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samedi 22 mars 2025
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Semences: la Côte d’Ivoire importe 1344 tonnes par an

En 2022, la Côte d’Ivoire a importé 787 tonnes de semences de riz et 557 tonnes de maïs, révèle l’Indice de performance du secteur semencier (SSPI) publié en août 2024, soit 1 344 tonnes de semences. La production locale de semences ne suffit pas à satisfaire la demande. Les raisons de ce déficit semencier sont multiples.

« La Côte d’Ivoire importe une grande quantité de semences agricoles », confie à Le Tamtam Parleur, Pr. Pascal Angui, directeur général de la Production et de la Sécurité Alimentaire au ministère de l’agriculture, du développement rural et des productions vivrières. Pour corroborer ses propos, il a évoqué la forte dépendance du pays aux importations alimentaires qui lui coûtent, tous les ans, 30 à 50 millions de dollars US, soit 30 milliards de FCFA. Si cette tendance se poursuit, a-t-il averti, ces approvisionnements extérieurs atteindront 150 millions de dollars à l’horizon 2030. La stratégie de développement du secteur semencier rizicole de l’Agence de Développement de la Filière Riz (ADERIZ) pour la période 2014-2019, indique que le prix moyen du kilogramme de semences de riz était de 400 FCFA. En 2022, le pays a donc importé pour 314.800.000 FCFA de semences. 

D’après les informations disponibles sur le site du Centre National de Recherche Agricole (CNRA), le kilogramme de semence de riz local est actuellement vendu à 1000 FCFA sur le marché local. En revanche, le prix des semences de riz importées demeure inconnu. Par ailleurs, selon Green Seeds, une entreprise privée, le prix du kilogramme de semences de maïs F1VN10 est de 4150 FCFA, ce qui entraîne un coût total d’importation des semences de maïs pour la Côte d’Ivoire estimé à 2.311.150.000 FCFA, en 2022.

Avec une superficie totale de 3,5 millions d’hectares de terres arables, la Côte d’Ivoire compte, selon l’Indice de performance du secteur semencier  (SSPI), 4 millions de ménages agricoles. “Les prix sont passés du double au triple d’une structure à une autre. De 2011 à 2020, la boîte de semences 50 grammes de marque cobra de maraichers coûtait 25 000 FCFA. Aujourd’hui, la même boite nous revient à 45000 FCFA “ regrette Soua Bi Rodolphe, grossiste et exploitant en produits maraichers au marché de gros d’Adjamé. Et d’ajouter que « la boîte d’engrais était à 15.000 FCFA, aujourd’hui la même boite coûte 35 000F. C’est dommage pour nous, entrepreneurs agricoles », conclut-il.

Les facteurs de la forte dépendance aux importations

Les raisons de la dépendance de la Côte d’Ivoire aux importations sont diverses. Dr Coulibaly Noupé Diakaria, chef de Programme Cultures Maraichères et Protéagineuses du Centre National de Recherche Agronomique de Bouaké répond que : « la production et la distribution des semences des espèces majeures sont dominées par des entreprises multinationales et nationales privées ». Pour Pr Angui, la dépendance à l’importation de semences provient également de l’insuffisance de la production locale, qui ne couvre pas les besoins des agriculteurs pour certaines cultures stratégiques comme le maïs, le riz et les légumes. Il ajoute que la qualité et les rendements des semences importées sont perçus comme meilleurs, comparés aux semences locales. Le scientifique évoque aussi le manque d’investissement dans la recherche locale. Bien que des instituts comme le Centre National de Recherche Agronomique développent des variétés adaptées aux conditions locales, la production et la distribution restent limitées par des contraintes financières et techniques. A cela s’ajoute la réglementation et la certification, car le processus de certification des semences locales est long. En revanche, les importations représentent une solution rapide pour répondre aux besoins immédiats du secteur agricole. Pour finir, le climat et l’adaptation figurent parmi les raisons de la forte dépendance aux importations. Certaines semences importées résistent aux maladies, aux ravageurs et aux changements climatiques, ce qui les rend plus attrayantes pour les producteurs.

Nécessité d’autosuffisance en semences agricoles

L’évaluation annuelle des systèmes nationaux de semences a permis à la Côte d’Ivoire de poser des actions concrètes, lors de la 9è session ordinaire du Comité Régional des Semences et Plants de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel (CRSPAOS), tenue à Abidjan en septembre 2024. 

Entre autres actions préconisées, lors de cette rencontre figurent: la création au niveau du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) d’une direction centrale en charge des semences et plants ; la nomination et l’assermentation de 214 agents contrôleurs et inspecteur semenciers ; l’application des textes harmonisés en matière de commerce sous-régional de semences et plants ; l’homologation de variétés nouvelles (riz, maïs) par la recherche nationale et par des multinationales ; l’actualisation des documents de politiques et de stratégies semencières avec projet de loi semencière ainsi que le renforcement de la coopération entre le CNRA et d’autres centres de recherche de la sous-région.

En Côte d’Ivoire, la société Semivoire, filiale locale de la firme française Technisem, est le plus grand fournisseur de semences, notamment maraîchères.

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