Prêtre catholique de la Société des Missions Africaines (SMA), Père Donald Zagoré dit son désarroi quant à la course aux buzz sur les réseaux sociaux. Une situation qui abrutit la jeunesse ivoirienne et l’éloigne de l’essentiel.
Le célèbre philosophe allemand Hegel écrit dans la préface de son livre « La phénoménologie de l’esprit » que « la facilité avec laquelle l’Esprit s’épanouit, on peut déjà mesurer l’étendue de sa perte ». Notre jeunesse ivoirienne, nourrie aux mamelles du buzz, s’est faite prisonnière d’une culture du futile, de l’inutile, de l’oiseux, le tout éreinté par une politique de la distraction dont l’objectif fondamental est de l’abêtir. Et c’est effectivement là que se trouve tout le drame de la jeunesse ivoirienne.
La vérité est que la politique de la distraction, portée aujourd’hui en flambeau par nos médias à travers l’affreux culte du buzz, consiste fondamentalement à détourner l’attention de la jeunesse des problèmes réels, importants et sérieux, et des décisions prises par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge, à une submersion, continuel de distractions et d’informations sans signification ni intérêt.
Cette stratégie politique de la distraction est également importante pour empêcher la jeunesse de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie et même de la politique, raison pour laquelle, l’école a été vidée de sa substance. Il s’agit de garder la jeunesse occupée à des frivolités, pour ne pas avoir à lui donner le temps de penser, de réfléchir, de questionner et surtout de décider. Et pourquoi cela ?
La réponse est toute simple, aujourd’hui avec le poids que représente la jeunesse, avoir une jeunesse cultivée, critique, émancipée serait un danger pour les intérêts de tous ces mafieux qui vivent grâce à la déchéance morale et intellectuelle des autres. Pour cela, il faut détruire cette jeunesse. Il faut la déposséder de son arme la plus puissante : sa capacité de réfléchir.
Le mal est trop profond. Il faudrait que la jeunesse ivoirienne arrive à cette prise de conscience véritable pour se libérer de toutes ces chaînes de servitudes. Il n’y a aucun salut dans cette culture du buzz. Il faut un retour radical à ce qui donne sens et consistance à l’existence : la capacité de réfléchir, de penser par soi-même.
P. Donald ZAGORE, SMA
