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lundi 7 octobre 2024
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Education nationale : Ecole privée ou publique, que choisir ?

Comme tous les ans, les parents d’élèves ont le choix entre inscrire leurs enfants dans les établissements publics ou privés. Une question qui se pose avec acuité, quand on scrute les résultats des meilleures écoles, publiés il y a peu par le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation.

Ecole publique ou privée pour ses enfants ? Cette question est devenue une ritournelle qui triture les méninges des parents d’élèves une fois les vacances scolaires achevées et que se pose le choix d’un établissement scolaire pour leurs progénitures. Cette année encore, après l’analyse du classement des meilleurs établissements scolaires par ordre de mérite après les examens du baccalauréat et du Brevet d’études du premier cycle (BEPC), la question revient avec acuité. Dans le Top 20 des meilleurs établissements, les écoles privées se taillent la part du lion.

Au baccalauréat, sur les 20 premiers meilleurs établissements, 15 sont privés et 5 publics. Au niveau du BEPC, 19 sont privés quand 1 seul du public se classe dans le Top 20.  Les établissements privés sont-ils meilleurs ? Offrent-ils, dans l’absolu, de meilleures conditions de travail aux élèves ? Sur la question, les avis des parents d’élèves sont partagés. 

Certains préfèrent les privés confessionnels…

Pour Alice Aké, comptable et parent de quatre élèves, le choix d’une école est dicté par plusieurs facteurs. « Pour ce qui est du primaire surtout, nous avons opté pour l’enseignement confessionnel catholique. Nous avons eu à expérimenter auparavant le public laïc, le privé laïc, mais n’avons pas été satisfaits », explique-t-elle. Elle ajoute avoir constaté que dans les établissements publics laïcs, les élèves ne vont plus correctement à l’école, à partir des congés de Pâques du fait des grèves intempestives. De plus, ajoute-t-elle, les frais additionnels imposés aux parents d’élèves sont un argument qui dessert ces établissements. « Les enseignants nous obligeaient à inscrire les enfants en cours du soir et leur donnaient des notes de complaisance », dénonce-t-elle. Pour dame Aké, ce qui intéresse les responsables d’établissements privés laïcs, « c’est juste leur argent ». « Si les maîtresses sont méchantes, si elles ne suivent pas correctement les enfants, ce n’est pas leur problème. Il faut juste payer leur argent. Quand l’enfant n’a pas une bonne moyenne, tant que le parent peut payer, l’enfant passe en classe supérieure, résultat des courses, la base est bâclée », se plaint-elle. Alice Aké pense que la solution reste l’enseignement confessionnel catholique. « Ils ont encore de la rigueur, quelques anciennes méthodes qui marchaient dans le temps qu’ils appliquent encore. Les enseignants sont rarement en grève, l’argent n’est pas forcément un frein. Quand on a des soucis, on le leur expose et on propose un échéancier de règlement. Ils sont à l’écoute des parents ; ils convoquent les parents quand l’enfant se comporte mal, disposent d’une infirmerie pour les premiers soins, mettent les enfants à l’aise », se satisfait-elle. Avant de se féliciter que son fils, inscrit au Cours préparatoire de première année (CP1), lise déjà bien.

…d’autres les écoles publiques

Pour cet autre parent d’élèves, Boblaï Pierre, Inspecteur pédagogique, ce sont les établissements publics qui dispensent les meilleurs enseignements. « Je choisis le public à cause du niveau des enseignants. Au niveau du privé, il faut faire la distinction entre le privé laïc et le privé confessionnel où il y a la rigueur et où les enseignants sont mieux traités », détaille-t-il, reconnaissant ensuite que les grèves intempestives, le déficit d’enseignants dans certains lycées publics et les effectifs pléthoriques dans les classes restent le seul inconvénient dans les écoles publiques. A l’en croire, les écoles privées sont en tête dans le classement des meilleures écoles parce qu’ils ont des effectifs réduits par classe. De plus, soutient-il, « il ne font pas souvent de grèves, ce qui leur permet d’achever les programmes ». Malgré ces bonnes raisons, tempère-t-il, « les établissements privés laïcs ont deux gros problèmes tels que le mode et le niveau de recrutement de leurs enseignants et le traitement salarial ». « Il m’est arrivé de faire sortir personnellement cinq professeurs des classes à cause de leurs niveaux et diplômes », explique l’Inspecteur pédagogique. Ensuite, indique-t-il, des établissements privés paient des professeurs à 40.000F FCFA. « Une somme largement en dessous de ce que prévoit la convention interprofessionnelle (environ 140.000F) », regrette-t-il.

