Selon le dernier rapport de l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2022 de l’ONG Transparency International, le 31 janvier, la Côte d‘Ivoire a gagné six places dans le classement de perception et elle a obtenu un point dans le rang, en passant de 36/100 à 37/100.
Ce bond qualitatif de la Côte d’Ivoire est le résultat des actions menées par l’Etat pour « bâtir une conscience nationale imprégnée des valeurs d’intégrité, d’équité, et d’un sens élevé de la responsabilité dans la conduite des affaires publiques ».
Ainsi, plusieurs institutions ont-elles été mises sur pied pour lutter contre la corruption. Au nombre de celles-ci figurent la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HABG). Créée en 2013, cette institution est chargée de la prévention et de la répression des actes de corruption et des infractions assimilées, la Cour des Comptes – créée en 2000 – et chargée principalement de juger la régularité des comptes publics, contrôler l’usage des fonds publics par les ordonnateurs, les entreprises publiques, la Sécurité sociale, les organismes privés bénéficiant d’une aide de l’État ou faisant appel à la générosité du public. Dans la même veine, le Pôle Pénal Economique et Financier (la chambre de jugement spécialisée en matière de criminalité financière) ainsi que l’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Criminels (AGRAC) ont été créées pour intensifier la lutte contre la corruption.
En plus de ces institutions, en avril 2021, le ministère de la Promotion de la Bonne Gouvernance, du Renforcement des Capacités et de la Lutte contre la Corruption a vu le jour pour renforcer la lutte contre la corruption. Ce département ministériel portera ensuite – entre autres initiatives – sur les fonts baptismaux le Système de Prévention et de Détection des Actes de Corruption et Infractions Assimilées (SPACIA) qui, de l’avis du ministre Zoro Épiphane Ballo, est « une contribution citoyenne contre la corruption qui traduit la ferme volonté du gouvernement d’enrayer ce phénomène ». La corruption fait en effet perdre à la Côte d’Ivoire la bagatelle de 1.300 milliards de FCFA chaque année, soit 4% du Produit intérieur brut (PIB), ce qui équivaut à près de trois fois l’aide publique au développement.
Entre autres actions entreprises par le ministère de Zoro Epiphane Ballo figure, l’ « opération coup de poing » menée dans les secteurs de la santé, de la justice, des transports et celui des forces de défense et de sécurité. Soixante-dix fonctionnaires et agents de l’Etat ont été épinglés à l’issue de 133 missions effectuées dans des services de l’administration ivoirienne, pour une tolérance zéro en matière de corruption, un fléau qui fragilise l’économie du pays.
L’amélioration du classement de la Côte d’Ivoire sur l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) de l’ONG Transparency International est la résultante de ces nombreuses et diverses mesures arrêtées depuis quelques années. Classée 105e sur 180 en matière de lutte contre la corruption, le pays fait partie de ceux qui ont vu leur score dans l’IPC progresser au cours des dix dernières années. D’un score de 36/100 en 2021, le pays ambitionne d’atteindre le score de 50/100 à l’horizon 2025.
Des résultats encourageants, mais…
Au regard de sa mission de prévention, le ministre de la Promotion de la Bonne Gouvernance et de la Lutte contre la Corruption a aussi mis en place un Programme National de Renforcement de Capacités des acteurs publics et privés. Baptisé « Moralis », ce programme national de formation vise la moralisation de la vie publique et se donne pour mission de sensibiliser les acteurs publics et privés aux valeurs de responsabilité, de redevabilité et de reddition des comptes. L’élaboration d’un Programme National de Formation fait suite à neuf ateliers de co-construction avec les acteurs publics et privés. Une phase pilote de l’implémentation de ce plan de formation a été réalisée en marge de la célébration de la Journée Internationale de Lutte contre la Corruption (JILC) 2022.
Tous les efforts de l’Etat ont été reconnus et encouragés par la communauté internationale avec la désignation, en novembre 2022, de la Côte d’Ivoire pour occuper la présidence de l’Académie Internationale Anti-Corruption (IACA) pour le mandat 2022-2023, lors de la 11e session de l’Assemblée des Parties de l’Académie Internationale Anti-Corruption (IACA) qui s’est tenue à Vienne, en Autriche. Cette institution créée le 2 septembre 2010, compte à ce jour 80 parties dont 76 Etats et quatre organisations internationales avec pour objectif, la promotion de la bonne gouvernance et la prévention et la lutte contre la corruption.
… il faut continuer la lutte
Certes quelques pas ont été faits dans le bon sens, mais il importe de maintenir la cadence pour repousser la corruption dans des proportions résiduelles, à défaut de l’éradiquer. Pour cette année 2023, l’Etat entend mettre en œuvre plusieurs projets majeurs. Ce sont, notamment, l’élaboration du décret d’obligation de mise en place de dispositifs de conformité anti-corruption dans les entités publiques et privées (Décret d’obligation de mise en conformité des entités publiques et privées conformément à l’Ordonnance N°2013-660 du 20 septembre 2013 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées). Il y également le décret de mise en place d’un Bureau National de Conformité, l’élaboration de la politique de protection des lanceurs d’alerte, la mise en place de l’indice national de gouvernance, etc.
L’IPC en quelques mots
L’Indice de Perception de la Corruption est devenu le principal indicateur, à l’échelle mondiale, de la corruption dans le secteur public. Il permet de classer 180 pays et territoires en fonction de ce critère, en utilisant des données provenant de 13 sources externes, dont celles de la Banque Mondiale, du Forum Économique Mondial, de la Banque Africaine de Développement, de sociétés privées de conseil et de gestion des risques, de groupes de réflexion et autres. Il évalue les pratiques des agents publics, les pots-de-vin, les passations de marchés publics et les détournements de fonds. Les scores attribués reflètent l’opinion d’experts et de personnalités du monde des affaires. Un score plus proche de 0 correspond à plus de corruption, un score plus proche de 100 à moins de corruption.
M’Bah Aboubakar