Le trouble de la parole et le bégaiement touchent plus de 70 millions de personnes dans le monde. Certaines méthodes permettent de venir à bout de ce mal chez l’enfant, à condition qu’il soit détecté tôt et pris en charge par des spécialistes.
Contrairement à ce que l’on peut penser, le bégaiement chez l’enfant peut être éradiqué, surtout s’il est vite détecté et pris en charge. « Tout commence par un bilan orthophonique, qui va situer le spécialiste sur les caractéristiques du trouble. Car il existe plusieurs techniques pour venir à bout du bégaiement, la prise en charge se faisant en fonction du diagnostic et du type de bégaiement que présente l’enfant », explique Dr Christophe Houngbédji, orthophoniste. A l’en croire, le bégaiement peut se présenter sous plusieurs formes : « le patient bègue peut soit avoir du mal à attaquer les premiers sons, ou répéter les sons, ou encore avoir un problème de respiration qui l’empêche d’adapter le contenu de sa parole à sa respiration ». Un bilan permettra donc, de l’avis du spécialiste, de définir une technique appropriée pour la prise en charge de l’enfant. Ce qui passe par les grands axes de la rééducation orthophonique qui sont : les techniques de respiration, de relaxation et d’articulation qui consistent à maitriser le rythme de la parole. « En dehors de la rééducation orthophonique, j’encourage le self thérapie qui est la rééducation qui se fait par la personne bègue elle-mêm, à partir des conseils prodigués par le spécialiste », ajoute-t-il.
Problème d’élocution, le bégaiement se caractérise par des répétitions involontaires et l’allongement de sons et de syllabes, souvent accompagnés de pauses et de blocages. S’il n’existe en Côte d’Ivoire aucune statistique officielle pour permettre de mieux juger de l’importance de ce mal, le bégaiement constitue cependant un handicap psychologique et socio-affectif important pour les personnes qui en souffrent, en particulier pour les enfants.
Différentes méthodes existent
Malheureusement, ni les médicaments, encore moins la chirurgie, ne permettent de soigner le bégaiement. Les traitements qui existent permettent néanmoins, selon un doctorant en Sciences du langage, de le traiter. Pour autant, explique-t-il, on ne devient pas non-bègue, mais il est possible de parler sans bégayer. « Pour cela, différentes méthodes peuvent être utilisées : dès lors que vous vous inquiétez des facultés de communication de votre enfant, n’hésitez pas à consulter un orthophoniste, thérapeute habilité à traiter ce handicap », conseille-t-il. Il ajoute que plusieurs exercices, basés par exemple sur la respiration, l’élocution, la prise de parole, etc…permettront ainsi, séance après séance, de faire diminuer le bégaiement. « Si besoin, les séances chez l’orthophoniste peuvent être complétées par des psychothérapies telles que les thérapies cognitivo-comportementales, qui donnent également de bons résultats. Les activités qui font disparaitre temporairement le bégaiement comme le théâtre, le chant ou encore la lecture à voix haute sont également à privilégier. Il est en effet intéressant de noter que la plupart du temps, une personne qui bégaie le fait rarement, lorsqu’elle chante, murmure, lit, etc. », assure l’universitaire.
Manifestation du bégaiement chez l’enfant
Le bégaiement apparait généralement chez l’enfant de 2 à 3 ans. Il s’agit du bégaiement physiologique ou transitoire. Selon Dr Christophe Houngbédji, l’on doit commencer à s’inquiéter, lorsque le bégaiement persiste, au-delà de 3 ou 4 ans, et est accompagné de difficultés de respiration, de manifestations physiques comme des tics au visage, de clignements des yeux ou des trépignements. « Ces signes doivent alerter les parents et les pousser à consulter un orthophoniste », recommande-t-il.
Causes du bégaiement chez l’enfant
Selon Dr Houngbédji, le bégaiement est dû à trois facteurs. Il y a d’abord le facteur héréditaire. Lorsqu’un parent dans la famille est bègue, il y a des risques que l’enfant bégaie. Ensuite, le facteur prédisposant qui concerne la personnalité de l’enfant. C’est dire qu’un enfant timide, effacé, a beaucoup de chance de bégayer. Enfin, le facteur déclenchant. Ici, il s’agit de l’événement qui va provoquer le bégaiement chez l’enfant. Il peut s’agir d’un choc émotionnel, d’une scène traumatisante ou de scènes de violence. « Ce sont ces trois facteurs réunis qui peuvent causer le bégaiement chez l’enfant. Un facteur à lui seul ne peut pas déclencher le bégaiement », indique l’orthophoniste
Madjara GNAMBA