Pour Mérimé Gboho, le choix d’un établissement scolaire ne relève pas de la qualité de l’enseignement, encore moins du statut de l’école. Seule compte pour lui la situation géographique de l’école, par rapport à son lieu d’habitation. « Avec la situation du pays qui était instable depuis longtemps, j’ai préféré la proximité. C’est-à-dire que je préfère inscrire les enfants non loin de la maison », explique-t-il.

Les conseils du spécialiste

Quels sont les critères pour le choix d’une école publique ou privée ? Pour Coulibaly Sié Souleymane Hassan, Conseiller d’orientation, cette question conduit à faire une comparaison entre la qualité de l’enseignement dans ces types d’établissements. « Dès lors, il ne nous sied pas en tant que spécialiste d’affirmer sans données statistiques vérifiables, la suprématie de l’un sur l’autre. Néanmoins, certains critères méritent d’être pris en compte dans le choix d’un établissement », fait-il remarquer. Avant d’ajouter que les parents doivent nécessairement se renseigner, avant d’opérer un quelconque choix, sur l’atmosphère de l’école (ambiance, bien-être en classe…), la qualité de la formation, la qualité de l’encadrement, le projet pédagogique de l’école, la réputation de l’établissement, la conformité aux valeurs familiales, la discipline, la qualité des infrastructures scolaires, la proximité du domicile…. Des éléments qui, de son point de vue, ne sont pas exhaustifs.

« Sans forcément entrer dans une logique de comparaison, le parent opère le choix au regard des informations qu’il détient », renseigne le Conseiller d’orientation. Pour qui la performance d’une école s’évalue, en réalité, au regard des résultats obtenus sur une période allant de trois à quatre ans, une période correspondant au nombre d’années normales que passe une cohorte dans un cycle. « Le choix d’un établissement d’affectation doit être présidé par des informations préalablement glanées par le parent. Cette attitude permet aux parents, dans le contexte actuel des affectations en ligne, de faire des choix judicieux et adaptés », conseille Coulibaly Souleymane.

Sandra KOHET

La réputation induit-elle la performance ?

Si elles peuvent se targuer d’avoir vu passer, sur leurs bancs, des élèves devenus plus tard de grands commis de l’Etat, des personnalités publiques très connues ou des administrateurs respectés, les écoles réputées – à l’exemple du Lycée Sainte Marie de Cocody, de l’Ecole Militaire Préparatoire Technique (EMPT) de Bingerville – sont de plus en plus talonnées, sur le boulevard de l’excellence, par d’autres établissements, moins réputés, certes, mais qui obtiennent des résultats plus que satisfaisants. A l’analyse du classement des établissements par ordre de mérite, établi par le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation après le bac et le BEPC 2022, l’on peut constater que les écoles les plus réputées sont souventes fois surclassées par d’autres. Au niveau du baccalauréat, par exemple, le célèbre Lycée Scientifique de Yamoussoukro (classé 1er avec 100% d’admis) est talonné par des établissements moins célèbres que l’on n’attendait pas à ce niveau de performance. Il faut attendre les 6ème et 7ème places pour voir le Lycée d’excellence Alassane Ouattara de Grand-Bassam et le Lycée Sainte Marie d’Abidjan se positionner. Pour le BEPC, ce sont les écoles moins réputées qui mènent la danse. Par exemple, Sainte Marie se classe à la 12ème place, là où le Lycée Scientifique de Yamoussoukro se retrouve à la 22ème place.

