Cinquième cancer – en termes d’incidence – en Côte d’Ivoire, le cancer colorectal fait des centaines de décès par an. En 2020, 701 personnes sont décédées de cette maladie, en Côte d’Ivoire.
Les chiffres divulgués par le Programme National de Lutte contre le Cancer (PNLCa) font froid dans le dos. Le cancer colorectal a tué, en 2020, 701 personnes en Côte d’Ivoire. Il s’agit, selon le PNLCa, du cinquième cancer, en termes d’incidence – le nombre de nouveaux cas observés sur une période donnée – avec 951 nouveaux cas enregistrés annuellement. Selon les chiffres du PNLCa, le cancer colorectal a un taux d’incidence – sur la période 2020 – de 8,2 cas pour une population de 100.000 hommes et de 7 cas pour 100.000 femmes. Son taux de mortalité est de 5,9 décès pour 100.000 malades. « Le cancer colorectal est un type de cancer qui affecte le côlon ou le rectum. Il se développe lorsque des cellules anormales dans l’une ou l’autre de ces zones deviennent incontrôlables », explique le PNLCa. « Sur le plan biologique, le cancer résulte de la survenue d’un dysfonctionnement, au niveau de certaines cellules de l’organisme. Celles-ci se mettent à se multiplier de manière anarchique et à proliférer, d’abord localement, puis dans le tissu avoisinant, puis à distance où elles forment des métastases », précise la même source
Des facteurs identifiés
Ce cancer, selon les spécialistes, se développe au dépens des cellules de la muqueuse (qui tapissent la paroi interne) du côlon ou du rectum, les dernières portions de l’intestin. Il s’agit d’une maladie multifactorielle. « Il existerait un risque génétique de développer la maladie : l’INCA estime que 10 à 15 % des cancers colorectaux se développent chez des personnes ayant des antécédents familiaux de ce même cancer », estiment les chercheurs de l’Institut National du Cancer (INCA) basé en France.
Certains facteurs de risque environnementaux sont aujourd’hui bien connus : alimentation (excès de viandes rouges), manque d’activité physique, surpoids, obésité, alcool et tabac augmenteraient significativement le risque de cancer colorectal. À ce titre, ils représentent un moyen de prévention facilement accessible : A contrario, des facteurs protecteurs ont été identifiés : activité physique quotidienne, alimentation riche en fibres et consommation de produits laitiers.
« Le cancer peut être lié à des facteurs génétiques. Des formes familiales existent pour des tumeurs rares mais aussi pour des tumeurs fréquentes comme le cancer du sein ou du côlon. Entre 5 et 10 % des cancers seraient directement hérités d’un parent. Aucune donnée dans ce sens n’est disponible dans notre pays », indiquent les chercheurs du PNLCa. Si le vieillissement est un autre facteur fondamental dans l’apparition du cancer, ils estiment que les progrès enregistrés dans la santé, la nutrition, le niveau d’instruction ont fait que l’espérance de vie a augmenté et que les personnes âgées sont plus nombreuses. « Ainsi, les problèmes de santé des personnes âgées se posent avec acuité en ce qui concerne les pathologies chroniques », font-ils remarquer.
Les symptômes du cancer colorectal
Les symptômes du cancer colorectal sont discrets, selon les explications des spécialistes de la maladie, et ne se révèlent que dans les phases plus avancées de la maladie. Ils peuvent inclure : des saignements dans les selles, une constipation ou une diarrhée soudaine et persistante, des douleurs abdominales, une masse palpable à l’abdomen, une perte de poids rapide, une grande fatigue.
Pour autant, un dépistage précoce améliore le pronostic qui permet de connaître le stade du cancer. Dans les pays développés les autorités de santé ont mis en place une politique de dépistage de la maladie, entre 50 ans et 74 ans. Il s’agit d’une technique qui fait la détection de traces de sang « occultes » (invisibles à l’œil nu) dans les selles. En cas de positivité, une coloscopie est proposée : il s’agit d’un examen du côlon par les voies naturelles, sous anesthésie, à l’aide d’une sonde munie d’une caméra. Une biopsie et une analyse en laboratoire des lésions détectées dans le côlon confirmeront le diagnostic.
La recherche donne des espoirs
Les recherches actuelles soulèvent de nombreux espoirs dans le monde. Toutes les étapes font l’objet de recherches : génétique, dépistage et diagnostic, traitement, prévision de l’évolution clinique et de la réponse aux traitements.
Ainsi, des équipes de spécialistes étudient actuellement des gènes et protéines qui pourraient apporter un bénéfice dans le dépistage et le diagnostic précoce des cancers colorectaux : un préalable essentiel pour améliorer la prise en charge des patients. En outre, d’autres chercheurs s’intéressent aussi aux mécanismes moléculaires au cœur de la formation et de la migration des métastases, au cours du cancer du côlon. Les travaux de ces chercheurs pourraient déboucher sur de nouvelles pistes pour mieux lutter contre le développement de ces métastases.
Des travaux récents suggèrent que le microbiote intestinal aurait un impact sur la pathologie. Plusieurs études s’accordent en effet à dire que certaines des bactéries naturellement présentes au niveau du côlon pourraient favoriser le développement du cancer. Les équipes explorent ainsi l’impact que pourrait avoir une modulation de l’activité de certaines bactéries du côlon sur la progression du cancer et sur son issue. La mise au point de nouvelles thérapies dites ciblées fait aussi l’objet de l’intérêt des chercheurs : il s’agit de cibler des caractéristiques très précises des cellules tumorales en vue de les détruire préférentiellement. L’immunothérapie est aussi une voie de traitement à l’étude qui pourrait être appliquée à certains cancers colorectaux. Cette stratégie repose sur l’utilisation de traitements qui modulent l’activité du système immunitaire afin qu’il puisse combattre les cellules cancéreuses.
M’Bah Aboubakar