25 C
Abidjan
lundi 19 mai 2025
AccueilÉconomieCôte d’Ivoire /carburant: Des milliards pour protéger l’environnement

Côte d’Ivoire /carburant: Des milliards pour protéger l’environnement

L’Etat et les entreprises du secteur des hydrocarbures dépensent des milliards FCFA pour préserver l’environnement des polluants de l’énergie fossile. Dioxyde de carbone (CO₂), monoxyde de carbone (CO), oxydes d’azote (NOₓ) et particules fines, sont entre autres composants dont on tente de réduire les effets.

Les émissions de CO₂ de la Côte d’Ivoire en 2023 étaient estimées à 14,412 mégatonnes (countryeconomy.com). Et selon le Rapport National Climat 2024 du pays, entre 1990 et 2020, les émissions de Gaz à effet de serre (GES) ont été multipliées par cinq, passant de 10 306 Gg éq. CO₂ en 1990 à 51 535 Gg éq. CO₂ en 2020. Le rapport précise que le secteur de l’Energie viendrait en deuxième position, après l’agriculture avec une émission de 66 585,01 Eq-CO2 soit 25,77 %. 

En 2016, l’ONG suisse Public Eye a révélé, dans un rapport intitulé Dirty Diesel, que le carburant vendu en Côte d’Ivoire contenait des niveaux de soufre jusqu’à 378 fois supérieurs aux normes européennes, le qualifiant ainsi de « toxique ».  La Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) avait alors démenti la présence de carburant toxique sur le marché ivoirien. Elle avait affirmé que ses produits respectaient les normes en vigueur. Cependant, en décembre 2016, lors d’une réunion du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à Abuja, le gouvernement ivoirien s’était engagé à réduire la teneur en soufre du carburant à 50 parties par million (ppm) d’ici à juillet 2017, en réponse aux préoccupations soulevées par le rapport de Public Eye.

Ces polluants sont non seulement sources de maladies respiratoires et cardiovasculaires mais, par ailleurs, ils dégraderaient les eaux et les sols, en se déversant lors du transport ou du stockage, selon une étude de l’Agence Ivoirienne de Normalisation et l’ONUDI de 2018. 

L’action de l’Etat et des entreprises

L’Etat de Côte d’Ivoire a mis en œuvre un plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30,41% d’ici à 2030 (soit 37 millions de tonnes équivalent CO₂).  Par ailleurs, les autorités ont lancé un projet Transition Bas Carbone, d’un coût de 3,835 milliards F CFA. De nouvelles normes environnementales sont introduites dans le secteur des hydrocarbures, permettant de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de disposer d’un carburant sans plomb et d’un diesel à faible teneur en soufre. En 2024, pour le biocarburant, l’Etat a fabriqué 1500 L de biodiesel testés avec succès sur un autobus de la SOTRA.

De leur côté, les entreprises évoluant dans le secteur pétrolier et énergétique ivoirien adoptent diverses stratégies, comme l’utilisation des additifs, pour obtenir un carburant propre à impact environnemental réduit. Qu’il s’agisse de PETROCI, Vivo Energy Côte d’Ivoire (ex-Shell), Total Energies Côte d’Ivoire, Ivoire Win, Sara Petroleum et bien d’autres etc., des experts du secteur ont confié à Le Tamtam Parleur que ces compagnies développent des stratégies pour rendre leur carburant moins polluant. Outre, la conformité aux normes européennes prescrivant un diesel à faible teneur en soufre, les marqueteurs recourent à des systèmes de filtrage des gaz d’échappement réduisant les émissions et ont installé des dispositifs de prévention des déversements sur leurs sites. 

Le carburant additivé comme solution

Selon Khalil Coulibaly, Directeur commercial de Ivoire Win, l’entreprise dissout l’additif DS-600i dans les cuves afin de diminuer les émissions polluantes, les déchets énergétiques et la production de gaz et particules nocifs tels que le dioxyde de carbone (CO2). En outre, la société s’est dotée d’un système de micro filtration de son gasoil. « Nous avons installé une quarantaine de filtres FG-300 dans nos stations-services », explique-t-il. Cette technologie permet de réduire les polluants, d’éliminer les particules et l’eau dans le gasoil, avant la vente. Ces filtres ont coûté 60 millions FCFA et absorbent 10 millions annuellement pour leur maintenance. M. Coulibaly soutient par ailleurs que l’environnement est au cœur de leur activité. « Nous nous préparons déjà à la transition vers les énergies renouvelables », confie-t-il à Le Tamtam Parleur. L’entreprise a installé des bornes de recharges électriques d’un coût d’acquisition de 13 millions FCFA/ l’unité, pour une maintenance annuelle de 2 à 3 millions FCFA.  

Dr Durant Oboué, Expert environnementaliste, fait remarquer les efforts de la part du gouvernement de Côte d’Ivoire. Notre interlocuteur cite les plus grands projets de réduction de Gaz à effet de serre que sont la mise sur le marché des véhicules électriques par le concessionnaire MG et le BRT (Bus rapid transit) -d’un coût global de 379 milliards F CFA qui réduirait les émissions jusqu’à 1 207 400 t CO2e d’ici 2049 (Cf. Le Tamtam Parleur N°081). « Il s’agit d’une révolution du transport urbain 100% électrique », note Dr Oboué. Ajoutant que ces efforts sont encore moindres et mériteraient d’être renforcés.

Articles Similaires
spot_img

Articles Populaires

commentaires recents