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dimanche 27 octobre 2024
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Accidents de la route : Que fait l’Etat ?

Le drame survenu le 5 janvier, à l’entrée de Yamoussoukro, a remis sur le tapis les statistiques alarmantes des accidents de la route qui continuent d’endeuiller de nombreuses familles.

Face à la presse, le 17 janvier, pour aborder la question de la sécurité routière, le directeur de la Coordination des Transports terrestres et des Relations extérieures de la Direction générale des Transports terrestres et de la Circulation (DGTTC) au ministère des Transports, Étienne Kouakou, a décliné les sept axes de la SNSR. Il s’agit de l’amélioration du cadre institutionnel de gestion et de coordination de la sécurité routière, de la protection des usagers vulnérables, de l’atteinte d’une mobilité sûre dans les zones urbaines, de la réduction de l’accidentalité des axes interurbains, de l’amélioration des comportements des conducteurs, de l’amélioration de la sécurité des transports en commun et de marchandises, et de l’amélioration de la prise en charge des victimes d’accidents.

Autant d’actions pour réduire les accidents de la route à de simples accidents matériels. Étienne Kouakou s’est félicité de la tendance baissière du nombre de tués sur les routes ivoiriennes dont le chiffre est passé de « 1.500 tués par an entre 2012 et 2019 à 1.050 tués par an à fin décembre 2022 ». Selon lui, des actions ont été entreprises pour assurer la sécurité des usagers : des formations, des campagnes de sensibilisation des usagers au respect des règles de la circulation routière, la répression des contrevenants et la sécurité des véhicules.

Pour Etienne Kouakou, « la Stratégie nationale de la sécurité routière (SNSR) 2021-2025 va aider à la réduction des accidents dont la plupart sont dus à l’incivisme et à l’indiscipline des conducteurs », les actions combinées de sensibilisation et de répression régulières étant, de son point de vue, « les véritables moyens d’éradiquer les comportements inciviques sur nos routes et d’atteindre les objectifs ».Au niveau de la vidéo-verbalisation, Étienne Kouakou a révélé que plus de 9,3 millions de cas ont été enregistrés, depuis l’entrée en vigueur de la mesure en 2021, avant de déplorer que, 95% des accidents soient dus à l’homme et 6% imputables aux mauvais états des véhicules et des routes. Le directeur de la Coordination des transports terrestres et des relations extérieures du ministère des Transports, qui a appelé à mettre fin à « l’incivisme routier », a indiqué que l’atteinte des objectifs nécessite un engagement citoyen de tous les usagers de la route, à travers « des comportements sécuritaires, coopératifs et responsables ».

Dispositifs en place

En attendant que l’impact réel de la Stratégie Nationale de la Sécurité Routière ne se fasse sentir, notons que compte tenu de la recrudescence des actes d’incivisme et des accidents corporels et mortels, le gouvernement a mis en place un dispositif sécuritaire pour ramener à des proportions acceptables les accidents de la route. Un dispositif piloté par le ministère des Transports en liaison avec d’autres départements ministériels. Il s’agit notamment de la mise en place d’un dispositif réglementaire en vue de faciliter le travail de répression des agents en charge de la question. Dans le même ordre d’idées, la Commission spéciale de suspension et de retrait de permis de conduire a été réactivée. A ce jour, cette commission qui siège mensuellement a retiré près de 1500 permis aux mauvais conducteurs.

En outre, une nouvelle unité de forces de l’ordre, la Police Spéciale de la Sécurité Routière (PSSR) a été portée sur les fonts baptismaux depuis 2019. Elle abat, selon le ministère des Transports, un travail remarquable à travers l’interpellation des chauffeurs indélicats et les chauffeurs ivres. En septembre 2022 par exemple, la PSSR a enregistré plus de 9.000 infractions au code de la route.

D’autres mesures comme l’activation du Conseil National de la sécurité routière, la dotation de la Police Nationale et de la Gendarmerie Nationale de moyens de répression ont été arrêtées pour lutter contre les accidents de la circulation. Sans oublier la mise en place de la vidéo-verbalisation qui, au vu des résultats « satisfaisants » obtenus dans le district d’Abidjan, est en train d’être déployée progressivement à l’intérieur du pays. Citons également la Création du Bureau d’Enquête des Accidents (BEA) qui situe les responsabilités à travers un certain nombre de recommandations dans la perspective de trouver une solution durable à la question des accidents de la route, ainsi que le déploiement de la Stratégie Nationale de la Sécurité Routière (SNSR) qui vise à réduire les accidents de 50 % comme le recommande l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Epineuse question

C’est la survenue, le 5 janvier 2023, d’un accident mortel à l’entrée de Yamoussoukro, qui a remis l’épineuse question de la sécurité routière sur le tapis. Après la collision mortelle – qui a fait 14 personnes décédées dont 5 hommes et 9 femmes – le ministre des Transports prenait les mesures conservatoires administratives fortes. La suspension pour trois mois des autorisations de transports de tous les véhicules de l’entreprise propriétaire de l’autocar ayant quitté sa voie pour venir percuter un autre autocar. Une décision qui s’appuie sur l’Article 17 du décret numéro 2015- 269 du 22 avril 2015 déterminant les conditions d’accès à la profession de transporteur et d’exercice de l’activité de transport. De même, l’obligation est faite à tous les chauffeurs de l’entreprise en question de passer le Certificat d’Aptitude de Conducteur Routier (CACR), selon les dispositions de l’Article 138 du décret numéro 2016- 864 du 03 novembre 2016 portant réglementation de l’usage des voies routières ouvertes à la circulation publique.

De même et pour s’assurer que les victimes de cet accident soient effectivement dédommagées, le ministère a saisi les compagnies d’assurance ayant assuré les deux véhicules. Instruction a également été donnée au Bureau Enquête Accident (BEA) du Ministère des Transports, à l’effet de mener l’enquête technique et administrative pour faire toute la lumière sur cet accident et situer les responsabilités.

Pour finir, les responsables des deux sociétés de transport impliquées dans l’accident seront entendus par les autorités policières et judiciaires, car leurs responsabilités sont engagées, au terme de la note circulaire du ministre de la Justice n° 003/MJDH/CAB du 10 août 2022 relative à la mise en œuvre de la loi numéro 2021- 413 du 13 août 2021 modifiant la loi numéro 63- 527 du 26 décembre 1963 portant fixation des peines applicables à certaines infractions commises en matière de police de la circulation.

En attendant, le BEA continue ses travaux pour faire la lumière sur les circonstances réelles de l’accident, d’établir les causes directes et tous les facteurs contributifs et / ou aggravants de cet accident.

M’Bah Aboubakar

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