Avec une production nationale estimée à 600 000 tonnes et des revenus compris entre 69 et 105 milliards FCFA l’année, l’économie de la ferraille est très dynamique. D’après un recensement réalisé en 2022, l’Association des Ferrailleurs de Côte d’Ivoire (AFERCI) dénombre plus de 5000 magasins de ferraille pour plus de 17 000 artisans ferrailleurs.
En septembre 2023, l’Etat a interdit l’exportation de la ferraille afin de garantir l’approvisionnement adéquat des usines locales et permettre de faire tourner l’industrie métallurgique nationale. L’importante quantité de ferraille produite au plan national alimente donc une dizaine d’usines notamment des fonderies et des usines spécialisées dans le traitement de l’Aluminium dont entre autres : SOCIFAB, KING IVOIRE, Les ACIERIES CÔTE D’IVOIRE, SOTACI, etc. En effet, la suspension de l’exportation de la ferraille qui avait déjà été mise en vigueur sur la période 2013-2023, a permis de garder sur place 300 000 tonnes de ferraille par an qui prenaient la destination des pays de l’Europe, selon des statistiques de la Chambre de Commerce et d’Industrie française en Côte d’Ivoire- CCI France Côte d’Ivoire. Si la Côte d’Ivoire n’exporte plus de la ferraille, elle en importe cependant d’Europe et des pays de la sous-région. Diallo Aboubacar de l’AFERCI révèle ainsi que « c’est en moyenne 10 conteneurs de 20 et 40 pieds, de pièces détachées, qui sont déchargés à Abidjan, chaque jour ».
La ferraille, un levier économique
Le prix d’un kilogramme de ferraille, selon le président de l’AFERCI, varie entre 115 et 175 FCFA, soit 115 000 à 175 000 FCFA la tonne. Ce qui équivaut à une part du secteur de la ferraille dans l’économie qui s’évaluerait entre 69 et 105 milliards F CFA. La ferraille contribue à l’économie à trois niveaux : Les bâtiments et travaux publics à travers la production de métaux recyclés qui rendent moins coûteux les matériaux de construction tels que le fer à béton, les pointes, tôles, etc. ; le développement des unités industrielles locales permettant la fabrication des pièces de montage des machines agricoles ; et enfin la collecte, le tri et la vente de ferraille qui génèrent des revenus pour les milliers d’acteurs du secteur informel de cette filière, toute chose qui offre des emplois et réduit la pauvreté. Les 5 000 magasins recensés par l’AFERCI, peuvent employer chacun jusqu’à dix personnes, précise Diallo Aboubacar. Les sociétés telles que King Ivoire sarl et Fer Ivoire, spécialisées dans la fabrication et la vente de fer, emploient respectivement 2 000 et 3 000 personnes (sources : Go Africa Online et kingivoire.com).
Différentes origines et utilisations de la ferraille
Le secteur de la ferraille est animé par les ferrailleurs, les artisans métallurgistes et les casseurs de véhicules. Ces acteurs assurent la collecte, le recyclage des métaux mais également l’approvisionnement des unités industrielles. Les ferrailleurs vendent aux usines la partie de la ferraille dite morte, définitivement inusable. Cette ferraille morte se compose ainsi donc des pièces de véhicules jetées dans les domiciles et les garages ; des pièces détachées importées d’Europe et la ferraille en provenance des pays de la sous-région, explique à Le Tamtam Parleur Diallo Aboubacar, le président de l’AFERCI. Notre interlocuteur assure que la ferraille constituée à partir de ces trois origines est revendue directement ou après avoir été recyclée, sur le marché noir communément appelé « manding-lôgô ». Les pièces qui ne sont plus utilisables sont alors stockées pour devenir cette ferraille morte, la matière première destinée aux fonderies.