Comment expliquer cet état de fait ? Le Conseiller d’orientation Coulibaly Souleymane répond que « la performance d’une école s’évalue au regard des résultats obtenus sur une période allant de trois à quatre ans, une période qui correspond au nombre d’années normales que passe une cohorte dans un cycle ». Plus généralement, nuance-t-il, en ce qui concerne les performances des établissements, les comparaisons peuvent être faites en s’appuyant sur leurs statuts. Ainsi faut-il savoir que nous avons exclusivement au niveau des établissements publics trois catégories : les établissements d’excellence, les établissements à statut intermédiaire et les établissements à statut commun. Si l’ordre de leur énumération indique la suprématie des uns sur les autres, cet ordre ne peut être bouleversé que par les résultats obtenus au fil des ans et qui font qu’un établissement à statut intermédiaire peut accéder au titre envié d’établissement d’excellence.  

M’Bah Aboubakar

Meilleures écoles : Voici les secrets du succès

Les meilleures écoles n’ont pas d’autres secrets que la rigueur dans le travail, aussi bien au niveau des élèves eux-mêmes que des enseignants et des parents d’élèves. C’est ce qui ressort des échanges que nous avons eus avec les responsables de quelques meilleures écoles.

Classé 2ème (sur 3072) sur la liste des établissements scolaires ayant obtenu des bons résultats au BEPC session 2022, le Collège privé Ahmadou Kourouma de Bingerville a enregistré un taux de réussite de 100% contre 14,29% en 2021. Pour cette année, l’école qui existe depuis deux ans, avait présenté un seul candidat au BEPC. « Au départ, nous ne voulions pas d’élèves en classe d’examen. Mais nous avons fini par accepter ce seul candidat et il vient de nous honorer. Nous l’avons suivi dans chaque matière. Nous avons joué le rôle du maître de maison. Tout ceci accompagné de rigueur », a expliqué Delorme Kouassé, chargé de communication et  professeur de mathématiques au sein de l’établissement. A l’en croire, c’est la rigueur et le travail acharné qui justifie le résultat obtenu. Comme le Collège Ahmadou Kourouma, le Collège privé Saint Marcellin Champagnat de Bouaké, 23ème  sur la liste, au BEPC 2022, se distingue par sa rigueur pédagogique, mais aussi par sa rigueur religieuse. Selon Issiaka N’guessan, père de deux élèves inscrits au sein de cet établissement, tout enfant désireux d’y être est d’abord soumis à un test d’entrée qui  permet de « cerner le niveau de culture de l’enfant ». « Les enseignants du public sont d’avis que le modèle de formation du groupe scolaire est rigoureux dans le suivi des enfants.  Au collège, il n’y a pas de différence dans l’emploi du temps entre ceux de 6ème et ceux de la 3ème. C’est la même rigueur pour tous. L’accès à l’établissement est fixé à 7 heures 30 et la sortie est à 17 heures. Les parents sont impliqués dans le suivi des enfants, le corps enseignant sensibilisé pour un meilleur encadrement. Il faut aussi dire que le cadre de travail est harmonieux  et éloigne les enfants de pas mal de bêtises », témoigne Issiaka N’Guessan.

L’école des familles (écoles secondaires Makoré et Etimoé), initiative de l’Association Famille et Education, fonctionne différemment avec un système d’éducation différenciée. « Ce système permet de répondre aux exigences de chaque enfant et favorise son épanouissement total. Etimoé est l’école des filles. Makoré, l’école des garçons », lit-on sur le site Internet de l’Ecole des familles, sise à Bingerville. Pour y accéder,  les enfants sont également obligés de « réussir un test d’entrée ». A cela s’ajoute d’autres dispositions qui agrémentent la formation pédagogique, une fois le test d’entrée réussi. Il s’agit notamment de la formation humaine qui permet « de développer des  vertus telles que l’esprit de service, la ponctualité, etc », l’éducation personnalisée, pour « assurer le suivi individualisé de chaque élève.»

Ces établissements occupent successivement les rangs de 2ème (Makoré) et de 3ème (Etimoé) dans le classement des établissements par ordre de mérite au baccalauréat 2022, avec respectivement des scores de 100% sur 22 inscrits et admis pour Makoré et 9 inscrites et admises pour Etimoé. L’année dernière, l’Ecole secondaire Makoré avait enregistré un pourcentage de 91,67%, quand l’école secondaire Etimoé enregistrait 100% d’admis. Pour rappel, 2076 établissements figurent sur la liste du baccalauréat 2022 et 3072 établissements sur la liste du BEPC 2022.

Marina KOUAKOU

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