3.500 seulement il y a quelques mois. L’EVP ou Equivalent Vingt Pieds est une unité approximative de mesure des terminaux et navires porte-conteneurs, basée sur le volume d’un conteneur de 20 pieds. On l’utilise pour simplifier le calcul du volume de conteneurs dans un terminal ou sur un navire, 1 EVP correspondant à 1 conteneur de 20 pieds de long (environ 6,096 mètres), 8 pieds de large (2,438 m) et 9.5 pieds de haut (environ 2,7 m).

La nouvelle infrastructure a été réalisée grâce à un investissement global de 596 milliards de FCFA, dont 334 dédiés aux travaux de terrassement à la charge du port d’Abidjan et 262 milliards de FCFA consacrés aux superstructures. D’une superficie de 37,5 hectares, le TC2 dispose de 1100 m de quai, avec un tirant d’eau de 16 m et d’équipements modernes qui lui permettent de traiter annuellement 1,5 million de conteneurs EPV. Il a été financé par le Port autonome d’Abidjan et un consortium composé des groupes français Bolloré Africa Logistics et danois APM Terminals (filiale du géant Maersk). Doté d’équipements modernes, notamment de six portiques de quai et de 36 tracteurs électriques, le TC2 est capable d’accueillir des navires de grande capacité. Dans sa conception, le projet a consisté à construire, équiper puis opérer un terminal à conteneurs performant, innovant et responsable, en mobilisant les ressources locales. Il générera à terme 450 emplois directs, et des milliers d’emplois indirects, et contribuera au développement des compétences afin de former la jeunesse ivoirienne aux métiers portuaires et à la manipulation des équipements de dernière génération.

Un enjeu international

Le nouveau terminal permettra de fluidifier les échanges extérieurs non seulement de la Côte d’Ivoire, mais également des pays de l’hinterland, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, dont les importations maritimes transitent par le port d’Abidjan. L’opérateur portuaire Côte d’Ivoire Terminal – fondé par Bolloré Ports et APM Terminal – annonce un objectif chiffré : il pourra assurer la réception et la livraison de plus de 1,5 million de conteneurs EVP par an. De même, la plate-forme de transbordement permettra d’accroître les échanges par voie terrestre (fret ferroviaire et routier vers et depuis le Mali et le Burkina Faso) et maritime (notamment vers les ports du Sénégal, de Gambie, de Guinée et de la Sierra Leone). De plus, il est directement raccordé au réseau ferroviaire, ce qui fluidifiera les expéditions par fret multimodal, une combinaison du fret maritime, fret aérien et/ou fret ferroviaire.

La dématérialisation, une réalité

Innovation de taille, la dématérialisation des processus de réception et de mise à disposition des conteneurs devrait participer au succès du port d’Abidjan modernisé. En effet, le deuxième Terminal à conteneurs est équipé d’un VBS (ou Vehicle booking system), un système de réservation qui permet d’optimiser les flux de livraison pour tous les acteurs du transport maritime, ferroviaire et routier. Dans la pratique, les transporteurs souhaitant livrer ou récupérer un conteneur au port d’Abidjan pourront simplement s’enregistrer au préalable sur un système de prise de rendez-vous mis à jour en temps réel. Les informations des expéditeurs seront vérifiées à distance avant le rendez-vous, ce qui réduit les déplacements inutiles et les retards évitables. Les équipements seront ainsi alloués plus facilement. Ainsi, grâce au suivi à distance, les opérateurs portuaires pourront rediriger les flux entre les 6 portiques de quai, 36 portiques de quai et les tracteurs électriques chargés de la manutention des conteneurs. Pour sûr, l’ouverture de ce nouveau Terminal à conteneurs maritimes devrait largement fluidifier les échanges entre l’Afrique de l’Ouest et le reste du monde. « Cette nouvelle infrastructure se caractérise par plusieurs innovations dont la gestion automatisée des guérites et la mise en place d’un système de rendez-vous en ligne, pour la livraison et l’enlèvement des conteneurs, dans les meilleurs délais et en toute sécurité. Une autre innovation majeure, le système de facturation est totalement dématérialisé et offre la possibilité de payement en ligne et à distance », a-t-il fait savoir.

Un terminal respectueux de l’environnement

Afin d’être conforme à sa politique de respect de l’environnement par la réduction de l’empreinte de ses activités sur l’environnement, a indiqué le Directeur Général de Côte d’Ivoire Terminal, Koen De Backker, le TC2 sera l’un des  prochains terminaux à obtenir le label « Green Terminal », mis en place par Bolloré Ports et délivré par Bureau Veritas. Gage de performance énergétique et environnementale, cette initiative justifie l’utilisation d’engins et équipements  électriques, l’installation de tout un système de traitement des eaux et de procédures de  surveillance des impacts environnementaux. C’est ainsi que le terminal est équipé d’une  flotte 100% électrique de portiques de quais, de portiques de parcs et de tracteurs portuaires, sans émission de gaz à effet de serre et de nuisance sonore.

A l’inauguration du TC2, le 2 décembre 2022, le président de Bolloré Africa logistics, Philippe Labonne, a affirmé que le nouveau Terminal à conteneurs reste un « pilier de la connectivité de la Côte d’Ivoire » dont la complémentarité avec le TC1 « offre aux armateurs, chargeurs et transitaires, des solutions adaptées pour l’importation, le transit ou l’exportation de marchandises au départ et à destination de la Côte d’Ivoire ». Pour le Vice-président de la République, Tiémoko Meyliet Koné, cette infrastructure « présente à la fois un intérêt économique majeur, du point de vue de sa contribution à la croissance de l’économie nationale, mais aussi une portée sociale, en tant que pourvoyeur de nombreux emplois directs et indirects ».

M’Bah Aboubakar

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