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lundi 7 octobre 2024
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Deux ans après sa mort : Ce que devient l’école de Rose Marie Guiraud

Après sa disparition, en 2020, l’Ecole de Danse et d’Echanges Culturels (EDEC) de Rose Marie Guiraud continue de fonctionner, sous la direction de son époux, Emmett McDonald.

Son nom « Guiraud » s’est, au fil du temps, imposé au quartier et au carrefour qui donne sur l’espace qu’elle a bâti : la Fondation Rose Marie Guiraud. Sis dans la commune de Cocody, cet organisme comprend l’Ecole de Danse et d’Echanges Culturels (EDEC), un département d’insertion sociale, un département d’actions sociales, une structure d’éducation de base, des salles de spectacles, une troupe artistique – les Guirivoires – et un département d’art monumental. Deux ans après la disparition de la fondatrice, l’institution refuse de sombrer dans l’oubli. L’objectif de ceux qui y sont restés est de pérenniser l’œuvre de Guiraud et de faire en sorte qu’elle traverse le temps.

Lorsque vous arrivez à la Fondation Rose Marie Guiraud, le roulement des tambours qui vous accueille vous confirme que ce lieu est dédié aux arts et à la culture. Sept cases rondes forment le village Gloéta (qui fait partie également de la Fondation). « Ils sont en train de préparer le spectacle du 10 septembre », nous informe notre guide. Cette date, ajoute-t-il, commémore la naissance de la grande actrice, chorégraphe, chanteuse, dramaturge et écrivaine qu’a été Rose Marie Guiraud, arrachée à l’affection des siens le 4 avril 2020.

La résidence dans laquelle est installé Emmett Mc Donald, l’époux de l’artiste disparue, accueille plusieurs tableaux et photos à l’effigie de l’ancienne directrice du département de danse, arts et tradition populaire de l’ex-Institut National des Arts (actuel Institut National des Arts et de l’Action Culturelle, INSAAC). Emmett Mc Donald assure, depuis lors, la présidence de la Fondation. « L’école existe toujours et pour la mémoire de ce qu’elle a fait, notre mission est de la préserver », fait-il savoir.

Des activités pour soutenir l’œuvre

Créée à but non lucratif en 1981, la Fondation Rose Marie Guiraud œuvre dans l’enseignement de la danse africaine, du théâtre, du chant, de la percussion et de la musique traditionnelle. La plupart des élèves qui habitent ladite Fondation proviennent de divers horizons sociaux. Ce sont, entre autres, des orphelins amoureux de la chose artistique et des jeunes en situation difficile, qui souhaitent s’initier à l’art. Pour subvenir aux besoins de l’institution, Emmett McDonald indique que sa défunte épouse a eu la prévoyance de structurer la Fondation, en y ajoutant des activités qui génèrent des revenus. « Avec les magasins aux alentours et les sollicitations pour les spectacles, la Fondation arrive à s’auto suffire », renseigne l’époux bienveillant. « Les activités, qui ont été à l’arrêt du fait du coronavirus, reprennent peu à peu. Nous avons des propositions, mais nous préférons nos créations pour nous pour l’instant », ajoute-t-il.

Malgré la disparition de la fondatrice, hier maîtresse des lieux, les habitudes des pensionnaires n’ont pas changé. Les répétitions se font tous les jours de la semaine, de 8h30 à 12h. Les repas sont préparés par les 120 pensionnaires de l’établissement.

Préservation de la chose culturelle

Actrice, chorégraphe, chanteuse, dramaturge et écrivaine, Rose Marie Guiraud a initié plusieurs jeunes africains à la danse. C’est un héritage qu’elle a laissé à plusieurs générations qui se sont succédée dans cet univers. Parmi eux, certains enseignants de danse et de théâtre dispersés dans le monde et d’autres ayant préféré rester à ‘’la maison” pour préserver ce joyau qu’elle a laissé. « C’était une battante. Avec elle, il ne fallait pas arrêter de travailler », se rappelle avec nostalgie Drissa Konaté, responsable du département artistique. Avec la formation qu’il a reçue, il a aujourd’hui plusieurs cordes à son arc. Il s’agit notamment de l’aptitude à la fabrication de tamtam, la maîtrise de la sculpture, de la décoration de salles de spectacles et de réceptions à l’africaine. Avec beaucoup d’émotion, Guéi Aude Candelle, chorégraphe professionnelle et responsable de la troupe Guirivoire,  un pur produit de cet établissement, s’épanche. L’artiste spécialisée en danse traditionnelle ivoirienne et africaine, ne garde que de bons souvenirs de sa défunte patronne. Avant d’ajouter que les préparatifs de la fête en hommage à celle qu’ils respectaient beaucoup « se passent bien. On essaie de taper aux portes en envoyant les cartes d’invitation à nos connaissances pour qu’elles sachent que la Fondation est toujours en place, après le départ de la maman », précise-t-elle.

L’amphithéâtre, toujours d’actualité

Vraisemblablement, le souvenir de Rose Marie Guiraud est toujours vivace dans les mémoires. S’ils se remettent peu à peu de cette perte, les responsables de la Fondation tiennent à entretenir l’héritage que cette dernière a laissé, avec abnégation. Mais la priorité est donnée à la construction de l’amphithéâtre de 1500 places – avec des studios d’enregistrement au sous-sol – qui réunira plusieurs acteurs culturels en un seul lieu. C’était le rêve de Rose Marie Guiraud, qui voulait voir défiler plusieurs acteurs culturels dans ce lieu.

Danseuse de talent,  Guiraud a été professeure de danse à l’ex-INA. Elle a été faite Officier de l’ordre du mérite culturel de Côte d’Ivoire, en 2012. Depuis 1973, elle participe activement à la vie culturelle et artistique de la Côte d’Ivoire. Auteur du livre autobiographique « La Survivante », publié chez FratMat éditions en 2018, Rose Marie Guiraud raconte comment elle a pu s’affranchir de tout complexe, de toute haine, à travers la danse qu’elle a commencé à exercer depuis l’âge de quatre ans. Malgré sa disparition, les pensionnaires de l’EDEC continuent de pérenniser l’œuvre qu’elle a entamée depuis plus de quarante ans.

Sandra KOHET

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