En général, les vacances scolaires sont des périodes qui riment avec repos et oisiveté. Ce n’est pas le cas, chez les élèves et étudiants qui mettent plutôt ce temps à profit pour aider leurs parents.
À la faveur des vacances scolaires, les élèves et étudiants occupent diversement leur temps. Nombreux sont ceux qui pratiquent de petits boulots pour avoir des revenus, en vue de préparer la prochaine rentrée des classes. Les vacanciers issus de familles nanties, eux, exercent des activités, durant ce temps de repos, pour éviter de toujours tendre la main aux parents. C’est, du moins, ce que nous a confié N’Goran Ahou Enna Marie-Estelle, 23 ans, étudiante en deuxième année de Ressources Humaines et Communication. Elle travaille pendant les vacances, en tant que caissière, pour le compte de M. Ali Ben Hamed, propriétaire d’une grande librairie, dans la commune d’Adjamé. «Je suis fière de faire ce travail, pendant les vacances scolaires. Je le fais depuis la classe de Terminale et ce que je gagne me permet de payer une partie de ma scolarité, d’acheter mes documents. », témoigne-t-elle. Yéo Sara lui emboîte le pas. L’apprenante de 16 ans, en classe de 2nde , travaille plutôt, pendant les vacances, en vue de passer le temps. Elle vend en ligne des articles féminins. «Je veux apprendre à me sortir de certaines situations, être financièrement autonome et ne pas toujours demander l’argent. Nous mangeons à notre faim et mes parents n’ont aucune difficulté à s’occuper de mes frères et moi », assure l’élève.
Ces vacanciers qui soulagent leurs parents
Contrairement à Estelle et Sara qui ne sont pas forcément dans l’obligation de travailler pendant les vacances, Romaric Adouby, 24 ans, étudiant en deuxième année de comptabilité, n’a pas d’autres choix. En effet, il travaille pendant les vacances, depuis le décès de son père, en 2013. « Voyant les difficultés qu’éprouve ma mère à assurer la scolarité de mes frères et moi, j’ai accepté sa proposition de vendre du garba (Ndlr : nourriture à base de semoule de manioc), pendant les vacances scolaires pour l’aider », se confie-t-il. « J’ai commencé la commercialisation du garba, malgré les moqueries de mes amis du quartier et cet argent m’a permis de payer mes cours, de la 4ème à la 2nde. A partir de la classe de 1ère, je me suis habitué à cette indépendance et je fais plusieurs activités telles que gérer les cabines téléphoniques et la cordonnerie. Aujourd’hui, je me sens bien dans ces petites activités, en dehors de l’école et je suis fier d’avoir aidé ma mère jusqu’à présent », ajoute le jeune homme.
Des psychologues donnent leurs avis
Selon Kokounseu Madé Benson, inspecteur pédagogique de l’
Enseignement secondaire, la pauvreté des parents ne doit pas influer sur les activités que mènent leurs enfants. Il faudrait que cela s’inscrive dans un but de les occuper et aussi un moment d’apprentissage des réalités de la vie et non une mesure d’accompagnement financier des parents. « Les élèves peuvent travailler pendant les vacances. Ce n’est pas mauvais en soi, mais il faut que ce travail leur apprenne quelque chose. Ils ne doivent pas s’épuiser pendant les vacances mais plutôt retenir quelque chose qui leur sera profitable aussi bien pour leurs études que pour la vie », conseille-t-il. « Les enfants peuvent s’asseoir dans des endroits précis pour surveiller ou commercialiser de la marchandise, au lieu d’être livrés à eux-mêmes, dans les rues de la ville », recommandé, pour sa part, Kouamé Aline Eveline, docteur en Psychologie cognitive et développementale. Au total, il ressort de leurs conseils avisés que les activités des vacanciers doivent leur servir de moyen pour embrasser les défis de demain.
Fanta FOFANA (stagiaire)