Le régime malien de transition ne dispose toujours pas d’un agenda électoral précis, quatre ans après la prise du pouvoir par une junte armée. Et à la stupéfaction des soutiens de la junte, le 16 novembre de 2024, le Premier ministre Choguel Maïga a critiqué de façon véhémente l’absence de transparence et des manœuvres de la part de la junte militaire, visant à confisquer le pouvoir. Après ces dénonciations tonitruantes, une confusion règne au sein du gouvernement de transition.
Le Premier ministre malien a profité du prétexte de la célébration de la prise de contre la junte militaire : « La Transition était censée prendre fin le 26 mars 2024. Mais elle a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du gouvernement », a déclaré le chef du gouvernement devant ses partisans du mouvement M5 RFP. Dr Choguel Maïga a aussi étalé publiquement l’absence de démocratie et de transparence au sein du gouvernement de transition concernant les élections. Selon lui, il n’existe aucun débat sur la question des élections.
Et d’avouer que bien qu’étant Premier ministre, il serait même réduit à « se contenter des rumeurs de la presse » ou à une «interprétation hasardeuse » des faits et gestes du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. En effet, la junte militaire a posé de nombreux actes qui renforcent le doute quant à la volonté réelle des militaires d’organiser les élections prévues par la charte qui mettraient fin à la transition et assurer le retour des civils aux affaires. La promesse de tenir l’élection présidentielle en février 2024 n’a pas été respectée. Les observateurs notent que quatre années de transition militaire plus tard, il n’y a toujours pas la moindre perspective électorale. Aucun agenda n’est désormais avancé, alors que les élections font parties des engagements pris par les militaires après avoir renversé le Président Ibrahim Boubacar Keita, en août 2020.
Les élections comme une ligne rouge
Par ailleurs, le régime militaire s’était vu accorder une rallonge de cinq années supplémentaires, en mai 2024, à l’issue du dialogue inter-Maliens tenu à Bamako. Les participants à ces assises avaient également recommandé la candidature du Président Assimi Goïta à la prochaine présidentielle. Pour de nombreux analystes, la question des élections reste comme une ligne rouge à ne pas franchir pour la classe politique malienne, sur laquelle les acteurs seront très intransigeants vis-à-vis des militaires. Ces observateurs pensent que la junte militaire n’aura pas d’autre choix que d’organiser les élections et de retourner dans les casernes.
Notons que le M5 RFP avait affiché son opposition nette à la prorogation de cinq nouvelles années sur la durée de la transition, dans un mémorandum publié au mois de mai 2024.