Selon le site Aimf dédié au développement durable, le recyclage annuel de plus de 1,9 million de tonnes des déchets ménagers produits à Abidjan pourrait générer jusqu’à 35 mille emplois. L’économie circulaire est une source de nombreux emplois et de richesses pour l’économie ivoirienne dont les potentialités demeurent encore peu connues.
À Abidjan comme dans les villes de l’intérieur du pays, la gestion des déchets, la production d’énergie renouvelable de ceux-ci, la fabrication de produits recyclés ou encore la réparation d’objets jetés, créent des emplois dans ces secteurs de la transformation des déchets. Plus d’une vingtaine d’entreprises ont investi dans ce secteur, participant activement à la création de richesse et à la génération de milliers d’emplois dans l’économie verte.
En effet, à travers la collecte des déchets, les collecteurs récoltent et revendent des catégories spécifiques de déchets (cartons, fer, bouteilles, verres) qui présentent un fort intérêt économique pour les artisans, les commerçants (grossistes et détaillants), ainsi que pour les entreprises industrielles.
L’entreprise Coliba-Africa en Côte d’Ivoire, spécialisée dans la transformation des déchets plastiques, a créé un centre de formation pour intégrer 6 mille collecteurs de déchets informels dans la chaîne de valeur. Cette initiative, selon les responsables de cette compagnie, devrait permettre la création d’environ 500 emplois directs et indirtects à temps plein, peut-on lire sur la page web de Coliba-Africa.
L’économie circulaire, source d’équité sociale
Ahoua Brou, Directeur Général-Abidjan de l’Association Internationale des Villes et Ports (AIVP), révèle que « Dans la filière des déchets plastiques, la structure AIVP emploie à plein temps 35 personnes d’une start-up, sans compter ceux mobilisés pour la sensibilisation sur l’économie circulaire ». Selon M. Brou, le secteur de l’économie circulaire est plein de potentialités. Il pourrait employer un nombre important d’individus dans les prochaines années, en particulier des jeunes et de femmes. Il précise la nature équitable de l’économie circulaire «qui offre de l’emploi aux personnes qui ne sont pas allées à l’école, tout comme à celles qui pourraient avoir un bac +5».
C’est un secteur qui permet, de nos jours, aux jeunes et à la femme, d’avoir des revenus additionnels. Il leur suffira d’organiser la gestion des déchets plastiques dans leur environnement et de les mettre à la disposition d’un collecteur d’ordures ménagères. Les déchets servent aux collecteurs comme matière première pour alimenter une entreprise ou une usine.
« L’économie circulaire n’est pas une affaire de riches »
Toujours d’après Brou Ahoua, les emplois générés par l’économie circulaire restent encore mal compris. C’est pourquoi, en tant que membre de la société civile, il préconise une sensibilisation inclusive qui prend en compte les différentes couches sociales, avec pour canal de communication les langues locales, tout en prenant en compte différents niveaux d’éducation et d’alphabétisation.
En effet, plusieurs acteurs s’inquiètent que certains puissent penser que l’économie circulaire est une affaire de riches. Quattara Boni, chargée de programme entrepreneuriat vert, estime qu’il faut déconstruire le mythe autour des emplois liés à l’économie circulaire. Pour sa part, Brou Ahoua plaide pour que l’Etat continue à favoriser et à sensibiliser la communauté au tri des déchets. « Si nous pratiquons l’économie circulaire, il y a du travail pour tout le monde », conclut le responsable de AIVP- Côte d’Ivoire.
Le Japon, qui pratique l’économie circulaire depuis les années 1990, indique avoir créé 700 mille emplois en 7 ans, grâce à sa transition vers « une société respectueuse du cycle des matières », rapporte le bulletin d’information de la métropole européenne de Lille, publié en octobre 2020.