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mercredi 9 juillet 2025
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Agriculture : La culture maraîchère, une menace pour le cacao ?

Les producteurs de cultures maraîchères sont composés à 60 % de jeunes et de femmes, selon le projet de promotion de la filière maraîchère (PRO2M). Saisonnière, cette filière produisant, entre autres, gombo, aubergine, tomate, chou, etc., rapporte des revenus plus rapidement. À l’opposé des maraîchers, le cacao connaît des problèmes tels que le vieillissement de 70 % des plantations (Reuters mars 2025) ; les effets du changement climatique ; les maladies agricoles ; la rareté des terres et la pénibilité du travail d’exploitation. Au regard des nombreux avantages de la filière maraîchère, nombreux sont ceux qui s’inquiètent à l’idée qu’elle peut être une menace pour la production du cacao.

La production nationale du cacao alterne entre baisse et reprise ces cinq dernières années (2020-2025). Soit 2,2 millions de tonnes en 2021 ; 1,8 million de tonnes en 2023 avec une reprise à 2,2 millions de tonnes en 2024 et une estimation à 1,8 million de tonnes en 2025 (Conseil café cacao – DPPSE). Cependant, les raisons de cette baisse de la production du cacao n’ont aucun lien avec la culture maraîchère. Ainsi, outre le phénomène climatique El Niño, les maladies comme le virus du swollen shoot, le vieillissement des plants, l’absence des terres, il y a l’entrée illicite du cacao dans le pays et l’exportation frauduleuse du cacao vers le Ghana qui demeurent les causes du problème du cacao.

Les maraîchers, une menace réelle ?

L’attractivité des cultures maraîchères envers les jeunes demeure une inquiétude prise au sérieux dans la filière café-cacao, à en croire Camara Sinan, coordonnateur technique de l’Association des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire (ASPCC-CI). Pour ce responsable des producteurs contacté par Le Tamtam Parleur, « le risque est réel ». Les jeunes optent pour ces cultures qui font gagner de l’argent rapidement.

Toutefois, il relève qu’une solution est trouvée à travers la diversification des sources de revenus des producteurs de cacao pour ne pas que le besoin d’argent amène les jeunes à partir. « On conseille aux producteurs de cultiver des aubergines, du gombo, de la tomate sur une partie de leur champ de cacao. Cela leur permet d’avoir des revenus en vendant ces maraîchers et de pouvoir en consommer », ajoute-t-il.

Camara assure, par ailleurs, que la culture maraîchère est plus coûteuse et exige une utilisation importante de produits phytosanitaires. Contrairement au cacao, une fois en phase de production. Notre interlocuteur conclut sur un ton catégorique : « L’abandon du cacao ne sera pas pour demain ».

Mme N’goran, présidente de la Coopérative des femmes pour la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles de la Marahoué (COVIMA), ne dit pas le contraire. Elle fait savoir que les deux filières agricoles sont distinctes et évoluent séparément. Puis, de mentionner que les maraîchers servent, avant toute chose, à leurs propres besoins de consommation.

La culture maraîchère en chiffres

Selon le Plan directeur de l’horticulture de Côte d’Ivoire (2006-2025), en 2010, la production nationale des maraîchers est estimée à 850 000 tonnes, dont 400 000 tonnes pour les légumes de type européen (carotte, laitue, oignon, poireau, etc.) et 450 000 tonnes pour les légumes de type traditionnel (tomate, gombo, aubergine, piment, courge, poivron, concombre, etc.).

Ledit document indique, en outre, que la zone des savanes vient en tête des superficies exploitées avec 11 349 ha, soit 63,6 %, suivie de la zone forestière qui comptabilise 6 793 ha, soit 37,4 %.

Par ailleurs, en 2023, les productions nationales des trois principales cultures ont atteint 118 300 tonnes pour l’aubergine ; 53 500 tonnes pour la tomate ; et 164 800 tonnes de gombo (ministère d’État, ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières).

Quant aux revenus générés mensuellement par ces produits maraîchers, on estime le gain d’un producteur à 20 000 FCFA en moyenne à Yamoussoukro ; à 60 000 FCFA (47 000 FCFA pour les détaillantes en saison pluvieuse) à Abidjan. Ces indications sont tirées d’une étude sur la rentabilité économique du maraîchage dans la commune de Boundiali publiée dans la Revue marocaine des sciences agronomiques et vétérinaires – agromaroc.com.

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