Les Maladies Tropicales Négligées (MTN) constituent un groupe diversifié de vingt affections. Ces pathologies sévissent principalement dans les zones tropicalesoù elles touchent plus d’un milliard de personnes.
Les Maladies Tropicales Négligées (MTN) sont dues à divers agents pathogènes : virus, bactéries, parasites, champignons et toxines. Ces maladies ont des conséquences sanitaires, sociales et économiques désastreuses surplus d’un milliard de personnes dans le monde, à en croire l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Selon l’institution onusienne, les MTN constituent un groupe diversifié de vingt affections qui sévissent principalement dans les zones tropicales, au sein des communautés les plus pauvres.Leur épidémiologie est complexe et souvent liée aux conditions environnementales. Nombre deces maladies sont transmises par des vecteurs provenant de réservoirs animaux et elles sont associées à des cycles de vie complexes. Tous ces facteurs rendent la lutte contre ces maladies difficile, en termes de santé publique.
Quelles sont-elles ?
Selon la classification de l’OMS, ces maladies sont : l’ulcère de Buruli, la maladie de Chagas, la dengue et le chikungunya, la dracunculose, l’échinococcose, les trématodoses d’origine alimentaire, la trypanosomiase humaine africaine, la leishmaniose, la lèpre, la filariose lymphatique, la mycétome, la chromoblastomycose et autres mycoses profondes, l’onchocercose. À cela, il faut ajouter la rage, la gale et autres ectoparasitoses, la schistosomiase, les géo-helminthiases, l’envenimation par morsures de serpent, la taeniasis / cysticercose, le trachome et le pian. Selon le Programme National de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées (PNLMTN), la Côte d’Ivoire subit le lourd fardeau de dix MTN endémiques qui peuvent être classées en deux groupes :Les MTN à Chimiothérapie Préventive (onchocercose, filariose lymphatique, schistosomiase, géo-helminthiases, trachome) et les MTN à Prise en Charge par Cas (trypanosomiase humaine africaine, ulcère de Buruli, lèpre, dracunculose, pian). Pour Dr Goudou Raymonde Coffie, ancienne ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, « ces maladies ont une évolution pernicieuse au sein des populations les plus vulnérables, entrainant des souffrances chroniques, des incapacités graves, et mettant en jeu le pronostic vital. Leurs conséquences humaines et socio-économiques pèsent lourdement sur le développement ».
Pourquoi sont-elles « négligées » ?
« Elles sont qualifiées de ‘’négligés’’ car elles ne sont pratiquement pas prises en compte dans l’action mondiale en faveur de la santé. Même aujourd’hui, alors que l’on met l’accent sur la couverture sanitaire universelle, les Maladies Tropicales Négligées bénéficient de ressources très limitées et sont presque toutes ignorées par les organismes de financement mondiaux », fait remarquer l’OMS. Elle ajoute que les MTN touchent des populations négligées et entretiennent un cycle de mauvais résultats scolaires et de perspectives professionnelles limitées. Elles sont, en outre, associées à la stigmatisation et à l’exclusion sociale.
Pour Dr Goudou Raymonde Coffie, les Maladies Tropicales Négligées sont des affections liées essentiellement au manque d’assainissement et d’eau salubre. « Elles affectent, principalement, de manière constante et grave, les communautés les plus pauvres et les plus marginalisées au monde », constate-t-elle. Selon le Directeur Général de l’OMS, Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, « les MTN sont des maladies évitables et curables qui affectent 1,5 milliard de personnes, dont 40 % vivent en Afrique ». « Ces maladies défigurent et provoquent des handicaps, empêchent les enfants d’aller à l’école et les parents de travailler – limitant leur potentiel et laissant les habitants prisonniers de la pauvreté », ajoute-t-il.
Définie dans le Plan DirecteurNational de Lutte contre les MaladiesTropicalesNégligées 2016-2020, la politique de lutte contre les MTN est articulée autour de six programmes spécifiques dont les trois premiers sont: le Programme National d’Elimination de la Trypanosomiase Humaine Africaine (PNETHA), le Programme National d’Elimination de la Lèpre (PNEL), le Programme National de Lutte contre l’Ulcère de Buruli (PNLUB). À cela s’ajoute les trois derniers que sont le Programme National d’Eradication du Ver de Guinée, Eau et Assainissement (PNEVG/EA), le Programme National de Lutte contre la Schistosomiase, les Géo-Helminthiases et la Filariose Lymphatique (PNLSGF) et le Programme National de la Santé oculaire et de la Lutte contre l’Onchocercose (PNSO-LO).
Les recommandations de l’OMS
Pour prévenir et combattre ces MTN, l’OMS recommande cinq stratégies de santé publique. Ce sont : la chimio prévention, la prise en charge intensifiée des cas, la lutte anti vectorielle (c’est-à-dire la lutte contre le vecteur de la maladie), la garantie d’une eau sans risque sanitaire, l’assainissement et l’hygiène et la mise en œuvre de mesure de santé publique vétérinaire. « La lutte contre les MTN devra également être planifiée en tenant compte de plusieurs autres facteurs et déterminants émergeants : notamment les migrations transfrontalières, l’urbanisation non contrôlée, les déplacements des animaux d’élevage et des vecteurs, la dégradation de l’environnement et les changements climatiques qui favorisent l’éclosion, l’émergence ou la propagation de nouvelles », recommande le patron de l’OMS.
M’Bah Aboubakar