En 2023, le nombre de demandes de divorce enregistrées dans les différentes juridictions a atteint 2848 contre 2533 en 2022, selonl erapport d’analyse de l’annuaire statistique d’état civil de Côted’Ivoire (juin2024). Si toutes ces requêtes n’aboutissent pas forcément, on a enregistré, en moyenne, 250 divorces chaque mois dans le pays.
Les divorces, c’est une évidence, sont en hausse. Le nombre de divorces prononcés, par consentement ou par faute, est passé de 2 317 en 2022 à 3 197 en 2023, soit un taux d’accroissement de 38% sur 32 474 mariages civils célébrés en 2023. Cela représente une moyenne de 10 couples qui se séparent chaque jour.
On divorce plus à Abidjan qu’à l’intérieur
En ce qui concerne la répartition des demandes de divorces par juridiction, le tribunal de première instance d’Abidjan Plateau arrive en tête (1 720), suivi de celui de Yopougon (583). Abidjan, à elle seule, enregistre plus de 60% des demandes et des divorces prononcés dans le pays.
Les demandes de divorce par consentement mutuel (lorsque la requête est introduite par les deux conjoints) s’élèvent à 1 143, soit 40,1 % du total. L’analyse des requêtes individuelles (lorsque c’est un des conjoints qui demande le divorce) laisse apparaître le fait qu’il y a plus d’hommes qui souhaitent se séparer de leur épouse (907), alors que les femmes qui demandent à rompre officiellement les liens matrimoniaux étaient de 798 en 2023 selon des chiffres de l’annuaire d’état civil publié en juin 2024, consulté par Le Tamtam Parleur.
Les principales causes de divorce
Parmi les motifs de séparation, l’abandon du domicile et les violences conjugales se distinguent comme des causes prédominantes a partagé à Le Tamtam Parleur, une source indépendante proche du système judiciaire. L’abandon du domicile est considéré comme un signal d’alarme dans une relation. Ce phénomène peut découler de tensions accumulées, de désaccords persistants ou d’une volonté d’échapper à une situation insupportable au sein du foyer, poursuit la même source. M. Gbizié, âgé de 36 ans et en instance de divorce, après un an de mariage et deux ans de vie commune, nous a relaté son cas. « Après plusieurs nuits passées dehors et malgré mes nombreuses tentatives pour interpeller ma conjointe, ainsi que celles de nos proches, j’ai décidé d’intenter une procédure de divorce au tribunal pour abandon de domicile », confie-t-il. Pour lui, la vie de couple est de fait inexistante avec sa conjointe qui ne le considérait plus comme époux.
Dame Kobenan, le visage marqué par la tristesse, tient à la main un certificat de non-appel de la justice. Elle déclare : « Après 21 ans de mariage, mon conjoint est désormais mon ex, car cela fait 1 an 06 mois, qu’il a quitté le foyer pour se mettre en ménage avec une autre. Ce certificat, que je présente, me permet de demander une prise en charge pour nos trois enfants et de formaliser notre séparation définitive». Selon elle, les agissements de son époux sont constitutifs d’une cause de divorce, au regard de la loi.
Les violences conjugales représentent une autre cause majeure de divorce en Côte d’Ivoire. Selon notre source proche du système judiciaire, citée plus haut, autant les femmes déposent des plaintes pour coups et injures, autant des hommes en font pareillement. Mademoiselle Yéo, anciennement Madame Konaté, affirme avoir été victime de violences physiques et d’injures de la part de son époux, notamment lorsqu’il est sous l’effet de l’alcool. Cette situation l’a conduite à demander le divorce.
Concernant l’adultère, une autre cause de divorce, notre source judiciaire indique que « c’est une infraction beaucoup plus tolérée souvent parce que le phénomène n’est pas directement réprimé par la loi. Il s’en suit qu’une accusation d’adultère d’un des conjoints sert en réalité de prétexte pour sanctionner le mauvais comportement de son conjoint ».
Enfin, indique notre source, la condamnation d’un des époux pour des actes portant atteinte à l’honneur et à la dignité représente en moyenne la cause de divorce la moins fréquente estimée à 1 % des cas.
Les deux types de divorce légaux
D’après le code de la famille, le divorce par consentement mutuel permet aux couples de se séparer à l’amiable, facilitant ainsi la résolution des conflits et la gestion des aspects liés aux finances et aux droits et devoirs de chacun des parents, de manière collaborative. Le divorce par faute est quant à lui soumis à une procédure judiciaire qui reconnaît l’un des conjoints comme responsable de la rupture en raison de comportements jugés inacceptables, tels que l’infidélité, la violence conjugale ou l’abandon.
La loi, n °2022-793 du 13 octobre 2022, traite de la problématique du divorce dans tous ses aspects.