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lundi 10 février 2025
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Portrait : Deperpignan : faux pasteur, vrai humoriste

Animateur radio depuis 2015, Deperpignan a est devenu en quelques années une véritable star de l’humour ivoirien. Rien ne prédestinait pourtant le jeune garçon à connaître ce destin.

S’il a choisi comme nom de scène « Deperpignan »,  en référence à Perpignan, la capitale du Roussillon, dans l’Hexagone, c’est parce que Fulbert Kouassi Yoman décèle des similitudes entre son groupe ethnique – les baoulé – et les français. Il aime affirmer, entre deux éclats de rire, que « les baoulés sont les ancêtres des Français ». C’est d’ailleurs l’un des traits caractéristiques de son art : émailler ses sketches de mots, d’expressions tirées de son ethnie, avec ce zeste d’humour qui plaît et conquiert. « Les ancêtres des Français sont les Gaulois, et c’est le gaulois,  selon moi, que les baoulés appellent Goli (Ndlr, un masque baoulé) », explique-t-il. « En plus on a les mêmes manières de vivre. On boit du vin, les Français aussi, et ils aiment comme nous le pain de la veille qu’ils disent être le pain le plus complet », ajoute-t-il. Aujourd’hui tête d’affiche de plusieurs spectacles d’humour, abonnés aux stand-up, la vie de Deperpignan n’a pas été un long fleuve tranquille.

Enfance difficile

Issu d’une famille pauvre, il a dû mettre fin aux études par manque de moyens financiers. « Pour passer l’entrée en 6e, il fallait payer 1.600 FCFA. Mon père qui était à la retraite n’avait pas cette somme », explique l’artiste. Il arrête alors l’école et aide sa mère dans son commerce à Dimbokro. « C’était difficile », témoigne-t-il. Le jeune homme trouve cependant le réconfort dans  la foi chrétienne transmise par sa génitrice et croit en des lendemains qui chantent. Quelques années plus tard, il rallie Abidjan où il enchaîne les emplois précaires. Ses amis, qui lui trouvent quelque talent d’humoriste, le convainquent d’intégrer la troupe théâtrale « Ephata » de l’église sainte Thérèse de Marcory qu’il fréquente entre temps. Bien accueilli, il s’y met à fond et commence à avoir confiance en lui.

Faux pasteur, vrai humoriste

Avec la hargne de celui qui en veut, il écume les scènes en quête de reconnaissance. En 2012 et 2013 il remporte le concours d’humoristes lancé par la radio nationale. « Ses sketchs tournés vers sa culture ethnique sont adulés, dans un pays où la plaisanterie à parenté est fortement implantée. Mais ils ne répondent pas aux standards de certaines émissions dont les producteurs souhaitent le voir dans un autre registre », relate le journaliste Guy Aimé Eblotié. Inspiré plus tard par un film africain mettant en scène un faux pasteur, Deperpignan décide de s’approprier ce registre. Il propose alors des sketches qui titillent les églises. Si l’idée plaît, elle rebute en revanche des pasteurs qui donnent de la voix. « En tant que chrétien je sais où m’arrêter pour ne pas arriver au blasphème. Les spectateurs aiment quand je fais le faux pasteur avec une mimique, de la gestuelle et des fausses paroles de connaissances car ce sont des réalités vécues par beaucoup de personnes », explique-t-il.

M’Bah Aboubakar

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