25 C
Abidjan
mercredi 9 juillet 2025
AccueilSociétéPersonnes de petite taille : Difficile insertion sociale

Personnes de petite taille : Difficile insertion sociale

Selon des recherches menées par un collège de généticiens publiées dans la revue médicale anglaise ‘’The Lancet ‘’, on compte chaque année dans le monde 250 000 personnes atteintes de nanisme. En Côte d’Ivoire, s’il n’y a pas encore de données officielles, cependant la Fédération des associations de personnes de petite taille (FAPPTCI) en dénombre cependant une soixantaine vivant dans la capitale abidjanaise. Ces hommes et ces femmes, à l’épreuve de l’insertion sociale, supportent chaque jour le poids des regards et des moqueries.

« Tous les jours, nous subissons des railleries à cause de notre handicap. Certains se permettent de nous prendre en photo comme des personnes étranges ». Ces confidences de Duffi Richard, secrétaire général de l’association des personnes de petite taille de Côte d’Ivoire, athlète paralympique, traduisent la souffrance de ces personnes de petite taille. Selon lui, il n’y a pas que dans les rues où les personnes de petite taille subissent des humiliations.

Pour le double médaillé d’or aux Jeux paralympiques de Marrakech en avril 2025, le supplice des personnes de petite taille continue avec les véhicules de transport en commun. « Dans le bus, il y a des personnes qui s’adressent à nous comme si elles parlaient à un enfant, avant de se rendre compte du contraire », fait savoir l’athlète qui affirme que toutes les personnes de petite taille ont subi au moins une fois des moqueries.

L’une des idées préconçues qui continue de choquer l’athlète, c’est que certaines personnes continuent de croire que le nanisme est contagieux au point de garder leur distance vis-à-vis d’eux. Pour Mirna Dembélé, personne de petite taille, employée au service de communication de la direction régionale de l’éducation nationale à Yamoussoukro, les accès à plusieurs services comme les guichets automatiques sont quasi-impossibles à cause de son handicap.

Ces frustrations de la société ont fini par engloutir ces personnes de petite taille dans un profond complexe.

Se cacher pour supporter…

Crucifiées par des regards moqueurs, de nombreuses personnes de petite taille préfèrent vivre cachées. Mirna Dembélé est convaincue qu’il y a plusieurs personnes de petite taille comme elle dans la ville de Yamoussoukro où elle exerce. « Ces personnes préfèrent se cacher pour éviter les moqueries », confie-t-elle.

Pour Brovou Théodore, président de la Fédération des associations des personnes de petite taille, ce complexe est créé par les parents de ces personnes, dès leur enfance. « N’acceptant pas le handicap de leurs enfants, les parents les obligent à vivre cachés à l’abri des regards », nous confie le président de la FAPPTCI, qui poursuit en révélant que la plupart des personnes de petite taille vivant dans les villes de l’intérieur ont, soit abandonné l’école, soit n’y ont jamais mis les pieds à cause du complexe de cet handicap qui les tenaille.

Au milieu de ces personnes de petite taille traumatisées par les moqueries, il y en a d’autres qui tentent de braver ce handicap. Mais là encore, les relations amoureuses qu’elles tentent de nouer virent à la déception.

Quand la déception amoureuse s’en mêle

Cette femme de 44 ans pour 1,20 m, donc personne de petite taille, s’était confiée à un confrère de RTI Info. Son nom, Sonia Gbozé. Elle qui croyait avoir trouvé l’amour parfait a connu une déception amoureuse après avoir mis au monde, en 2011, son fils. Le père qui a constaté que cet enfant était atteint de nanisme a tout simplement pris la clé des champs.

« Il a dit qu’il ne pouvait pas supporter de s’occuper de deux personnes ayant le même handicap. Il m’a moqué avant de disparaître », a confié cette commerçante, qui continue de s’occuper toute seule de son enfant. Pour elle, aucun sacrifice n’est trop grand pour un enfant qui n’a pas demandé à venir au monde.

Si cette femme parvient à subvenir aux besoins de son fils grâce aux petits métiers, l’insertion professionnelle des personnes de petite taille est un autre défi.

39 personnes de petite taille intégrées à la Fonction publique

Selon le président de la Fédération des associations des personnes de petite taille, par ailleurs agent administratif au service courrier du ministère de la Fonction publique, 39 personnes de petite taille ont intégré l’administration publique, entre 2018 et 2024, soit près de six personnes par an. Et cela, grâce à un concours dérogatoire organisé pour les personnes en situation de handicap.

Si Brovou Théodore reconnaît que ce concours permet d’insérer plusieurs personnes de petite taille, il plaide pour que le quota limité à six ou sept soit revu à la hausse. Aussi souhaite-t-il que ces personnes souffrant de stigmatisation et qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école soient formées aux petits métiers et réinsérées.

Quant à Duffi Richard, secrétaire général de l’APPT-CI, il déplore le fait que les entreprises privées ne recrutent presque jamais les personnes de petite taille. « C’est frustrant ! », martèle-t-il.

Au regard du calvaire que vivent les personnes atteintes de nanisme, le président de la FAPPTCI appelle toutes les personnes de petite taille à briser leur complexe et à le rejoindre au sein de la Fédération pour défendre ensemble leurs droits. « N’ayez pas honte, sortez de vos cachettes et rejoignez-nous », a lancé le président.

Rappelons que le nanisme, scientifiquement appelé l’achondroplasie, est défini par les endocrinologues comme une maladie génétique rare due à un défaut de croissance du cartilage et du tissu osseux. Elle se caractérise par une très petite taille par rapport à la moyenne, associée à une disproportion entre les membres et le tronc.

1,40 m est la taille en-dessous de laquelle un adulte est considéré comme une personne de petite taille.

Articles Similaires
spot_img

Articles Populaires

commentaires recents