La patronne de la Culture ivoirienne, Françoise Remarck, a échangé, il y a quelques semaines, avec son homologue française Rima Abdul Malak, au sujet du retour du tambour Djidji Ayokwè, sur les bords de la lagune Ebrié.
A l’issue de son séjour en terre parisienne, Françoise Remarck s’est félicitée du « soutien de l’État français » pour le retour rapide du « Djidji Ayokwè ». Les échanges avec son homologue française ont porté sur de nombreux points dont celui relatif à ce tambour mythique des Ebrié confisqué par les colons et gardé au musée du Quai Branly.
Le 8 octobre 2021, lors du sommet Afrique-France, le président français Emmanuel Macron, annonçait la restitution du tambour parleur des Ébriés à la Côte d’Ivoire.«Confisqué en 1916 par les colons français, ce tambour sculpté en une pièce unique de 3,50 mètres de long était réclamé depuis des années par les autorités ivoiriennes. En 2018, elle figurait en tête d’une liste de 148 œuvres demandées à la France», confiait Silvie Memel Kassi, la Directrice Générale de la culture.
Un instrument de communication
Véritable moyen de communication du peuple atchan contre la colonisation française, le Djidji Ayokwè servait surtout à sonner l’alerte, à l’arrivée des colons français. Le tambour qui émettait des sons variés, était utilisé pour transmettre des messages aux différents villages autour d’Abidjan, souligne la DG de la culture.«C’était le Djidji Ayokwè qui leur permettait de prévenir les uns et les autres, lorsque le colon arrivait dans une zone donnée, puisque les populations n’étaient pas d’accord avec la méthode musclée de réquisitions des personnes pour le travail forcé», explique Mme Kassi. Quand on le jouait, on l’entendait de très loin, à environ 20 kilomètres à la ronde, ajoute-t-elle, précisant que le tambour était gardé à Adjamé dont le nom signifie lieu de rencontre en Ebrié.
Faire du retour un événement
«A l’image du peuple Atchan, c’est toute la Côte d’Ivoire qui est dans l’euphorie de retrouver ce tambour qui fait partie de ses valeurs culturelles», indique l’ex-directrice du Musée des Civilisations d’Abidjan.«Les autorités ivoiriennes souhaiteraient que ce retour ait une résonance continentale et même mondiale», souligne-t-elle. A cet effet, des colloques scientifiques, des activités pédagogiques et artistiques, sont prévus. Aux yeux de Mme Silvie Memel Kassi, le retour du Djidji Ayokwè va susciter la révolution culturelle en Côte d’Ivoire.
I. K